mardi 11 janvier 2011

Cambodge... Les voeux.


Il faut que je vous raconte comment j’ai collecté les vœux avant de partir au Cambodge

Quand j’ai l’occasion d’aller à l’étranger, de visiter de belles églises, de superbes mosquées (pour les temples, les synagogues, c’est plus difficile, ces lieux sont toujours fermés quand je passe), j’adore déposer des vœux.

Quand c’est possible, j’allume une petite bougie. Le rituel de la flamme confère à ce moment «un petit peu d’art en plus».

Vous comprenez mieux la nécessité de la préparation, j’ai rempli avant de partir mon petit carnet «spécial vœux». Pour le Cambodge, je sentais bien que ça allait être grand, et beau.


L’idée m’en était venue à Padoue, il y a quelques années, j’avais été très impressionnée par l'imposante beauté de l’église Saint-Antoine… Il y avait un monde incroyable qui circulait pieusement, les reliques de Saint-Antoine faisaient l’objet de dévotions particulières, les gens attendaient sagement, en faisant la queue, pour déposer un petit papier de vœux dans la châsse qui abritait le corps du Saint. En passant ils faisaient une petite caresse sur le bronze, à certains endroits le métal brillait comme de l’or.

L’amie avec laquelle j’étais m’a dit, comme une confidence : fais un vœu et glisse-le à Saint-Antoine… Ça va marcher. J’ai donc bien réfléchi, je suis allée au plus urgent et j’ai écrit ce que je voulais sur un petit papier qui était à notre disposition. Vraiment pratique.

Quand je suis passée devant le tombeau du Saint, j’ai glissé le papier dans la petite fente prévue à cet effet, avec beaucoup de conviction. Je n’ai pas fait la petite caresse sur le bronze, car je ne crois en rien.

J’ai trouvé tout ça si beau et si amusant, de demander aux Saints des faveurs importantes, que je me suis dit : dorénavant, je ne pars jamais sans des vœux.

Tous les mécréants que je connais m’ont fait leur liste personnelle : réussite, longue vie, bonheur, succès, prospérité, santé, jeunesse éternelle… Et je ne peux pas tout vous révéler.

Quel bonheur d’aller porter les bonnes paroles de mes proches devant les beautés du monde, les grands lieux de pèlerinages, où la ferveur est véritable, authentique, je mets toutes les chances de mon côté, pour faire exaucer leurs souhaits.

J’emporte donc avec moi les désirs intimes de tous mes athées, un peu comme cette demande que nous faisons, même sans y croire, à l'ami qui va tirer les cartes, la foi revient petit à petit quand le destin nous sourit. Il y a des lieux magiques où l'espérance est permise, surtout quand on est la plus sceptique du monde… On ne sait jamais. Je mets dans mes bagages le poids léger des rêves, des illusions, des pieux mensonges...



Quand je suis arrivée au Cambodge, j’ai sorti le petit carnet, j’avais tellement d’espérances à porter, et je ne les avais pas toutes apprises par cœur. Il fallait que je révise, que je détermine l’ordre de passage, je n’ai pas fait toutes les demandes le premier jour.


Dans la première pagode visitée, je me suis faite bénir, par l’achar (Ce sont des laïcs, les Achar, et non les moines qui animent la vie religieuse dans les pagodes) il m’a pris la main droite, et avec un petit fouet végétal qu'il a trempé dans un bol rempli d'eau et de pétales, m'a aspergée, il m'a fait comprendre que je devais mouiller également mon visage avec cette main, puis, pour parachever l'oeuvre, il m'a noué au poignet un petit bracelet de laine rouge (que je garde encore aujourd'hui) tout était réuni pour que mes futurs exaucés soient contents. Il y avait de l'or sur Bouddha, des couleurs et des odeurs si subtiles, je me suis dit, ça ne peut pas rater, c'est là qu'il faut agir, j'ai déposé un bâton d'encens près des lumières et j'ai récité mon petit carnet avec le nom de chacun, dans la boîte transparente aux pieds de la statue, j'ai glissé un petit billet en monnaie du pays... On ne sait jamais.

Comme dans toutes les églises du monde, les pagodes ont chacune leur personnalité, leur histoire, les peintures, les décors, les accumulations d'offrandes, nous offrent à chaque fois un spectacle différent, la foi, la piété, sont toujours émouvantes dans tous les lieux de prières.

11 commentaires:

Aloïs a dit…

Quelle belle entrée en matière.
De jolies paroles et déjà de jolies photos .
Oui la foi et la piété même pour les mécréants je pense sont toujours émouvantes.
Un de mes amis qui n'est pas croyant m'a confié être bouleversé lorsqu'il est arrivé et Saint Jacques de Compostelle et qu'il a assisté à la messe des pèlerins.
Ton histoire me fait penser à une autre qui a moins de classe,une de mes amies glissait quelques billets dans un tronc de St Antoine,un paquet conséquent de billets de banque,et avait un peu de mal,le sacristain lui est tombé dessus pensant qu'elle pillait le tronc!!

Michelaise a dit…

J'aime cette façon d'emporter avec soi un peu (pas peu d'ailleurs, car les rêves, les désirs, les attentes c'est hyper important) de ses amis et proches et de les faire parcitiper ainsi à nos émerveillements et découvertes. Cette façon de partager, active et palpable est merveilleuse. Quant à la foi qui (nous) anime lors de ce genre de démarche, c'est une foi plus vaste que la simple foi religieuse : une foi en l'avenir, en la vie, en l'espérance ! et quoi de plus important à diffuser ! Bravo Danielle pour cette idée que je trouve géniale (pardon, le mot est galvaudé mais bon, on se comprend quand même). A copier !!!
Aloïs, même simplement arriver à Rocamadour par le chemin, simplement après 2 ou 3 jours de marche, ça change l'approche, le regard et le coeur : l'effort, le but, l'attente de l'arrivée, la souffrance de la route, cela donne plus de relief ! Alors saint jacques, (qu'il est de meilleur ton de "faire" quand on est mécréant que quand on est croyant), c'est forcément "prenant" !!

Danielle a dit…

Oui, Françoice, j'ai déjà entendu parler de l'émotion des mécréants lors de la messe d'arrivée à St Jacques de Compostelle...

Quelle histoire drôle celle de ton amie (elle avait donc d'énormes choses à se faire pardonner:-)))

Merci d'être là Françoise.

Danielle a dit…

Michelaise, pille vole, copie l'idée des voeux, tu verras les endroits les plus beaux seront mille fois plus touchants avec eux.

En rentrant tu pourras leur raconter dans quels endroits merveilleux tu as laissé leurs paroles...

Bien sûr, la marche, donc la lenteur, permet de rester à la traîne et de s'en mettre plein les yeux et le coeur...

Traînons, traînons, il en restera toujours quelques choses de plus :-)))

Michelaise à tout bientôt.

D'Art en Arts a dit…

J'adore les voeux des athées, la non croyante que je suis en fait toujours...
C'est gentil d'avoir emporté avec toi les voeux de tous ceux que tu aimes...
Bises, Danielle.
Norma

Danielle a dit…

Bravo Norma, femme de voeux comme moi...

C'est émouvant de prendre note des voeux des athées, comme des paroles d'amour jetées à tous vents.

J'adore.

Merci Norma, bises du soir.

Marie-Josée a dit…

En plus de raconter l'histoire des gens que tu côtoies, tu transportes leurs voeux dans ta besace! Voilà de bien jolies missions qui engendrent, de surcroît, des plaisirs de lecture!

Danielle a dit…

Merci Felice, tu as raison une bien belle mission, et si tu y trouves le plaisir de la lecture alors-là, j'en suis très émue.

A tout bientôt de te lire.

Enitram a dit…

Des voeux jetés comme cela au vent dans ces paysages et ces endroits de recueillement racontés par toi sont de véritables espoirs ! Espoir en la vie, notre précieux trésor, que l'on soit croyant ou pas !
J'aime ta dernière photo qui est pleine de poésie et de beauté !
Bonne soirée Danielle !

Danielle a dit…

Merci Enitram de ta lecture, tu as raison les espoirs de la vie comme tous, j'aime bien demander ça.

Pour la dernière photo, j'avais vu un grand espace d'eau recouvert de lotus, c'était si beau !

Bonne journée à toi Enitram.

Chic a dit…

Grandiose !