mardi 31 mai 2011

Les turbans...


La vue devant le Sacré-Coeur, il fait beau

Je ne vous ai pas encore parlé de cette histoire, celle des turbans, non ?

Alors voilà, notre chorale travaille depuis quelques mois une œuvre originale composée par notre cheffe de chœur (à partir du livre "Gargantua", de Rabelais)... On répète, on répète, sans relâche, car avec nous, il faut s'accrocher et avoir beaucoup de patience, notre cheffe a beau nous donner les indications de nuances, de progression, de prononciation, nous faisons d'abord (presque) comme si elle n'était pas là, nous essayons tout par nous-même, nous faisons à notre tête, puis nous progressons lentement mais sûrement... Vous savez, notre chœur à la tête dure, il est frondeur, mais le cœur est bon... Finalement, la musique sort avec une très grande émotion et un son particulier, qui nous est propre, disent nos proches.

Nos noces de porcelaine... (post du 7 février dernier)

Au bout du compte, nous faisons comme elle dit, nous la suivons au doigt et à l'œil, mais pour en arriver là, il nous a fallu vingt ans de pratique, de chef de chœur en chef de chœur, de répertoire en répertoire, de concert en concert, de spectacle en spectacle… Notre adolescence a été longue et turbulente, nous sommes de grands enfants difficiles à mater...

Donc, reprenons, Gargantua est une œuvre musicale avec partie parlées, nos instruments de musique sont des verres de cristal, des clochettes, des petites cymbales et des tambours, nous imitons aussi les cris des animaux de la ferme… Vous voyez ? Très Moyen-Âge... L’histoire de Gargantua est grossière, on parle de cul, de bêtes à deux dos, de belle matière fécale, enfin, vous le savez, Gargantua ne mâche pas ses mots, et ça nous va très bien.

Pour la mise en scène, nous avons décidé de nous habiller tous en noir et de porter sur la tête un turban noué de couleurs vives et soyeuses.

L’histoire que je vais vous raconter concerne uniquement les turbans…

Dans un groupe, seules quelques personnes travaillent activement et prennent les décisions, suivies en cela par l’adhésion des autres qui sont bien contentes que tout se fasse sans elles… Néanmoins, elles encouragent le noyau dur à poursuivre les initiatives et le bon travail entrepris… C’est comme ça, dans tous les groupes, il y a les reines et les ouvrières. Chez nous, les ouvrières sont toujours contentes des reines et leur font entièrement confiance…

Le petit café de l'arrivée

D’accord, on va enturbanner le groupe, pour cela il faut aller au marché Saint-Pierre, acheter les tissus... Il nous a bien fallu deux voyages pour faire le choix des tissus, évaluer les prix, calculer les métrages, choisir les commerçants, et passer une bonne journée.

Je faisais donc partie du groupe des (trois) acheteuses.

Le thé à la menthe

Au premier voyage, on s’est d’abord assises bien en face du Sacré-Cœur, dans un café tout ce qu’il y a de touristique, et nous avons pris notre café du matin... On avait décidé de faire un premier tour pour évaluer les prix, les couleurs disponibles, la largeur des tissu, les matières… Une belle journée avec soleil ! Et de réflexion en réflexion, nous avons pris le temps d’aller déjeuner à Belleville, et de fil en aiguille, nous avons remonté le Boulevard de Ménilmontant, pris un thé à la menthe et petits gâteaux algériens faits maison… Nous avons marché à côté du métro, jusqu’à chez nous, ce qui faisait une belle petite trotte…

On avait évalué, touché, précisé notre choix, expérimenté le marché, nous reviendrons pour acheter un autre jour, il fallait réfléchir…

Nous avons aussi beaucoup ri, beaucoup appris, pris du bon temps ensemble à bavarder, en somme, un bon jour de vacances et d’amitié, à la capitale.

Le café et les calculs...

Le choix...

Le bouquet de tissus

Au deuxième voyage, les jeux étaient faits, attention, nous avions une lourde responsabilité. Nous avons donc fait exactement comme la première fois, la première halte au café face au Sacré-Cœur, pour une mise en forme indispensable. Nous avons alors sorti les crayons, la calculette, et avons compté, recalculé les métrages de tissus nécessaires… Les commerçants lauréats étaient repérés suite au premier voyage, nous n’avions plus qu’à passer à la caisse.

Nous sommes repassées par toutes les cases plaisir : le café du matin, le déjeuner du midi au restaurant à Belleville, le thé à la menthe et même la défense d’un artiste qui faisait une œuvre sur le motif (trottoir), pris à parti par un agent de sécurité de la ville de Paris. Attention, l’affaire était grave, nous étions attablées devant nos thés et le pauvre homme se voyait verbalisé pour saleté sur la voie publique… Nous sommes allées immédiatement au secours de la création, et nous avons gagné la partie, pas de contravention, juste une petite parlotte de mise au point avec l’agent, et l’art fut sauf !

Le mur peint du Bd de Ménilmontant

Le mur peint... Suite.

Nous avons beaucoup ri, beaucoup appris, pris du bon temps ensemble à bavarder, à regarder les murs peints… À nous extasier de presque tout.

Nous ne savions pas encore s’il y aurait une troisième excursion…

Il ne nous restait plus qu’à prendre rendez-vous pour la journée machine à coudre pour réaliser une trentaine de turbans…

L'assemblage des couleurs

Les turbans réalisés

Nous l’avons faite chez moi, arrêt goûter obligatoire devant un bel ananas frais pour remonter le moral des troupes… Terminé les gâteaux au miel et aux pistaches, on ne pouvait pas, en plus, prendre des kilos pour les costumes…

Mais une journée n’a pas suffi pour tout faire, nous avons partagé le travail en trois, et chacune et repartie avec son ouvrage sous le bras…

Nous avions beaucoup ri, rien appris de particulièrement important en couture , beaucoup bavardé comme d’habitude, être ensemble restait l’essentiel pour faire de la belle ouvrage…

Voyez notre beau travail... Revenez très vite, pour nous voir enturbannés lors de notre prochain concert....

The Tree of Life... De Terrence Malick



C'est le monde à l'envers

Au début du film, je me suis dit, tiens, je me suis trompée de salle ? Je suis sur un docu. La création du monde, les animaux préhistoriques, pourquoi pas. J'irai voir l'autre après...

Je n'avais rien lu sur le film, juste une information légère sur le thème, l'auteur, les acteurs et la palme d'or à Cannes... Ça suffisait grandement pour que je m'y précipite.

Donc, le monde commençait avec de jolies nébuleuses, des couleurs, des lumières, du bruit, de la matière en fusion... Après les nuages ce fut la Terre, parfait, puis vint l'eau, la sublime, en ruisseaux, en torrents, en océans, et voilà les dinosaures féroces, les prédateurs, intéressant, bon, je suis vraiment sur un docu... C'est beau, rien à dire, de la belle musique de fond, très classe.

Et puis les hommes apparurent, mais une bonne demie-heure était passée... L'histoire bien sûr, je ne vais pas vous la raconter, Malick le fait très bien, mais au bout du compte, je me suis ennuyée, ce n'est pas par manque d'intérêt, mais par indifférence, une histoire lénifiante et inspirée, sa religiosité sirupeuse ne m'a pas convaincue du tout. L'actrice, Jessica Chastain, est magnifique, mais le jeu d'acteurs, même s'il est superbe, ne suffit pas tout à fait pour faire ici un bon film... Palmé.

En sortant de la salle, deux hommes en colère criaient : c'est quoi ce film de secte, d'évangélisation...

Moi, je suis sortie en plein soleil (du cinéma l'Arlequin rue de Rennes, dont j'aime bien la grande salle, avec son énorme écran), je me suis dit : allons voir l'église Saint-Sulpice, refaisons la découverte de ce beau lieu, enfin couronnée de sa grande tour refaite à neuf, blanche, étincelante, éternelle... À l'intérieur, il faisait sombre et poussiéreux, quelques touristes visitaient les lieux, personne ne priait, seul le prêtre attendait le "client" dans le petit confessionnal de verre. Delacroix, au fond, dans son combat avec l'ange, faisait grise mine, personne pour l'admirer... Dans la crypte, dont les portes étaient ouvertes, il se préparait une représentation théâtrale sur soeur Emmanuelle, dans une mise en scène de Michael Lonsdale, avec Françoise Thuriès dans le rôle titre.

J'attends avec impatience de voir les films d'Alain Cavalier, Kaurismäki, Moretti, je suis ravie d'avoir vu triompher le beau film "Le Gamin au Vélo" des frères Dardenne... J'aime beaucoup l'acteur Jean Dujardin, depuis "Un gars et une fille" dont je ne loupais aucun épisode... Couronné de lauriers mérités, au festival !

Mais pour la palme d'or à Malick, non, non, et non, pas d'accord !

samedi 28 mai 2011

Une fois par mois minimum... Notre balade de mai.

Notre lieu de tourisme
Dans mon post du 3 mai dernier, je vous ai raconté le petit rendez-vous mensuel que nous avons décidé de vivre ma sœur et moi, jusqu’à la fin de nos jours, envers et contre tout, absolument tout, même le mauvais temps... Nous avons dit : par beau temps, nous nous promenons et découvrons Paris, par mauvais temps, nous filons dans un musée.

Alors aujourd’hui, je vous raconte notre jour de mai, le rendez-vous de juin est pris, patience…

Le début de notre jour est toujours le même, nous allons déjeuner dans le même restaurant vietnamien, celui que nous aimons, où tout est bon, où le choix est très difficile, même impossible, alors, encore une fois j'ai choisi ce que je prends d'habitude, mon plat préféré, celui qui arrive au dessus de tous : les raviolis vietnamiens.

Nous étions venues de bonne heure pour éviter le monde, les tables serrées, la chaleur, la précipitation... Pour déguster son plat préféré, il faut prendre son temps.

Nous commençons toujours par les dernières nouvelles, les toutes dernières, celles du jour d'avant, car avec ma sœur, nous n'attendons pas de nous voir pour nous téléphoner, bien sûr.

J'avais cinq minutes de retard, moi qui suis toujours à l'heure, ça valait bien une petite discussion pour remettre nos montres à l'heure, nous savions que nous allions passer un bel après midi, nous étions heureuses de nous voir, il faisait beau, nous avions de la chance, Belleville offre encore des terrains inconnus…

Un café dans la petite rue bariolée

Le café, nous le prenons toujours ailleurs que dans le restaurant, là aussi, il faut choisir le bistrot parfait, à l'ombre, puisqu’il y avait du soleil, propre, pour les toilettes c'est mieux, mais comment savoir avant d'utiliser ? Sympa, accueillant, le petit je ne sais quoi qui vous fait dire : celui-là me paraît vraiment bien, qu’en penses-tu ? Parfait !

Les sièges sont confortables, il ne peut pas y avoir d'à peu près dans notre journée, chaque moment a sa valeur. Le café, c’est du lourd, détente à l’air libre, nous dégainons nos appareils photo, c’est parti pour l’art !

Finalement, notre café si bien choisi, à l'abri des voitures, dans une petite rue, toute petite, derrière le Boulevard de Ménilmontant, n’était pas si propre que ça, on a ri tellement on s'était trompées sur toute la ligne…

Sièges assortis à la rue

La rue végétalisée

Puis la vadrouille a commencé, la petite rue était belle à voir, piétonne, mignonne et fleurie, nous avons vite appris comment elle faisait pour vivre comme ça, en plein Paris, comme une rue de campagne. Il s’était organisé ici une vraie vie collective, associative.

Broderie et peinture

D’un bout à l’autre la rue est colorée, bariolée, griffée, illustrée, dans chaque recoin il y a un graff, la rue est en libre accès pour les graffeurs (autorisés par la ville de Paris), on peut donc revenir tous les mois, le décor aura changé, une galerie d’art à ciel ouvert, un vrai théâtre de rue, ne manquent plus que les rideaux rouges pour frapper les trois coups.

La causette sous le parasol

Beau travail d'artiste

La boutique locale, informations culturelles et sociales

Les petites boutiques en bas des immeubles, abandonnées par le commerce de proximité, abritent beaucoup d'ateliers d'artistes, d’artisans, d'associations socioculturelles, de cafés... Des parasols poussent ça et là, sur le trottoir, abritant des groupes d’habitants qui discutent sur le pas des portes, comme il n'y passe aucune voiture... Sauf les urgences pour le foyer retraite qui demeure là !... Pour tailler la bavette, rien de mieux qu’une rue piétonne… Un peu comme au bord de la mer, on attend l'heure de la marée basse pour aller chercher des coquillages….

Pot d'habitant, détail

Signatures des habitants

Au début, les habitants voulaient végétaliser la rue, alors ils ont fabriqué des gros pots, pour mettre devant chaque immeuble, confectionnés avec des céramiques de récupération, très personnalisés, les prénoms des artistes sont inscrits dessus, ensuite les fleurs ont été plantées pour le plaisir de tous, chacun arrose devant sa porte et tout le monde est content.

Il faut dire que la Mairie du 20e arrondissement a bien œuvré pour maintenir la rue hors des spéculations immobilières, en proposant aux habitants des locaux associatifs, aux artistes des baux précaires pour 3 fois rien... Pour l’instant, le village est préservé… On ne sait pour combien de temps ? Ce qui est pris est pris !

Voyez les beaux tableaux...

Nous avons mitraillé littéralement les murs de la rue, le soleil tapait juste du bon côté, impossible de ne pas faire clic ! Toutes les trente secondes...


Chemin qui mène à l'ancienne forge

Et puis chemin faisant, nous avons grimpé tout près du Parc de Belleville, par la rue Ramponneau où artistes et logements sociaux se côtoient… Plus bas, sur l’emplacement d’une ancienne forge (fabrique de clés), la bagarre est continuelle entre les squatteurs de la première heure dans cette friche industrielle, et les locataires patentés autorisés par la Mairie du 20e, une histoire complexe qu’il est difficile de tirer au clair, les associations se détestent, les gens s’ignorent, l’ambiance n’est pas très festive…

L'énorme fresque de la friche de la forge

Dans cet énorme trou, dont il subsiste seulement la forge et quelques ateliers anciens d'artisans, intégralement transformés en ateliers d'artistes plasticiens, les murs laissés libres sont régulièrement graffés par des artistes qui viennent des quatre coins du monde, ici aussi le paysage change régulièrement… Une ancienne squatteuse m’a dit que respirer à longueur de journée les odeurs des bombages, c’est totalement insupportable…

Mais ne vous inquiétez pas, nous avions l’âme tranquille, les querelles de voisinages ne sont pas pour nous, nous avons atterri dans une belle boulangerie de pâtisseries orientales et dégusté deux petits gâteaux au miel et aux pistaches, délicieux…

L’horloge de notre journée avait tourné bien vite, trop vite, quelques bricoles à acheter en passant devant les boutiques asiatiques, fruits, pâtes, et nous avons repris le métro, enchantées…

A bientôt pour notre jour de juin, juste avant mon départ pour Venise….

dimanche 22 mai 2011

Marianne, Marianne, que faites vous ?


Dans mon post du 27 mars dernier, je vous ai raconté ma rencontre avec Marianne, cette belle dame de 83 ans qui allait cueillir les pommes de son verger, dans un panier. C'est pourtant beau, son bel âge, pour aller faire son marché...

Je l’avais vue de très loin, penchée du côté de sa canne, sous l’arbre du Paradis…

Elle était en orange, le pré en vert amande, le ciel d’un bleu layette… Il faisait beau, le très beau temps de septembre, l’été indien de l’Indre.

Ma Marianne n’avait pas bonnes jambes, mais une langue bien pendue, j’en ai profité pour entendre ses paroles, c’est une musicienne des mots, elle les dit comme il faut, avec toute la sagesse du temps, toute la beauté retrouvée des mots anciens, ajustés de près aux sentiments... La malice de son regard, l’analyse de sa vie sont remarquables, elle vide son sac, précieux, satiné, élégant, plein de coins et de recoins, elle tient les cordons de la bourse, mais pas tous, car souvent elle dit, je ne sais pas…

Marianne, que j’ai refusé d’appeler Christiane, Marjolaine ou Sophie par souci d’anonymat, car je ne peux pas l’appeler autrement que Marianne…

Ceux qui vivent autour de moi et qui la connaissent, me disent périodiquement, tu as des nouvelles de Marianne ? Tout va bien ?

Mais voilà près d’un mois que Marianne ne va pas bien, j’avais tellement peur d’avoir de mauvaises nouvelles, que je me disais ah ! Oui, tiens, il faut que je l’appelle… Et je ne le faisais pas. J'ai toujours trouvé des tas de choses à faire au moment où je n'avais rien de mieux à faire que de lui téléphoner...

Aux dernières nouvelles justement, Marianne n'est pas bien, elle souffre de tout, du souffle, de l’appétit, de la fatigue… Elle a besoin d’être à plusieurs pour faire toutes les choses qu’elle faisait seule depuis toutes ces années…

Marianne, Marianne, que faites-vous ?

J’ai des nouvelles par sa fille que j’entends crier, pleurer, rouspéter au téléphone, elle se débat pour sa mère entre les médecins qui ne comprennent rien : mais bien sûr, elle peut rentrer chez elle, pas de problèmes, elle va aller de mieux en mieux... Mais comment ça elle peut rentrer chez elle, toute seule ? Et comment elle va faire les courses, la vaisselles, à manger, se laver ? Vous comprenez Danielle, tout le monde s'en fout, forcément, ça fait tempêter, elle veut rester dans sa belle maison Danielle, et moi aussi je veux qu'elle y demeure, je fais tout pour ça, je me bats.


Elle aurait bien voulu que les autres frère et soeur l'aident mieux, se déplacent plus souvent, mais ça ne se fait pas assez vite, la rouspétance est vive, moi je veux que maman soit bien... Vous avez raison Françoise, faites tout ce que vous avez à faire avec votre mère, c'est le moment d'en faire beaucoup, n'attendez rien de plus, battez-vous pour elle un point c'est tout. Les comptes à régler ils attendront, ne soyez pas pressée pour les soustractions, il sera bien temps plus tard, beaucoup plus tard. Elle m'a dit oui.

Un peu d’hôpital, un peu de maison, beaucoup de soucis, pas beaucoup de souffle, même sa belle terrasse est trop froide, le fond de l'air n'est pas assez réchauffé, pourtant le ciel est bleu, c’est le printemps, il fait doux, mais Marianne est fragile comme un oiseau qui a pris l’eau…

Tout était si facile quand je venais la voir, c’est vrai, c’est moi qui faisait le thé, j’apportais le cake, et les conversations de salon se faisaient dans le jardin, elle n’avait ni chaud ni froid, on se regardait dans les yeux, elle croisait les jambes et les bras, juste un peu mal à la hanche… Rien ne l’empêchait encore de m’accompagner jusqu’à la petite barrière de bois, on se faisait des signes de la main, comme des petits moulins… À demain, dormez bien !

Après, tous les ans, j’ai poussé la barrière en criant de loin : Marianne, c’est Danielle, c’est moi, ne bougez pas, et son petit chien venait presque me lécher les pieds… L'automne dernier, ils étaient deux à bouger la queue, c'est solide un animal, ça fait chaud, c'est présent, elle aime bien Marianne en avoir deux maintenant, elle me l'a dit.

Marianne, Marianne que faites-vous ?

Attendez que je vienne vous voir, nous y serons très vite à l'automne, si je peux, je descends même avant l’été, soyez forte, c’est toujours au plus faible qu’on demande d’être le plus fort, vous avez remarqué ? Bien sûr, je l’ai appelée plusieurs fois, depuis que ses forces ont rapetissé, vers 14h c'est le mieux, m'avait dit Françoise qui connaît par coeur ses bons créneaux horaires. Ça ne va pas fort fort, j’ai besoin de monde, je ne peux plus faire grand chose toute seule, je me sens fatiguée, il faut que je réfléchisse Danielle, je vais dormir un peu, il faut que je réfléchisse, je veux rester dans ma maison, mais comment je vais faire ?

Marianne, trouvez des solutions, mais restez forte, remettez-vous vite, allez, faites des efforts, combattez le poids des ans, je vous en prie, ne soyez plus malade, restez dans votre belle maison, près du vert de votre verger, près des pommes du Paradis, je veux toujours voir vos chiens remuer la queue et me lécher les pieds, quand je viens manger le cake avec vous, restez pour moi s’il vous plait, c’est ça que j’avais envie de lui dire à ma Marianne… Mais je n’ai rien dit, j’ai pleuré, une fois que j’avais raccroché.

Marianne, Marianne, je compte sur vous pour allez mieux, vraiment mieux, l’été arrive, d’ici peu il fera vraiment chaud, vous pourrez sortir sur la terrasse, on dira au vent de s’arrêter à la barrière… On parlera des choses du monde, de votre monde, devant un bon thé et des gâteaux… Je vous raconterais Paris, ma vie et tout le reste, le monde qui va mal aussi, vous n’évitez rien, je le sais, avec votre lucidité, votre fatigue, votre réflexion… Danielle, je ne sais pas si j’ai très envie d’aller plus loin… Je ne veux presque pas l'entendre.

Marianne, Marianne, attendez-moi, j’arrive… Nous avons tant de choses à nous dire.



samedi 21 mai 2011

Le Léviathan…D’Anish Kappoor, au Grand Palais.


Je suis allée au Grand Palais pour m’émerveiller, avec une œuvre de très grande dimension, c’est tout à fait exceptionnel, et c’est heureux que l’espace public le permette. Avec Anish Kapoor, le pari est totalement gagné pour la merveille et pour le spectacle. Le Léviathan (monstre marin évoqué dans la Bible), est presque aussi grand que le Grand Palais, rouge à l’intérieur, aubergine à l’extérieur, c’est de cette couleur que je l’ai vu, suivant l’ensoleillement il peut apparaître franchement rouge ou fuchsia… Il faudrait donc que j’y retourne… En fonction des prévisions ensoleillées de la météo.

Imaginez une sculpture de 35m de haut, 10701 kg et 72000m² remplis de lumière !

L'intérieur de la grande bouche

A l’intérieur, tout est rouge rayé de noir, une matrice, une cathédrale, des fondations d’un énorme monument, une chose bizarre ? Chaque spectateur peut en interpréter le sens et la vision, s’y sentir bien ou mal. Il y fait chaud puisque la structure souple au départ a été gonflée à l’air comme un immense ballon dirigeable a plusieurs bras.

La grande chose rouge

Les flashs crépitent, les yeux s’irritent, les repères sont perdus, le rouge se creuse en trois endroits, formant des galeries inatteignables, qui disparaissent dans un lointain mystérieux… L’intérieur de la forme rouge m’a fait penser à une grande bouche entièrement remplie d’un chewing gum qu’on a étiré, en respirant vers l’arrière, la gomme vient prendre toute la place de votre palais, vous voyez ? Bon !

Les impressions sont multiples, l’artiste nous laisse entièrement le choix d’interpréter l’œuvre présentée ici.

A l'extérieur, l'aubergine

En sortant du rouge, je me retrouve à la lumière zénitale de la grande verrière, la structure d’Anish Kapoor ressemble alors à de grandes coloquintes rigides, et bien joufflues, et aussi à des aubergines (voyez les photos).

On peut y voir aussi des coloquintes

La toile précontrainte, en PVC (matériau renforcé), qui a servi à la construction de cette œuvre, a été soudée à la main en Italie et transportée molle au Grand Palais, elle a été gonflée sur place par un système de ventilation puissant.

Là, franchement une aubergine...

Quel plaisir de voir une oeuvre, une seule, spécialement conçue pour l'endroit, gigantesque, on peut tourner autour, prendre son temps, éprouver l'atmosphère, regarder les détails, réfléchir et rêver... Partager son point de vue, en buvant un petit café, au bistrot du Palais...

J'avais déjà eu l'énorme plaisir de voir dans le cadre de la manifestation Monumenta du Grand Palais, les oeuvres de Anselm Kiefer en 2007, et Christian Boltanski, dont j'ai parlé dans deux posts les 14 janvier et 9 février 2010.

A Chicago en 2004...

Vous pensez bien qu’en rentrant à la maison, j’ai testé mes pauvres connaissances sur Internet et j’ai trouvé des images magnifiques des œuvres d' Anish Kapoor, disséminées un peu partout dans le monde, elles donnent vraiment envie de prendre l’avion tout de suite, pour aller y voir de plus près…

Anish Kapoor est un artiste Anglais d’origine indienne, né en 1954, il représenta l'Angleterre à l'occasion de la Biennale de Venise en 1990, ensuite, il présenta ses travaux dans le monde entier. Il a reçu de nombreux prix et distinctions, dont le prix Turner, principale récompense pour l'art contemporain en Grande-Bretagne.

Le Petit Palais, en face

L'autre exposition, avec la file d'attente

En sortant, il y avait du monde dans toutes les expositions environnantes, le beau Petit Palais juste en face faisait envie, il y avait une belle file d’attente pour l’exposition Nature et Idéal, et personne pour l’exposition sur Aimé Césaire, Lam et Picasso…

J’ai pris quelques photos et je suis rentrée…

vendredi 20 mai 2011

Mes toiles... "Pina", le retour, "Le Gamin au vélo" des frères Dardenne.


Pina, de Wim Wenders : revu pour la 2e fois, dans une autre salle, avec un enthousiasme renouvelé.

C'est à ne pas comprendre pourquoi ce film, présenté au festival de Berlin cette année, n'a pas obtenu la distinction qu'il méritait ?

J'ai revu notamment le ballet "Café Müller", et bien des choses m'avaient échappées à la première vision. Dans cette pièce, les danseuses (dont Pina) dansent les yeux fermés, et les partenaires masculins écartent devant elles les obstacles (chaises, tables), ce qui leur permet d'avancer dans tous les sens, c'est magnifique... Ainsi Pina répète le thème de la confiance dans un autre ballet où la danseuse doit tomber de sa hauteur dans les bras de son partenaire qui lui fait face, il la retient in extremis, l'équilibre et la beauté des gestes en sont exaltés.

Un par un, les danseurs de la troupe expriment verbalement, avec retenue, émotion, un petit moment de vie, une anecdote, vécus avec Pina, et puis leurs paroles, leur émotion s'animent, transparaissent avec beauté dans la danse... Superbe.

Un bonheur de revoir ce très beau film, deux grands artistes, pour le prix d'un film on gagne sur tous les tableaux...


En sortant du cinéma, j'avais presque les pieds dans l'eau du canal Saint-Martin, il baignait dans la lumière d'un soleil d'été, les promeneurs assis, allongés, pique-niquaient sur les quais, un midi à la campagne... Les bateaux glissaient à la surface de cette image sur papier glacée...




Le Gamin au vélo... Des frères Dardenne :

Bravo ! Ce film est en compétition au festival de Cannes 2011, je croise les doigts pour lui...

Pour une fois les frères Dardenne n'engloutissent pas notre peine, notre désespoir, dans un flot de larmes... C'est l'histoire de ce petit garçon qui n'a qu'une idée en tête : retrouver son papa... Qui ne veut pas de lui... Il fera la rencontre d'une personne (Cécile de France, une actrice lumineuse, parfaite pour le rôle) qui, par sa bienveillance, sa simplicité, son affection, l'aidera à reprendre les rênes de sa vie avec joie et espoir... C'est tout ce cheminement que nous suivons dans ce beau film. La partie n'est pas gagnée, les embûches sont nombreuses...Le suspens est total, la dramaturgie est intense, filmée avec talent, et Cyril (Thomas Doret) est exceptionnel !!

mardi 17 mai 2011

Minuit à Paris... De Woody Allen.

Non, non, non, vous n'avez pas la berlue, l'image du film est bien à l'envers... Ben, pourquoi elle fait ça ? Je n'ai pas du tout aimé le film, je l'ai trouvé d'une telle niaiserie, que j'ai voulu présenter son affiche les pieds en l'air, pour annoncer ma couleur...

Que je vous dise, en général je n'aime pas du tout le réalisateur, je le trouve très convenu, très ordinaire dans sa façon de traiter ses sujets, aucun intérêt, ses films font partie de "mes films inutiles".

Mais comme je ne veux pas renoncer à la bonne surprise, je vais voir chacun de ses films dès sa sortie. Aujourd'hui la critique est au plus haut, Woody par-ci, Woody par-là, je dois manquer de discernement ! Je ne vois pas bien, l'essentiel doit se cacher quelque part... Hors de ma vue.

J'ai même trouvé qu'il n'avait aucune qualité pour aller à Cannes... Woody Allen a eu bien raison de décliner l'invitation qui lui était faite de concourir pour la Palme d'Or, j'ose espérer qu'il ne l'aurait pas eue !

Le scénario est d'une telle stupidité, c'est confondant... Imaginez un jeune Américain qui débarque dans le beau Paris de ses fantasmes, et retrouve dans ses balades nocturnes les personnages artistiques qui ont fait la gloire de Paris... Mais la façon de montrer tout cela est tellement caricaturale, que je me disais tout au long du film, non, il n'a pas osé faire ça, on se croirait au Musée Grévin, avec les statues qui se mettent à bouger sous la caméra de Woody (rien à dire du côté des techniciens, ils sont parfaits, les images sont très belles, les cadrages aussi). Et donc le jeune Américain délaisse sa bling bling de femme, pour courir nuitamment après Picasso, Matisse, Toulouse-Lautrec... A mourir de rire...

Au détour du chemin, Carla Bruni apparaît dans le rôle de guide touristique, qui récite sa partie, très chic, très classe, mais sans aucun jeu d'acteur, le personnage est nul à pleurer, n'importe quelle actrice de 3e zone aurait largement pu tenir cette route, Carla est peut-être une copine du réalisateur... Elle a peut-être accepté de jouer sans être payée ? Ne soyons pas mauvaise langue... Comment ce film a-t-il pu être financé ? Tous les personnages sont tellement maladroits, anecdotiques, mièvres, sans passé, sans avenir, c'est peut-être l'Association des Musées de France qui a financé cette galerie d'artistes d'hier et d'aujourd'hui ?

Au bout d'un quart d'heure de projection, j'ai commencé à sentir des démangeaisons dans le corps, premiers signes d'agacement, puis l'ennui est venu, le rire, non pas dû à l'amusement mais à la moquerie de ma part, l'envie de sortir... Mais vous me connaissez, j'ai toujours envie de connaître la fin d'un film, même mauvais, sauf exception extrêmement rare...

Woody ici ne nous épargne rien, même pas la galerie des glaces de Versailles, façon burlesque... Pourtant Télérama affiche : une comédie euphorisante, un rythme un charme qui évoquent Lubitch, rien que ça... Allez-y voir et vous me direz...

Vraiment, monsieur Woody, pour votre 41e film vous auriez pu faire mieux... Au suivant.

Je suis très pressée de voir le nouveau film des frères Dardenne et surtout celui d'Alain Cavalier... Mais je vous en reparle.

vendredi 13 mai 2011

Dialogues de sourds ?

L'arrêt de l'autobus

C’est décidé, je vais à la capitale, j’ai besoin d’un tas de choses, je vais prendre l’autobus et faire une belle promenade… Je patiente à l’arrêt du bus, sous le soleil et les érables, un jeune couple est assis à côté de moi, pour lui, casquette à l’envers, pour elle, jolie jupe rose. "Karim, regarde, regarde, la blague quelle m’a envoyée, c’est trop drôle"... Il regarde son amie, éberlué, il se penche en avant tout en tenant sa tête à deux mains : "mais voyons Nadia, ça sera pas plus drôle sur ton téléphone que sur le mien, j'ai déjà reçu ce truc moi aussi"… Elle continue tranquillement sa lecture amusante sur son téléphone…

Un vieux monsieur s’approche alors du banc sur lequel j’étais assise, souriant : "vous voyez là, c’est la place du 11 novembre 1918"... "Oui, oui", j’avais des difficultés à le comprendre car il parlait avec une bouche complètement édentée, les mots passaient tout aplatis entre ses lèvres… Il avait entre les mains un hebdomadaire en couleur, genre Paris Match numéro spécial, sur lequel le Maréchal Pétain faisait la une, dans un costume tout neuf… Je m'étais dit instantanément, qui peut bien faire sa une avec le portrait de Pétain, c'est dingue ça ? Il me montra fièrement la couverture du magazine. En y regardant de plus près, j'ai vu que l'étui en plastique transparent dans laquelle était insérée la revue devaient bien dater de la guerre, mais laquelle ? Il continua à parler entre ses lèvres, ne cherchant aucune réponse, aucune écoute, il guettait un oeil attentif, sitôt que mon regard se tourna vers lui, il attaqua : "c’est lui qui a gagné la guerre, la première guerre mondiale, c’est le Maréchal"... Ah bon ! Nadia et son copain avaient précipitamment évacué les lieux et pris place sur le banc d’à côté sous les arbres, en riant, ils avaient vu tout de suite que le monsieur n’était pas net, moi, il m’a fallu un moment pour comprendre…

Le voilà reparti de plus belle : "le Maréchal a dit aux jeunes qu’il fallait faire deux bonnes actions par jour, c’est bien non ?" Je lui ai dit que je n’aimais pas du tout son Maréchal, mais j’ai bien vu qu’il n’était pas là pour me faire la conversation, ce que je disais n'avait aucune importance, il n'écoutait même pas, il était avec le Maréchal, tout simplement, en fait ils étaient entre eux, le Maréchal et lui, ils se promenaient ensemble bras dessus bras dessous, comme deux vieux potes. Mais rien, personne ne pouvait arrêter le cours de son histoire, il ne parlait qu'à lui-même : "il était vraiment bien le Maréchal, il a gagné la guerre, regardez !"

L'autobus est arrivé, sauvée !

Chacun se précipita pour avoir une place, le vieux monsieur a eu la sienne à l'ancienneté, mais j’ai trouvé qu'il ne l’avait pas méritée… Comme les mauvaise idées ont la vie longue... Longue... Longue.


La terrasse au soleil

L’autobus glissa le long des rues, j’avais renoncé à mon livre : la promenade en autobus, j’aime la faire les yeux collés au paysage, la ville change si vite, jamais pareille, l'intérêt est permanent… Ici, ils ont fermé boutique, que se passe-il ? Là, on ouvre une nouvelle enseigne, les terrasses des cafés sont pleines, le soleil fait attendre tout le monde autour des tables, on parle, on fume, on boit... On bronze ! Le pétainiste était descendu depuis longtemps, tout était calme.

Je saisis des bribes de conversation, c’est la vie de tous les jours qui bavarde, et la vie de tous les jours, justement elle m’intéresse beaucoup, vous savez bien, elle a des petits côtés de la mienne. Derrière moi j’entends deux messieurs qui parlent de leur santé, l’un avait été opéré d’un cancer du poumon et se portait bien, l’autre avait refusé de se faire opérer, j'ai refusé, voilà, oui, j'ai refusé l'opération, je suis un traitement de radiothérapie, vous savez avec la radiothérapie ils font des merveilles... Tout simplement, il avait dit : j'ai refusé l'opération……

J’ai dressé l’oreille, un homme qui refuse de se faire opérer d'un cancer, comment c'est possible ? Comment avoir la capacité de prendre une telle décision, comment avait-il fait pour choisir, allez hop, j’ai refusé ?

Je ferais quoi, moi ? Moi qui ai plutôt tendance à faire confiance aux médecins… Je trouvais cet homme absolument admirable, téméraire, audacieux, courageux, j’ai décidé de ne pas me faire opérer, voilà, et je suis encore là, voyez… Moi, j’entendais qu’il était là et bien là, je n’ai pas vu son visage, je n’ai pas voulu le dévisager en descendant à ma station, vous pensez, un homme qui avait décidé de ne pas se faire opérer pour soigner une maladie grave… Il allait peut-être mourir la semaine prochaine… Et toutes les questions de la vie et de la mort défilaient dans ma tête, comment je ferais, moi ?

Tous les hôpitaux de Paris se valaient, ceux que les deux hommes nommaient, le professeur untel est vraiment bien, très bien en effet… Le non opéré prenait des nouvelles de son collègue opéré, assis en face de lui… Il lui a dit, je suis heureux pour vous si tout va bien, vraiment heureux..

Encore un dialogue de sourds, pas de dialogue du tout, des monologues qui faisaient la navette d’une tête à l’autre, chacun cherchait seulement à conforter son point de vue, mais même un dialogue de sourds ça fait du bruit dans les cerveaux, dans le mien aussi. Le tintamarre a cessé quand l’un des deux, celui qui s’était fait opérer, est descendu à sa station.

Les pacotilles de Venise...

Alors, j’ai retrouvé un peu de santé, j’ai tout oublié des maladies que je pourrais avoir, je me suis concentrée sur mes prochains achats : un sac pour aller à Venise, rappelez vous (mon post du 24 février 2011), un sac pratique, pour tout mettre et partir tranquille à l’aventure, mais reste-t-il encore de l'aventure à Venise ?... Tout est répertorié, illustré, raconté, photographié, l'histoire des grands hommes, des petits, tout, tout, tout a été dit, les jardins secrets, secrets de polichinelle, les Venises insolites, je vous assure, un truc de fou... Vous y croyez encore ? Moi, je vais chercher...

J’ai refais surface avec joie, j’avais un tout petit projet, les vacances à Venise approchent, on ne peut pas plaisanter avec ça, il me faut un sac totalement adapté, voilà des années que je cherche, j’ai trouvé l’idée… Un grand sac en bandoulière, léger, spacieux, confortable, oui c’est ça, cherchons… Le temps presse !

Avant de descendre moi-même, j'entends une dame qui parlait déjà depuis un bon moment dans son portable, clore avec peine sa conversation par : shabbat-shalom, nous étions vendredi, elle avait la voix claire, gaie, elle avait la voix qui tournait aussi vite qu'un moulin à poivre : shabbat-shalom, plusieurs fois elle répéta cet au revoir de fête, de fin de la semaine, une voix de rendez-vous...

Les jets d'eau de la place de l'Hôtel de ville crachait des rivières, le ciel était bleu, il faisait chaud, j'étais totalement confiante, "La vie devant soi", je ne sais pas pourquoi ?

La rivière et l'aventure...


mercredi 11 mai 2011

J'ai eu un Stylish blogger Award !

Merci Martine d'avoir eu cette belle pensée pour mon blog... Vraiment touchante...

Mais voilà comme je suis nulle en anglais (comme on le sait) j'ai donc fait des recherches de traduction sur Google pour savoir ce que Stylish blogger Award voulait dire, je traduis pour les nuls comme moi : prix du blog élégant !! Dites-moi si je me trompe !!!

Il faut faire 7 révélations quand on a eu cette récompense, mais moi je pense qu'à travers mon blog vous savez presque tout, et puis j'ai dit beaucoup de choses aussi sur mon profil...

Pour le choix d'autres blogs, c'est trop dur à faire, je fais comme l'abeille je butine ça et là sur des tas de blogs et je ne peux donc rater personne :-)))

En butinant justement je me suis aperçue que le monde des blogueurs n'avait pas de limites... Poésie, littérature, photos, voyages, humour, art, des petites histoires comme les miennes et 100000 autres thèmes encore...

Je n'ai donc pas envie de choisir sept blogs, je vais plutôt continuer mes visites d'adresse en adresse et faire autant de voyages... Passionnants.

Je remercie tous les blogueurs qui viennent sur mes histoires et qui me laissent des petits messages que j'aime beaucoup, et aussi tous les inconnus qui passent, tels des promeneurs solitaires... Des bons marcheurs...

A bientôt chers amis !

samedi 7 mai 2011

Les cours du Marais...


L'ange du Marais au métro Arts et Métiers, qui veille...

Il faisait si beau, je me suis dit, si j'allais faire un petit safari photo dans le Marais, mais pas n'importe où, le Marais c'est grand et mon genou droit me taquine, j'ai visé juste l'endroit de mon enfance, j'avais de quoi faire, entre les stations de métro Temple et Arts et Métiers. Quand il faut tout revisiter c'est long et épuisant. Je m'arrêtais à chaque grande porte, mais avec les digicodes pas moyens de pénétrer, j'appuyais donc au hasard, quelque fois ça s'ouvrait tout seul, quelque fois non, et je passais mon chemin.

Le beau Combas rue des Haudriettes

Le mur peint depuis plus de 20 ans rue Béranger... Toujours vivant


Le petit coup d'oeil miroitant à Einstein, par un amateur ?


Le grand mur dans le grand trou de la rue des Haudriettes

J'ai eu l'idée d'allers photographier ces deux ou trois murs peints que je connaissais, dont un très vieux, celui de la rue Béranger, voyez ce qu'il en reste, et par ici la visite, regardons un peu comment le quartier évolue. À la place de ce grand mur (État des lieux), il y avait là tout un tas de petits immeubles, un épicier où j'allais chercher le lait... Frais. Maintenant, c'est un petit square grand comme un mouchoir de poche, totalement asphyxié par les voitures qui passent le long de tous ses côtés.

La carcasse du carreau du Temple

Mon petit tour de quartier tourne autour du carreau du Temple, qui aujourd'hui est entièrement désossé, ne reste debout que l'ossature en fonte. Ce grand marché, réservé à la vente de vêtements, avait eu un succès populaire énorme pendant les années 1950/1970. La construction datait du début du siècle et a été plusieurs fois démolie, remaniée... Depuis le 18e siècle, sa vocation avait toujours été le commerce. Maintenant le projet de la Mairie est d'en faire un centre culturel et sportif, expositions et activités économiques y seront accueillies, l’inauguration est prévu pour 2013.

Juste à côté, il y a l'École supérieure des Arts Appliqués de la ville de Paris, qui forme des jeunes au design dans tous ses états (mode, vêtements, alimentaire, maison, etc). L'immeuble date de 1856, il est fait de belles briques, et je vois avec horreur qu'il n'y a aucune image sur le net qui montre sa belle architecture, je vais donc être obligée d'y retourner pour prendre la photo...

De très beaux cafés, très branchés, attendent les nouveaux clients qui vont forcément aller avec le nouveau projet municipal, beaucoup d'artisans et créatifs se partagent les cours, formant de véritables petites ruches.

Mon école primaire

Je suis passée devant mon école maternelle, mon école primaire, devant ma rue, dans ma cour, rien n'a changé de l'extérieur , j'explore chaque cour, chipée aux tracas des verrouillages électroniques et je suis bien récompensée, je découvre la ville comme je peux le faire à Venise, pour dénicher les beautés cachées.

Là, j'ai dû attendre pour rentrer qu'un habitant en sorte...


Rue des Quatre fils

À l'abri du monde...

Les belles entrées du 18e siècle, escaliers en pierre, rampe en fer forgé, d'époque...

Les hôtels particuliers...

Dans certaines cours, j'ai attendu un peu, que quelqu’un sorte ou entre, et je me suis glissée derrière, je suis toujours bien accueillie avec mon petit pass : "je suis née dans le quartier"... Ah ! Très bien, faites toutes les photos que vous voulez...

Mon genou ne disait pas la même chose, il criait, arrête maintenant, j'en ai assez, moi !

Mais je ne sais ce qui se passe entre le corps et l'esprit, c'est toujours l'esprit qui prend le pas sur les maux du corps, comme ça peut... Le plus longtemps qu'il peut !

J'étais à mon affaire et clic et clac, même pas le temps de m'asseoir au comptoir, pour siroter le petit noir que j'adore, pourtant il y en avait de beaux cafés dans la rue Béranger, autour de l'École des Arts Appliqués, les terrasses ombragées par les branches de marronniers, le calme et l'accueil des tables ensoleillées... Je regardais, j'incorporais les nouveaux espaces, je gommais les anciens...

Malgré mon genou qui criait, arrête un peu, je continuais à courir de tous côtés, tiens, ici on vend des vêtements, je me souviens d'une boulangerie, ici un bureau d'études, je me souviens d'un cordonnier, et là un resto de pâtes italiennes, je me souviens d'un épicier...


Charlot, pochoir qui n'existe plus aujourd'hui... Rue Charlot

Plus loin, beaucoup plus loin, l'église arménienne, au coin de la rue Charlot, cette marchande de journaux qui vendait aussi des bonbons, en transformations successives, pour devenir à son tour un superbe magasin, mais oui et ici, ici il y avait quoi ? Je ne me souviens plus de rien, mais des galeristes exposent des oeuvres à foison... Le pochoir de Charlot, rue Charlot, a disparu, badigeonné en blanc.

Dans le dédale des entrées, la cour verte, visible seulement pour les aventurier(e)s



Juste en face de ma maison d'enfance...

Il y a encore des enfants qui jouent dans la rue, les voitures passent, nombreuses, dans les cours il y a des jardins, des arbres et des fleurs, aux balcons les couleurs s'en donnent à coeur joie...


Comme Georges (Perec), je me souviens des loges de concierges, qui sont devenues des lieux de rangements, des petits ateliers, de minuscules appartements, des mystères, ces concierges qui ouvraient la porte d'entrée jusqu'à minuit et vous deviez dire votre nom en passant devant sa loge, vous imaginez ?

Je me souviens que je faisait presque le tour complet des Archives Nationales, à cloche-pied, en grimpant sur le petit rebord qui dépassait du mur, comme une guirlande de pierre, uniquement faite pour les jeux d'enfants...

Je n'avais pas fait beaucoup de route, entre mes stations de métro préférées, mais que de souvenirs allègrement m'étaient remontés à la tête, aujourd'hui, je fais la touriste éclairée... Mais mon genou crie, reste un peu tranquille, rentre à la maison, tu reviendras prendre la photo qui te manque un autre jour...

A bientôt, revenez pour la photo !