vendredi 29 avril 2011

Mes toiles…Pina, de Wim Wenders… Tomboy, de Céline Sciamma


Pina :

Je vous préviens le film est en 3D, il faut des lunettes, ça tombe bien, j'ai fait comme les stars, j'ai caché mes larmes derrière… Wim Wenders a réalisé un film magnifique, un hommage sensible, beau, grave, qu’on a envie de se repasser en boucle, Pina et Wim : deux grands artistes.

Avec le miracle de la 3D, les danseurs sont proches, presque en chair et en os, la scène est sur l'écran, celle du Tanztheater Wuppertal, celle où Pina a travaillé durant 35 ans, c'est superbe. Dès le début du film l'émotion me submerge, le grand frisson, cette chorégraphe m'a toujours touchée, j'ai eu la grande chance de voir ses ballets au Théâtre de la Ville, plusieurs fois, avec bonheur.

Les danseurs sont presque toujours habillés en costumes de ville, les femmes avec de longues robes satinées, lumineuses, près du corps, talons hauts, les hommes dans d'élégants costumes.

Les rencontres des hommes et des femmes, heureuses, pathétiques, douces ou violentes, voilà l'univers de création de Pina, perpétuellement renouvelé.

Les mouvements d'ensemble accompagnent la musique, le bruit des talons et des chaussures s'ajoute comme des percussions, les grandes arabesques, les petits déplacements, les répétitions de postures font partie du vocabulaire chorégraphique de Pina, je les attends à chaque fois avec bonheur... Comment peut-elle inventer ça, quelle richesse, quel enchantement ?

Wim Wenders a saisi l'expression de chaque danseur… Chacun parle de sa Pina, et tous dansent de larges extraits des ballets connus comme Le Sacre du Printemps, Café Müller… La 3D nous permet d'être à l'intérieur du ballet, de révéler l’intensité des petits pas, des gestes minuscules, d'être au plus près des visages et des corps. Le cinéaste a aussi transporté les danseurs hors du théâtre, dans des lieux urbains, le train, les usines, les places, la campagne, des séquences époustouflantes. Ce procédé accentue la profondeur de champ, en donnant une énorme présence à tous les ballets.

2009, déjà 2 ans sans elle, merci Wim pour votre film magnifique et bouleversant.

Si vous allez voir Pina, préparez-vous à éprouver un choc de grâce, de joie et de chagrin…


Tomboy :

Pour une fois je suis à 100% d’accord avec Télérama, ce film est un évènement. Je ne connaissais rien au scénario, rien lu sur le film, je n’avais vu aucune bande annonce et c’est tant mieux, je suis arrivée absolument sans aucune idée à la séance, sauf : c’est une bonne cinéaste, révélée par son film précédent "Naissance de pieuvres" (que je n’ai pas vu, hélas). Son film a été lancé à grand rendort de moyens par des grandes affiches sur toutes les colonnes Morris de Paris, quelques passages à la télé… Je ne savais pas non plus que tomboy signifie "garçon manqué" en anglais, vous savez que je suis nulle en langues étrangères. J’y allais donc sur la seule envie de découvrir une jeune cinéaste.

Vous pensez bien que je ne vais pas vous refaire le coup de la critique, d’autres et des plus connaisseurs comme les Inrockuptibles le résument exactement à une nuance près, comme moi : chronique splendide et sans contrefaçon d'une petite fille qui passe pour un garçon... Moi je dirais plutôt : chronique splendide et sans contrefaçon d’une petite fille qui se fait passer pour un garçon, la nuance est de taille.


Dès le début du film, il ne fait aucun doute que l’enfant qui apprend à conduire avec son papa est un petit garçon, mais, nous apprenons très vite, quand sa maman l'appelle Laure, qu'il s'agit d'une petite fille.


Tout le film suit avec une intensité, une beauté, une subtilité, une émotion extraordinaire, tous les artifices que Michaël/Laure devra mettre en œuvre pour « être » un garçon devant tous ses copains et copines. Ses parents sont le contraire de caricatures : confiants, aimants, compréhensifs, mais cependant aveugles. Seule la petite sœur, princesse de 4 ans, est dans le secret, elle voit tout, entend tout et ne dit rien. Leur relation fraternelle est douceur, affection et délicatesse. Céline Sciamma excelle à tous les plans.


Le film fonctionne bien sûr comme un suspense énorme, comment Laure va-t-elle réussir à imposer son image de garçon à tous ? Quelle souffrance, quelle ténacité, quelle nécessité sont à l'oeuvre chez Laure pour être absolument Michaël.



Céline Sciamma, nous fait progresser dans l’histoire à petites touches, peu de mots, juste des regards, des gestes, des silences… Pourtant aucune perte de temps, pas un plan n’est superflu, tout participe à construire un film important, puissant, passionnant, tellement émouvant.


Bravo, courez-y, vous ne serez pas déçu… Je crois !




Si vous avez le temps, la chance, voyez aussi Rabbit Hole de J.Cameron Mitchell, qui pose ces questions qui nous touchent tous : comment surmonter un deuil ? Garder les souvenirs matériels, les jeter ? Intérioriser sa peine, l'exposer ? Vivre comment après la disparition d'un être cher, très cher ?

En sortant de la projection, j'étais moi aussi remplie de mes morts... Émue.

lundi 25 avril 2011

J'suis pas dans le bon quartier ?


C'est incroyable, pourquoi ? J'attends l'autobus bien tranquillement, assise à côté d'une dame, qui parlait fort dans son téléphone, une histoire de prises électriques qu'il fallait déplacer dans son appartement... Ne me dis pas au revoir, vient me voir, et elle a raccroché, elle a continué de parler dans le vide... Plus personne n'était au bout de son fil, j'ai entendu cette femme dire : Seigneur quelle souffrance, elle marmonna une petite suite que je n'ai pas comprise, elle avait le regard qui allait loin devant elle.

J'ai pris tout le temps qu'il fallait pour faire deux trois courses absolument nécessaires, voilà longtemps que je n'avais mis les pieds dans cette grande surface, je l'évite le plus souvent possible, je préfère le commerçant du coin de ma rue, on se dit bonjour, on se raconte des histoires, mais ses fruits et légumes ne sont pas folichons. Aujourd'hui dans la très grande surface, c'était comme si je la découvrais pour la première fois, les gens couraient dans tous les coins, les caddies pleins, coincés dans les espaces vitrés qui séparent les escaliers mécaniques qui montent et qui descendent, il y avait des centaines de paquets de friandises, mis à la disposition des gens qui n'avaient qu'à tendre les bras pour se servir, pas de perte de temps, en montant on prend des chocolats, en descendant des bonbons, deux chances de vendre d'avantage, on fait grossir le client, pas un espace de libre pour rester libre...


J'étais contente de voir mon petit panier presque vide, j'avais résisté à presque tout...

Au rayon fruits et légumes tout venait d'ailleurs, de très loin, il y avaient juste les fraise qui n'avaient pas trop voyagé, elles sentaient bon, j'ai tendu le bras, pour les melons, encore un peu de patience, pour les groseilles et les framboises j'attends qu'elles poussent dans les bois

Avant de rentrer dans ce temple de la consommation j'ai rencontré une copine, elle avait pris le temps de voir passer la journée, sans se presser, avec le beau temps, on a envie de flâner même chez soi, mais tout de suite sont revenues ses histoires de famille, elle m'a dit une chose très jolie, tu sais, il ne faut pas me rencontrer si tu es pressée... A quelle heure ferme le magasin, dépêche-toi, on parlera une autre fois... J'ai toujours des tas de choses à dire, dépêche toi...

C'est peu après que j'ai vu les gens chargés de commissions, moi je n'avais plus envie de rien, trop c'est trop, trop de choses sur les étalages, trop de choses emballées, à peser, à acheter, je suis partie bien vite.

J'ai repris l'autobus pour rentrer, la flemme, le beau temps, pas pressée, si peu chargée, j'ai suivi la rencontre de deux personnes qui se connaissaient, l'une un peu amochée par la vie, la tête un peu simplette, l'autre vive dynamique, bonjour, fait beau, je reviens de chez mes enfants, oui, et vous ? J'ai rien fait, j'ai vu monsieur Armand qui allait chercher son pain, son journal comme tous les matins, oui vous l'avez vu, il fait ça tous les jours, elle lui parlait comme à une personne très ordinaire qui avait toute sa tête, elle souriait tout le temps, elle répondant aux questions, elle ne s'apercevait de rien, elle lui dit au revoir comme je dis au revoir à mon voisin. Il y a des gens formidables.


Je me disais j'en ai marre d'entendre des histoires qui se terminent toujours mal, j'suis pas dans le bon quartier... J'voudrais bien déménager... Aller où il y a des fleurs, des arbres, la mer pourquoi pas, non, la campagne, je préfère, avec les gens qui vont avec, bleus, roses, verts, qui sentent la lavande, le jasmin, chantent du soir au matin, ont des fleurs dans les yeux... Sans problème... Je rêve, c'est pas possible? Mais oui je sais le spleen, la douleur, ça n'a rien à voir avec le paysage, dommage !

Bien sûr, je plaisante, je ne suis pas assez naïve pour penser qu'il suffit d'écouter les oiseaux, faire son pain soi même, regarder pousser son persil, pour être heureux, j'ai de la bouteille, j'connais la musique, finalement, je suis bien avec les petites histoires de ma rue, celles que je passe au peigne fin, très fin, celles qui ressemblent à tout le monde, presque tout le monde... Ainsi, j'ai souvent envie de pleurer, la peine, le trouble, la détresse, ça me traverse... La joie aussi, ça me monte à la tête, le bonheur m'enivre, jour après jour, j 'ai les chagrins des gens au coeur, et leurs rires, et leurs sourires, je suis sûre que ça vous fait ça aussi... Forcément.


vendredi 22 avril 2011

J'ai rencontré mon ami Jean...


À la médiathèque de notre ville, nous nous sommes assis autour d’une petite table de lecture et nous avons bavardé… Au beau milieu des livres de géographie. Comment vas-tu, Jean ? Son visage se contracta légèrement, et avec juste un petit sourire très étroit, il m'a dit, pas terrible.

Il restait encore une bonne heure avant la fermeture, nous avions bien le temps, les lecteurs passaient et repassaient à côté de nous, les livres sous le bras, des petits bonjours par-ci, par-là, et puis notre petit carré de géographie se fit plus calme… Comment ça pas terrible, raconte…

Ben tu sais, je suis toujours en déprime, j’ai plus envie de rien, à la maison, c’est le bazar, des fois même j’ai plus envie de faire attention à moi… Je vais chez un psy de temps en temps, j’ai même fait un tour à Ville Evrard, je suis resté 8 jours, je le souhaite à personne. Ah ! Bon, mais comment ça ? Son petit sourire avait pris du large sur son visage, il reprenait espoir pendant trente seconde. Tu aurais vu le monde qu’il y avait, de tout, de tout, ça déprime d’avantage, j’avais même pas le droit de téléphoner… Tu allais un peu mieux en sortant ? Pas trop, je suis sous médicaments, mais ça me fait dormir, je baisse les doses…

Il avait la voix douce comme d’habitude, mais en dedans il y avait du boucan, un torrent de sentiments.

Jean peint, dessine, écrit, il a un talent fou, mais quand il n’est pas bien, il est triste et ne voit pas la fin des angoisses, plus envie, vraiment pas en ce moment, ni peinture, ni écriture, je vends juste du miel au coin de ta rue, tu m'as vu, chez l'épicier, on forme un petit comité, on vend du miel... Il leva les yeux au ciel.

Jean, garde confiance, tu vas repartir, et si tu rentrais dans une association, rencontrer des gens ça fait du bien, ça rend plus gai, toi qui a un si joli coup de crayon, va dans un atelier, deviens artiste, fais nous rêver, et toutes ces belles phrases que tu écrivais, reprends les mots, raconte-nous comment faire pour inventer ses journées !

Tu vas au cinéma de temps en temps ? Oui, j’y suis allé l’autre jour, qu’est-ce que j’ai vu déjà ? Ah ! Oui, et il me donne un titre que je ne connaissais pas, tant mieux, ça lui laissait toute la place pour en parler…

Mon fils est loin, nous ne nous voyons pas souvent, chacun fait sa vie de son côté, tu vois Jean, l’espoir il faut se le fabriquer de l’intérieur, tu fais comme un charpentier, pièce par pièce, bien solidement tu bouches tous les trous, pour que le chagrin n’entre plus dedans.

Quand est-ce que ça t'a pris, Jean, d'être bien en dessous du niveau de la mer ? Si on en parlait, on verrait peut-être les vagues coupables ? Je crois que c'est à cause de la maison de retraite de ma mère, ils m'ont réclamé beaucoup d'argent, je pensais même que je devrais vendre ma maison, mais j'irais où, tu te rends compte, j'ai plus du tout touché terre à ce moment-là, j'ai tellement pleuré, je me suis laissé aller comme un noyé...

Nous avons parlé aussi de Fukushima, du monde qui va de travers, c’était pas fait pour se donner de la joie… Mais plus on parlait, plus son sourire reprenait sa vrai place, Jean, du devrais arrêter avec le psy, c’est trop long, ça remue trop de choses, ça fait 20 000 fois que tu essayes, va au cinéma, range ta maison, retrouve des amis, fais du dessin, écris de belles histoires, t’as pas un petit voyage à faire ? L’heure approchait de la fin, on avançait dans la reconstruction, viens chanter à la chorale, la musique ça fait du bonheur, pour chanter en choeur c'est obligatoire d'être ensemble, il ne faut jamais être tout seul, ça t'irait bien ça, d'être avec les autres, tu as une belle voix, je le sais.

Ça ferme ! On a repris nos livres abandonnés sur la table et on est passés « à la caisse », trois semaines pour lire entre les lignes… À entrecroiser nos histoires avec les auteurs… Ça en fait des mots dans les mots.

Jean, tu sais, je vais parler de notre rencontre sur mon blog, tiens, tu devrais t’y mettre au blog, t’aurais un tas d’amis... Tu peux dire tout ce que tu veux, j’te donne mes droits d’auteur d’histoire triste, me dit-il avec un très grand sourire… Il allait mieux le temps de la sortie, peut-être même le reste de la soirée, il va repenser à reprendre les rênes de sa vie… Si l'avenir pouvait tenir jusqu'à la fin de la semaine, ça serait toujours ça de gagné.

Mon ami Jean, ce petit post c’est pour toi, si tu pouvais le lire, tu verrais qu’il y a largement de quoi vivre dans tout ce que l’on a dit… Le printemps, en principe, fait pousser les feuilles même aux gens, le bleu du ciel se met dans les yeux, on se dit que c'est pour l'éternité, on a envie de partir à la campagne, de voir des vaches, des moutons, d'écouter le silence, de lire de faire du vélo, d'apprendre le nom des arbres... De rencontrer l'amour...

jeudi 21 avril 2011

Le 104... Rue d'Aubervilliers à Paris.


Entrée par la rue d'Aubervilliers

En passant en voiture devant le 104 (côté rue Curial), j'ai vu trôner dans la cour un très gros manège rouge et carré, ce qui est rare... J'ai eu envie d'aller y voir de plus près... On dit : je vais au 104, comme on dit : je vais à l'Opéra, c'est un lieu, on oublie le nom de la rue... En fait on peut y entrer par la rue Curial ou la rue d'Aubervilliers, c'est tellement grand.

Ouverture non stop !

Mais c'est quoi le 104 ? Je vais vous raconter ce que j'ai vu, ce que j'ai appris : je connaissais ce lieu de nom, et n'y étais jamais venue. J'ai juste suivi les péripéties de sa mise en route, les nombreuses critiques sur la sous-utilisation des lieux et sur la mauvaise direction bicéphale : un gros budget annuel de fonctionnement (12 millions d'euros), peu de public, des activités artistiques qui peinaient à se développer.

Brièvement, ce grand ensemble immobilier (39 000m²) magnifique, situé dans un quartier très populaire, fut construit en 1873 par le Diocèse et servait de Pompes Funèbres. Après la séparation de l'Église et de l’État en 1905, s'est crée le Service Municipal des Pompes Funèbres (SMPF). Ce monopole municipal de la pompe funèbre a pris fin avec la loi Sueur du 8 janvier 1993. Sur le site de la rue d’Aubervilliers, l’activité a décliné progressivement, jusqu’au départ du dernier employé en 1997. Durant les années de pleine activité, 27 000 corbillards partaient chaque année du SMPF, 1 400 personnes y travaillaient, dont une quarantaine de femmes. Sur le site se trouvaient donc des bureaux, des écuries, un service d’état civil, des ateliers, une cantine, un coiffeur, un cireur, des logements pour les employés d’astreinte, des entrepôts pour les mâts et les tentures, etc.

En 2008, ces énormes bâtiments (classés) sont entièrement réhabilités (coût des travaux : 102 millions d'euros), ils deviennent un établissement artistique de la ville de Paris, dédié à la création et la production artistique, d'envergure internationale, il doit favoriser la rencontre de tous les arts avec leurs publics. Mais ce projet ne marche pas bien, le public n'est pas au rendez-vous, le budget est en déficit. Une nouvelle direction est nommée en mars 2010...

La dame qui dort

Le labyrinthe pour les enfants.

Quand je suis passée, en touriste, j'ai eu le sentiment d'un grand vide, il y avait des enfants des centres de loisirs du quartier (?) qui étaient venus faire un tour dans le labyrinthe en carton ondulé, installé par un artiste, Michelangelo Pistoletto... Dans la grande halle une dame dormait dans une chaise longue, le lieu de promenade devenait lieu de sieste, au milieu du bruit... De jeunes acteurs répétaient des textes pour participer au casting d'un film dans les locaux... Ça et là des promeneurs comme moi venaient en curieux faire le tour du propriétaire...


Quelques boutiques comme Emmaüs, une librairie, des restaurants, des cafés, proposent leurs services...

Des ateliers d'artistes sont occupés (?) par des artistes en résidence, ils peuvent aussi être loués...

Deux salles de théâtre sont également proposées à la location... Des spectacles son programmés, surtout de la musique actuelle.

La maison des petits

Une Maison des Petits accueille des jeunes enfants de 0 à 5 ans et leur famille, dans un espace de rencontre et de sensibilisation à la création par le jeu et l'expérimentation. C'est un lieu de parole et d'écoute où des professionnels de la petite enfance sont disponibles pour les enfants et leurs parents... Il y avait quelques petits enfants et leurs parents à l'intérieur.

L'art amateur dans un espace appelé CINQ est destiné aux habitants et aux associations des 18e et 19e arrondissements...

Le grand manège carré


Les petites bêtes...

Les grosses bêtes

Côté Curial il y a un grand manège rouge, superbe, carré, de 300m², composé d'un bestiaire imaginaire de : 3 buffles géants, 4 insectes grimpeurs, 10 insectes sur rail, 3 têtes de poissons et quelques autres facéties poétiques... Le concepteur de ces machines extraordinaires est François Delarozière, c'est lui qui inventa les grosses bêtes, les machines fantastiques, les personnages merveilleux de la Compagnie Royal de Luxe (la Petite géante, les éléphants, les girafes...). Ces machines ont voyagé dans le monde entier, et j'ai eu la grande chance d'en voir quelques unes déambuler dans les rues d'Amiens il y a quelques années, j'en garde un souvenir inoubliable, une émotion forte, une impression de moment rare, si cette Compagnie vient près de chez vous, prenez un jour de congé et restez dans la rue pour voir passer les nouvelles créations...

Il y a sans doute des tas de choses intéressantes qui se passent au 104 et qui restent à découvrir, ma courte visite ne m'a pas permis d'en savoir d'avantage, il faut sûrement de la pratique et de la curiosité pour en pénétrer les mystères...

Si j'ai bien compris, le lieu s'efforce, entre autres, de s'immerger dans le quartier en attirant du public de tous âges sur des activités artistiques...

Le tableau urbain.

À la sortie, encore sous la voûte du 104, je fus saisie par la beauté du paysage urbain qui se dressait devant moi, des tours jaunes et blanches qui faisaient une immense toile de peintre, sur un ciel bleu.

Le mur peint.
Plus loin encore, tout à fait à la sortie côté Curial, à gauche en longeant un peu la rue, au carrefour, il y a un grand mur peint en trompe-l'oeil éblouissant, grand et bien construit... Pour 10 ans au moins...

Allez voir par vous-même, prenez des photos, voyez si l'espace est à la hauteur des ambitions municipales... Bonne promenade !

Le 104 est une belle affaire à suivre...

mercredi 20 avril 2011

Les arbres du printemps... À Paris et ailleurs...

Au cours de mes balades dans le 19e à Paris, j'ai aperçu ce marronnier dans une cour très profonde, rue de Flandre, les maisons roses et blanches bordaient cet immense marronnier tout en fleurs, il y avait un silence complet, seules quelques voitures dormaient sous son ombre.

  A Neuchâtel, coincée entre des bâtiments, cette force de la nature nous offrait ses fleurs blanches devant une sculpture de marbre blanc, grandeur nature (je n'ai malheureusement pas retenu le nom de l'auteur...) Ne dirait-on pas que les marronniers se marient souvent avec le rose, en ville ? A Neuchâtel toujours... Et puis les belles surprises transparentes sont venues par les champs, pas loin de l'Abbaye de Romainmôtier. Celui-ci ne me dit pas tout de suite son nom, pour nous autres de la ville il nous faudrait des étiquettes, s'agit-il d'un noyer ? Je n'en suis pas sûre, ses feuilles ne sont pas encore mises comme il faut. Pour finir, une petite branche de pommier, dont je suis certaine...

mercredi 13 avril 2011

Les lilas de la Cité Véron... Boulevard de Clichy.


Je suis donc passée des pommes de Franck Scurti (post précédent) aux lilas de la Citée Veron, quelques pas plus loin... Il faisait beau, très beau, je me suis aventurée dans ce beau passage que je connais bien, pour y fréquenter le Théâtre Ouvert depuis très longtemps (bien avant qu'il ne fasse salle comble, depuis environ une dizaine d'années)… Cette petite salle, par le nombre de fauteuils, une centaine je pense, m’a réservée beaucoup de belles surprises théâtrales…


Depuis toujours (1976), le Théâtre Ouvert est un lieu d’essais et de création favorisant la découverte de jeunes auteurs contemporains, il est aujourd’hui une Scène Nationale subventionnée par les fonds publics… Et fait partie des endroits branchés de Paris... Son directeur, Lucien Attoun, et sa dame Micheline, sont toujours à la sortie de toutes les pièces pour saluer les spectateurs et prendre contact, un peu comme le fait Ariane Mnouckine qui déchire les billets à l'entrée de son théâtre du Soleil à la Cartoucherie, en vous souhaitant de passer une bonne soirée...

Aller au Théâtre Ouvert reste toujours pour moi une petite partie de campagne, car en m’engageant dans le passage, assez profondément, je laisse petit à petit s'évanouir le bruit du Boulevard de Clichy, le Moulin Rouge et le flot incessant des touristes qui sortent du métro. Les petits jardins mitoyens qui bordent les 80 m de longueur de l’impasse laissent dépasser largement de leurs clôtures les branches de lilas mauves qui embaument dès le printemps...

Ce jour-là, je suis allée jusqu’au bout de l’impasse car j’avais bien vu que le grand portail vert, toujours fermé hermétiquement aux visiteurs, était ouvert à deux battants, il y avait des réparations… Les ouvriers y cassaient la croûte, à la pause déjeuner, sans me prêter aucune attention.

J’ai risqué un œil, puis les deux, et j’ai pénétré dans la propriété privée, admirative… De belles maisons anciennes offraient la beauté de leur décor, j’ai pris des photos, sans me soucier des allées et venues des quelques personnes qui rentraient dans ces beaux manoirs. Et puis de la fenêtre du 1er étage de la splendide maison au superbe portail ajouré, un homme m’a demandé : on peut vous aider madame ? Non, monsieur, je prends juste des photos... Ah bon ! Vous savez que c’est un lieu privé ici ? Oui monsieur, mais quelques photos ne vont pas déranger… J’ai fait clic et clac et je suis partie… Sans me presser.

En rentrant chez moi, j'ai voulu en savoir encore plus sur cet endroit et j'ai découvert grâce à Internet que Jacques Prévert s'y était installé dans les années 1950, et que Boris Vian était son voisin du dessus...

Depuis que je viens dans ce passage pour aller au théâtre, j'avais tenté de percer le mystère du portail vert... Il faut être patiente, voyez comme je suis récompensée, je vous le laisse découvrir presque en même temps que moi…

lundi 11 avril 2011

Charles Fourier et la grosse pomme de Franck Scurti... Boulevard de Clichy



Des hommages à rebondissements...

Le philosophe Français Charles Fourier (1772-1837), nous rappelle Wikipédia, est le « fondateur de l’École-sociétaire, considérée par Karl Marx et Friedrich Engels comme une figure du "socialisme critico-utopique", dont un autre représentant fut Robert Owen. Plusieurs communautés utopiques, indirectement inspirées de ses écrits, ont été créées depuis les années 1930. »

La pensée de Fourier ... Les quatre pommes :

Réside d'abord dans une critique acerbe de la société industrielle, qu'il qualifie d'anarchie industrielle, puis de celle de la société commerçante : à Marseille, Charles Fourier avait été obligé par son patron de jeter des sacs de riz à la mer afin d'en maintenir le prix.

Un soir, Fourier voit dans un grand restaurant parisien un client (pour la légende : Brillat-Savarin, le célèbre gastronome), payer une pomme 14 sous, alors que le matin-même à Rouen, ville qu'il vient de quitter, il venait d'en acheter une pour le centième de cette somme ! Pour Fourier, une telle distorsion dans les prix est totalement injustifiée, et condamne toute société fondée sur l'échange tarifé et la concurrence.

Cette remarque lui inspire une théorie sur le progrès de l'humanité, jalonnée par quatre pommes fameuses :

Celle qu'Ève offrit à Adam,

Celle que Pâris offrit à Aphrodite,

Celle que Newton prit sur la tête en dormant,

Et la sienne (pomme de Fourier), qui lui révèle la malfaisance des intermédiaires, la féodalité mercantile, l'ampleur de l'imposture commerciale, et le principe de l'attraction des passions humaines que lient les messages de la pomme !

65 ans après sa mort (1899), pour lui rendre hommage, une statue de bronze est érigée sur un socle de pierre au 122, Boulevard de Clichy, à Paris.

42 ans plus tard (1941), les nazis « décrètent la fonte des statues parisiennes qui ne présentent pas d’intérêt artistique ou historique ». La qualité artistique ou historique des statues en bronze est à la discrétion du Gouvernement, qui en profite sans doute pour faire disparaître des grands hommes qui ne partagent pas les valeurs du Maréchal.

28 ans plus tard (1969), un petit groupe situationniste pose sur le socle vide une réplique de la statue en plâtre, couleur bronze. Une plaque indique: «En hommage à Charles Fourier, les barricadiers de la rue Gay-Lussac». L'utopiste de plâtre fut enlevé quelques jours après sur ordre de la préfecture.

38 ans plus tard (2007), une cabine vide est installée sur le socle par le Collectif aéroporté, qui souligne l’absence de la statue de Charles Fourier.

Enfin en 2007, la ville de Paris lance un concours pour une commande publique, afin de remplacer l'utopiste Charles Fourier. L’artiste contemporain, Frank Scurti pose une pomme sur le socle vide.


Le choix de l’artiste : une pomme, les quatre couleurs primaires et complémentaires.

Franck Scurti s’est largement inspiré de la théorie de Fourier pour lui rendre hommage, en inscrivant une pomme comme principe d’organisation et de planification du monde, et quatre côtés colorés. Voilà ce que cet artiste dit de son œuvre : « Ma proposition pour la conception d'un hommage à Charles Fourier associe l'image de la pomme comme catalyseur du principe d'attraction universelle, à celle du planisphère comme principe d'organisation et de planification du monde. Le projet se développe à partir du socle original de la statue d'Emile Derré et se fonde sur l'opposition du cube et de la sphère, de la transparence et du reflet, l’ensemble étant structuré par la relation harmonique entre les trois couleurs primaires et leurs complémentaires. J'ai décidé de situer idéalement mon hommage à Charles Fourier au centre du terre-plein proposé. Le positionnement central de I'oeuvre sur le terre-plein est important, car symbolique en rapport à son sens propre (l'harmonie universelle), mais aussi à son inscription dans le quartier. En effet, "La quatrième Pomme", placée au début de la séquence paysagère du Boulevard de Clichy, qui mène à la place Pigalle et à ses commerces érotiques pourrait devenir une sorte d'emblème, un totem pour le quartier et les populations. La dimension totémique recouvre et joue à la fois comme facteur de reconnaissance d'un lieu et de lien entre l'individu et la collectivité. »

Le 10 janvier 2011 est inauguré le nouvel hommage à Charles Fourier.

Bon, maintenant que j’ai remis nos pendules à l’heure, vous en savez assez pour contempler mes photos, et peut-être prendre du plaisir à flâner du côté du Moulin Rouge qui se trouve à deux pas… En prenant mes photos, j’ai remarqué que les touristes et passants ne s’intéressaient absolument pas à ce bel ouvrage… Pourtant digne d’un beau souvenir de Paris… Et d’une histoire incroyable d’hommages...

Rendez-vous dans 40 ans…

vendredi 8 avril 2011

Pêle-mêle... Mes toiles...


Mes films inutiles…Voilà comment j’appelle les films que j’ai vus, en me laissant guider par les bonnes critiques de presse et mes envies personnelles… Et que je n’ai pas aimés du tout, ou vus du bout des yeux, sans émotion, sans surprise, sans suite… Aussitôt oubliés.

Pendant la projection de ces films, je me demande souvent, mais qu’est-ce que je fais là, ça ne sert à rien, je m’ennuie un peu, je perds mon temps, mais pourquoi donc la critique était-elle si bonne, si unanime ? Pourquoi me suis-je embarquée ici ? Pourquoi l’ai-je choisi ? Le mystère reste entier. Quelques fois même je ne comprends rien, rien de rien, tenez pour le film avec Deneuve, Les yeux de sa mère de T. Klifa, je n’ai même pas compris le rôle de l’écrivain, je me suis laissée emmener sans grand intérêt dans cette histoire qui ne sert à rien, avec de très bons acteurs. Je ne néglige pas non plus les films inutiles avec bons acteurs... Pour le plaisir... Pour l'hommage.

A la sortie de la séance, j’essayais de capter des conversations qui auraient pu me guider pour comprendre la fin… Deux dames s’interrogeaient : vous avez compris, vous ? Je me disais : ça y est je vais savoir... Pas du tout ! Ni l’une ni l’autre n’avais compris le fin mot de l’histoire… Arrivée à la maison, je me suis précipitée sur Télérama, bien sûr… Rien, pas un mot du mystère, je fonce sur Internet, je me débrouille pour aller voir des critiques qui en disaient plus long sur le pot aux roses, tiens, sur un blog qui est plus bavard… Ouf ! Je comprends, ce qui n’ajoute rien à l’intérêt du film, mais ça me tranquillise pour de bon, comme si vous lisiez le petit chaperon rouge sans en connaître la fin, impossible...

Aujourd’hui, rebelote, je vais voir Essential Killing de Jerzy Skolimowski (Polonais) dont j’ai même du mal à comprendrer le titre, je vous dis que je ne parle pas du tout anglais, presque une infirmité… Toute la critique est élogieuse, Télérama titre : l’Evénement ! C’est peu dire, alors-là, pas d’hésitation, même les Cahiers du cinéma en disent du bien, c’est du lourd : magnifique, formidableJe saute dans le premier métro venu…

Trop contente d’avoir trouvé un bon film, je jubile… J’avais lu quelques bribes du sujet, les trois lignes de conclusion, parfait, c’est pour moi.

J’ai suivi péniblement la survie d’un homme traqué, qui déjoue tous les pièges pour rester en vie, il retourne à la nature, ça fait envie, non ? Et bien moi, je n’ai pas aimé, il est très vite passé dans ma catégorie Inutiles… En sortant, j’ai voulu vérifier deux trois bricoles restées dans l’ombre, j’ai vite lu l’affichage à l’entrée du cinéma qui donne des précisions, ouf ! J’ai relu avec attention l’article de Télérama, rien à faire, je n'ai rien senti, je suis restée de marbre, comment c’est possible ça, un Evènement ! Pas pour moi...

Voyez, je ne vous cache rien, je me mets à nue, on ne dit ça qu’à ses meilleurs amis, qu’on n’a pas aimé, qu’on n’a rien compris, je peux même passer pour une simplette… Mais très sincèrement je m’en moque… Vivement que j’aille voir le Pina de Wim Wenders, j’ai hâte, j’ai hâte, de voir un film de survie… J’avais adoré Les rêves dansants, sur les pas de Pina Bausch (dont j’ai parlé le 18/11/2010)

Nous, Princesses de Clèves de R. Sauder, documentaire français, très très intéressant, des jeunes d’une ZEP parlent de l’amour, de leur vie, de leur rêves, de leurs désillusions, en miroir avec le livre de Madame de La Fayette : La Princesse de Clèves, travaillé en classe, l’année du bac. La fiction dépasse la réalité ? Malgré des témoignages émouvants, trop de voix off qui cassent l'effet du réel et retirent l'émotion du pris sur le vif, je n’ai pas retrouvé le souffle de la fiction de L’Esquive de Kéchiche avec… Marivaux en classe et dans la vie, pour des ados de la cité…

En sortant du cinéma je suis allée immédiatement à la Fnac acheter le livre La Princesse de Clèves dans une collection à 2 euros, je ne l’avais jamais lu… Passionnant, un peu précieux, mais je ne le lâche pas… Tous les entrelacs de la passion amoureuse, si finement décrits, vous ligotent dès les premières lignes, l'hypocrisie, le mensonge, la jalousie, la bienséance et les entrechats des manières de cour du 17e siècle nous en apprennent beaucoup sur les conduites humaines de l'époque. Aujourd'hui, les même traits sont encore à l'oeuvre dans d'autres cours...

Je vais bientôt visiter l’expo : Tous cannibales à la Maison Rouge… je vous en parle...