mardi 31 mai 2011

Les turbans...


La vue devant le Sacré-Coeur, il fait beau

Je ne vous ai pas encore parlé de cette histoire, celle des turbans, non ?

Alors voilà, notre chorale travaille depuis quelques mois une œuvre originale composée par notre cheffe de chœur (à partir du livre "Gargantua", de Rabelais)... On répète, on répète, sans relâche, car avec nous, il faut s'accrocher et avoir beaucoup de patience, notre cheffe a beau nous donner les indications de nuances, de progression, de prononciation, nous faisons d'abord (presque) comme si elle n'était pas là, nous essayons tout par nous-même, nous faisons à notre tête, puis nous progressons lentement mais sûrement... Vous savez, notre chœur à la tête dure, il est frondeur, mais le cœur est bon... Finalement, la musique sort avec une très grande émotion et un son particulier, qui nous est propre, disent nos proches.

Nos noces de porcelaine... (post du 7 février dernier)

Au bout du compte, nous faisons comme elle dit, nous la suivons au doigt et à l'œil, mais pour en arriver là, il nous a fallu vingt ans de pratique, de chef de chœur en chef de chœur, de répertoire en répertoire, de concert en concert, de spectacle en spectacle… Notre adolescence a été longue et turbulente, nous sommes de grands enfants difficiles à mater...

Donc, reprenons, Gargantua est une œuvre musicale avec partie parlées, nos instruments de musique sont des verres de cristal, des clochettes, des petites cymbales et des tambours, nous imitons aussi les cris des animaux de la ferme… Vous voyez ? Très Moyen-Âge... L’histoire de Gargantua est grossière, on parle de cul, de bêtes à deux dos, de belle matière fécale, enfin, vous le savez, Gargantua ne mâche pas ses mots, et ça nous va très bien.

Pour la mise en scène, nous avons décidé de nous habiller tous en noir et de porter sur la tête un turban noué de couleurs vives et soyeuses.

L’histoire que je vais vous raconter concerne uniquement les turbans…

Dans un groupe, seules quelques personnes travaillent activement et prennent les décisions, suivies en cela par l’adhésion des autres qui sont bien contentes que tout se fasse sans elles… Néanmoins, elles encouragent le noyau dur à poursuivre les initiatives et le bon travail entrepris… C’est comme ça, dans tous les groupes, il y a les reines et les ouvrières. Chez nous, les ouvrières sont toujours contentes des reines et leur font entièrement confiance…

Le petit café de l'arrivée

D’accord, on va enturbanner le groupe, pour cela il faut aller au marché Saint-Pierre, acheter les tissus... Il nous a bien fallu deux voyages pour faire le choix des tissus, évaluer les prix, calculer les métrages, choisir les commerçants, et passer une bonne journée.

Je faisais donc partie du groupe des (trois) acheteuses.

Le thé à la menthe

Au premier voyage, on s’est d’abord assises bien en face du Sacré-Cœur, dans un café tout ce qu’il y a de touristique, et nous avons pris notre café du matin... On avait décidé de faire un premier tour pour évaluer les prix, les couleurs disponibles, la largeur des tissu, les matières… Une belle journée avec soleil ! Et de réflexion en réflexion, nous avons pris le temps d’aller déjeuner à Belleville, et de fil en aiguille, nous avons remonté le Boulevard de Ménilmontant, pris un thé à la menthe et petits gâteaux algériens faits maison… Nous avons marché à côté du métro, jusqu’à chez nous, ce qui faisait une belle petite trotte…

On avait évalué, touché, précisé notre choix, expérimenté le marché, nous reviendrons pour acheter un autre jour, il fallait réfléchir…

Nous avons aussi beaucoup ri, beaucoup appris, pris du bon temps ensemble à bavarder, en somme, un bon jour de vacances et d’amitié, à la capitale.

Le café et les calculs...

Le choix...

Le bouquet de tissus

Au deuxième voyage, les jeux étaient faits, attention, nous avions une lourde responsabilité. Nous avons donc fait exactement comme la première fois, la première halte au café face au Sacré-Cœur, pour une mise en forme indispensable. Nous avons alors sorti les crayons, la calculette, et avons compté, recalculé les métrages de tissus nécessaires… Les commerçants lauréats étaient repérés suite au premier voyage, nous n’avions plus qu’à passer à la caisse.

Nous sommes repassées par toutes les cases plaisir : le café du matin, le déjeuner du midi au restaurant à Belleville, le thé à la menthe et même la défense d’un artiste qui faisait une œuvre sur le motif (trottoir), pris à parti par un agent de sécurité de la ville de Paris. Attention, l’affaire était grave, nous étions attablées devant nos thés et le pauvre homme se voyait verbalisé pour saleté sur la voie publique… Nous sommes allées immédiatement au secours de la création, et nous avons gagné la partie, pas de contravention, juste une petite parlotte de mise au point avec l’agent, et l’art fut sauf !

Le mur peint du Bd de Ménilmontant

Le mur peint... Suite.

Nous avons beaucoup ri, beaucoup appris, pris du bon temps ensemble à bavarder, à regarder les murs peints… À nous extasier de presque tout.

Nous ne savions pas encore s’il y aurait une troisième excursion…

Il ne nous restait plus qu’à prendre rendez-vous pour la journée machine à coudre pour réaliser une trentaine de turbans…

L'assemblage des couleurs

Les turbans réalisés

Nous l’avons faite chez moi, arrêt goûter obligatoire devant un bel ananas frais pour remonter le moral des troupes… Terminé les gâteaux au miel et aux pistaches, on ne pouvait pas, en plus, prendre des kilos pour les costumes…

Mais une journée n’a pas suffi pour tout faire, nous avons partagé le travail en trois, et chacune et repartie avec son ouvrage sous le bras…

Nous avions beaucoup ri, rien appris de particulièrement important en couture , beaucoup bavardé comme d’habitude, être ensemble restait l’essentiel pour faire de la belle ouvrage…

Voyez notre beau travail... Revenez très vite, pour nous voir enturbannés lors de notre prochain concert....

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