mercredi 29 février 2012

Le poivron rouge... Et la petite maison !



Petites histoires de grandes surfaces...

Ma grande surface de ville, c'est comme le marché des campagnes, j'y fais des rencontres improvisées, des trouvailles inédites, on vend de tout à la campagne, j'y vais avec mon panier, dans ma ville, pour deux trois courses, je ne prends rien que les sacs en plastique payants qui ne nuisent pas à l'environnement, et je préfère quand même y aller le moins souvent possible.

Quand mon réfrigérateur est entièrement vide, je me décide, je réfléchis, je fais ma liste et je prends mon grand sac à roulettes, direction la grande surface, à cette heure-ci il n'y aura pas beaucoup de monde.

Je ne fais pas de grands tours, avec ma liste GPS je vais droit au but, mais n'empêche que je me laisse distraire par les couleurs et les nouveautés comme tout le monde.

Devant les légumes des jardins lointains, je fais la grimace, ça vient de bien trop loin, je ne prends pas, et puis d'autres fois, hypocrite, j'oublie qu'ils ont pris l'avion...

Je me trouvais donc devant le tas des poivrons de toutes les couleurs venus d'ailleurs, bien brillants, beaux à voir... Une vieille dame à côté de moi, voyant que je m'y intéressais, me demande avec une courtoisie et une amabilité surannées, d'une petite voix de papillote : madame, excusez-moi de vous déranger, je peux vous poser une question ? Bien sûr, je vous en prie, et je mets aussitôt mon oreille à sa disposition... Comment faites-vous pour enlever la peau des poivrons, question digestion j'ai des problèmes, et je cherche comment faire pour les éplucher facilement... Oui, je comprends, vous avez raison, les poivrons, les verts surtout, ne sont pas faciles à digérer, oui, oui, justement, comment faites-vous ? Mais ne me laissant rien dire encore, elle enchaîne sur le fond de la question : oui, moi je les mets dans un papier d'aluminium et je les fais griller sur le gaz, mais ça m’abîme tout mon gaz ! Oui, je comprends, j'ai bien essayé de les griller au four, mais je n'ai plus de four... Elle portait un petit chapeau d'hiver, mince, souriante, et passionnée, je n'avais plus qu'à l'écouter, sans répondre, c'était parfait, elle parlait pour deux, j'avais largement le temps de prendre mon élan pour la réponse. Je me disais, à son âge elle doit sans doute tout savoir sur l'épluchage du poivron, que pourrais-je lui raconter qu'elle ne connaisse déjà ?

Mais non, cette dame voulait en savoir plus, elle cherchait encore, elle n'avait donc pas épuisé totalement son potentiel de découvertes, elle pensait qu'il y  avait encore une solution à son problème de digestion, elle croyait encore au miracle, elle m'a tout de suite plu... J'aime bien les gens qui ont la foi, une belle foi douce et stimulante qui aide au quotidien, sans bousculer son voisin, une foi tranquille mais soutenue, une foi intérieure solide, avec un coeur de velours et des manières de païen.

Comme elle s'était tout de même arrêtée pour entendre ma recette, j'ai pris mon temps pour lui expliquer que moi je prenais toujours des poivrons rouges, plus doux plus facile à assimiler, et je ne les épluchais jamais !

Ah bon ! Visiblement, elle n'avait pas trouvé le petit miracle qui lui ferait avaler le poivron rouge sans sourciller... Une déception, encore une... Merci madame, vous êtes vraiment très gentille, excusez-moi de vous avoir fait perdre votre temps... Elle sourit, reprit sa machine à deux roues et poursuivit son chemin... Mais pas du tout madame, j'ai beaucoup aimé notre conversation très sympathique, passez une bonne journée. Finalement elle ne prit aucun poivron, ni rouge, ni vert, ni jaune...

Cette belle rencontre me fit réfléchir sur la vie bien sûr, puisque la philosophie vient du cours des choses ordinaires que nous vivons au quotidien. Cette dame venait de me donner une belle envolée d'espérance, âgée, elle l'était, savante, sûrement sur un tas de choses que j'ignorais, en recherche encore, sur les douceurs de l’existence, elle avait pourtant tout essayé, mais cherchait encore... C'était une curieuse inépuisable...Quelle chance !



Plus loin un homme jeune me dit bonjour avec le sourire, à la première seconde, je me dis, qui c'est ? A la deuxième, bigre, d'où je le connais ? Il me prend dans ses bras et m'embrasse familièrement, je n'avais pas encore trouvé... J'ai mis les bouchées doubles pour réfléchir, voilà, c'est lui, il me manquait encore son nom... Mais l'essentiel était fait, je savais que je le connaissais, parfait, on va pouvoir converser, ah ! Oui, voilà maintenant je le remets, le nom pas possible encore, ça vient de très loin...

Comment allez-vous ? Le petit interrogatoire amical s'enroulait autour du nombre d'années où l'on ne s'était plus vus... Les nouvelles, même un peu anciennes, refaisaient surface, on se mettait à jour avec le même intérêt, il avait un bon diplôme de linguiste, n'avait jamais pu le monnayer, il s'était retrouvé depuis des années dans le secteur social où j'avais eu des responsabilités, j'avais bien vu qu'il n'arrivait à rien d'autre avec son beau diplôme... Que de rester là où on avait bien voulu de lui, trop diplômé pour la théorie, mais pas assez pour ce qu'on lui demandait, il allait d'une rive à l'autre, cherchant un accostage stable.

Bah ! C'est fini maintenant, j'ai deux enfants,  une petite maison, la vie va comme ça... Ça tangue, ça déménage, on s'installe comme on peut, on a assez d'argent avec nos deux salaires, tout va bien... Je suis contente de t'avoir rencontré, tes deux enfants, ça va bien ? Continue d'être heureux,  ne t'arrête pas en si bon chemin, bonne vie...

Je n'avais toujours pas retrouvé son nom, hum ! Même pas son prénom, hum ! Mais je reconnaissais son sourire, son histoire, un baiser aussi pour nos "au revoir", et nous voilà repartis, pour longtemps ? Chacun de notre côté.

J'ai repensé à ces deux histoires, écoutées en supermarché, belles comme je les aime, pleines d'humanité, l'espoir et la déception n'ont pas d'âge, seulement des couleurs dans les voix.

mercredi 22 février 2012

Definitely yes... Je n'aime pas le jazz !


Je ne le crie pas trop fort, je vous le dis entre deux posts je n'aime pas le jazz, c'est pas croyable cette affaire, comment ça, tu n'aimes pas le jazz ? Tu plaisantes ou quoi ? Tu veux me faire marcher ? Tout le monde aime le jazz, c'est beau, c'est fort, plein d'émotion, des virtuoses en pagaille te donnent le frisson. Qu'est-ce que tu racontes ? Non, non, c'est vrai je n'aime pas trop ça, quand je dis je n'aime pas trop ça, c'est pour ne pas blesser, pour mettre un peu  d'eau dans mon vin, euphémiser un propos qui peut paraître dur, je n'aime pas dire brutalement, je déteste le jazz, trop violent, ça peut fermer définitivement des portes, porter atteinte à son prochain, me faire passer pour méchante, peu cultivée, snob, voire réactionnaire, ça y est le mot est lâché... En douceur je mets du sucre dans ma citronnade, ça passe mieux, je choisis donc définitivement mon vocabulaire et je déclare :  je n'aime pas trop le jazz.

Ce qui peut laisser espérer que je vais m'amender, réfléchir, progresser, faire un pas en avant, écouter en doses homéopathiques pour guérir... À la fin du post je vais sans doute vous dire, allez, je vais essayer de nouveau, je suis sûre que je vais probablement aimer, le jazz c'est tellement beau ! Mais sitôt dit sitôt pas fait, quand vous serez tous partis je vais recommencer à aimer seulement Mozart et quelques autres, je me connais...

Je préférerais cent fois dire tout de go la vérité dans toute sa simplicité : voilà, je déteste le jazz, ça m'énerve, ça défrise mes tympans, ça asphyxie mon moral, ça ne me fait pas pleurer, je ne bouge même pas le pied sous la table pour accompagner le tempo, ça ne cadence pas du tout mon corps, ça ne me fait ni chaud ni froid, c'est ainsi que le bon Dieu m'a faite : celle-là détestera le jazz ! Non je n'ose pas trop le dire brutalement.

Aujourd'hui, je fais mon coming out !




J'ai pourtant beaucoup dansé sur le jazz quand j'étais jeune fille, j'ai roulé ma bosse avec les garçons, nous allions écouter du jazz, à l'époque je ne disais rien du tout, tout allait très bien, je suivais plutôt le garçon que la musique dans les boîtes à jazz où ils m'invitaient, tout le monde adorait ça, je faisais celle qui s'y connaissait, fallait être dans le coup !

Moi je préférais les classiques comme on dit, les classiques, ça c'était classe, à mes yeux et à mes oreilles surtout, ça me bouleversait beaucoup plus vite que la trompette ou le saxo. Je ne pratiquais ni le violon, ni la harpe, par contre, au piano, je jouais sans faute Au clair de la lune sur les notes blanches entre les noire. C'est limité comme harmonie...

J'aimais écouter le piano, surtout les pianissimo, ces berceuses de grandes personnes qui  font fermer les yeux et enchantent les coeurs. J'étais du temps où le jazz était présent partout, jeune, dynamique, dans le vent, ça bougeait, ça fait beaucoup de bruit et quand on a vingt ans; c'est beaucoup plus entraînant que la symphonie du Nouveau Monde...



Je fumais, je dansais, je buvais peu (déjà) et j'écoutais du jazz, dans les soirées de folie qui tiennent chaud et qui font espérer les rencontres, les éblouissements, les danses corps contre corps, j'ai connu ça avec le jazz... Pas du tout oie blanche même si je préférais Beethoven ou Mozart...

Pour ne pas effrayer les gens de mon âge je mentais, bien sûr j'adore le jazz, t'as vu celui-là comme il joue bien, et la batterie, quelle ambiance...

Plus tard, j'ai toujours essayé de m'y intéresser, ça n'a rien donné, j'écoutais cinq minutes et je pensais à autre chose... Aujourd'hui, je n'en écoute jamais... À la radio, je change immédiatement de fréquence dès que j'entends un crooner, Duke Ellington, Charlie Parker, ou n'importe qui d'autre... Je n'aime pas le jazz... Definitely yes ! Je sais, c'est mal !


Je ne sais pas du tout d'où me vient cette phobie, mais je sais que ça dure depuis toujours, c'est très gênant, rien n'y a fait, ni les amis ni les ennemis, je suis réfractaire au blues et beaucoup moins au ragtime, en fait, je suis peut-être récupérable mais il me reste trop peu de temps avec tout ce qu'il me faut écouter du côté de ce que j'aime, et puis au fond, tout le monde s'en fout si je n'aime pas le jazz, ouf !

mercredi 15 février 2012

Danielle, je vais mourir, j'ai peur !


Ce cri, comme il m’est resté dans le cœur. C’était le printemps, je m’en souviens très bien, car quand il s’est précipité dans mes bras, je me suis adossée au lierre tout neuf qui poussait sur le mur, juste derrière moi.

À la ville, pour se rendre compte du printemps, il faut bien faire attention, les fleurs bien droites sur un balcon, un bout d’herbe bien verte qui pousse entre deux pavés, un massif bleu, violet, jaune, fraîchement installé par les jardiniers... S’il reste un tilleul dans le coin qui n’a pas été coupé, alors-là oui, c’est le printemps, sa belle odeur si douce, si sucrée, vous met tout de suite le rêve en tête, pour moi le tilleul dépasse en parfum la rose et le lilas, j’adore aussi l’acacia avec ses nuages de neige au bout des branches, enivrantes. Oui, c’était le printemps dans mon bout de rue…

J’avais ce seul souci ce matin-là, comparer les odeurs, admirer les couleurs, le ciel était peut-être bleu. Depuis, dans cette petite rue à sens unique, il reste encore le grand lierre qui couvrait tout un mur, coupé de nombreuses fois dans l’année, car il marchait tout le temps sur le trottoir comme un serpent vert, on se prenait les pieds dans ses jolies feuilles, c’était un coin presque sauvage, le lierre poussait jusque par terre… Et puis un matin, il était rasé de près par le propriétaire… Je me disais : quel dommage, il faudra encore attendre des mois pour marcher dessus…

Je l’avais vu venir de loin, ce jeune homme que je connaissais bien, nous avions eu souvent l’occasion de nous parler, de nous connaître, de nous estimer, au cours de ma carrière professionnelle.

Il était en danger, je le savais : je ne sais pas comment faire pour arrêter... Essaye, essaye encore, bats-toi, je ne sais pas comment faire, je n’y arrive plus. Je ne trouvais rien à dire de plus, car il s’est mis à pleurer, je lui ai ouvert les bras et je l’ai serré sur mon cœur, il pleurait toutes les larmes de son corps, de grands sanglots résonnaient entre nous, il avait mis sa tête dans mon cou, il pleurait, ce grand jeune homme si fragile…


Danielle, je vais mourir, tremblant, il me disait ces mots terribles, mais non, voyons qu’est-ce que tu dis, tu vas guérir, ils vont bien te soigner, tu verras, tu vas t’en sortir, c’est sûr, ne dis pas ça, et je pleurais aussi…

Il n’avait pas quitté mes bras, je sentais son désarroi, il me dit alors : Danielle, j’ai peur !

Comment dire, comment faire pour réconforter un jeune homme qui connaissait son destin d’aussi près, que dire à cet homme qui pleure, qui souffre, que c’est impossible, qu’il faut encore qu’il espère, qu’il lutte de toute son âme…

Aie confiance encore un peu, je le berçais comme un enfant, il pleurait longuement dans mes bras. Je me souviens de notre étreinte qui dura très longtemps, pour une fois je n’y arrivais plus à trouver les mots qui font du bien, qui consolent, qui aident vraiment, qui soutiennent profondément, je suis allée très loin au fond de moi pour cueillir de l’espoir pour lui… Mais que ferait l'espoir contre la mort qui venait si vite, qui était là, il n'y avait plus rien à faire, presque plus rien à dire, je me suis dit, surtout pour qu'il n’entende pas : mon ami, ne meurs pas s'il te plait, lutte encore...

Je savais qu’il ne s’en tirerait pas, on en avait déjà parlé, les risques, il les connaissait mieux que moi, comment le tirer de là ? Juste avec des mots on ne pouvait rien, juste avec mes bras, rien non plus, mes larmes inutiles aussi…

Je t’en prie garde confiance, je t’en prie ne pleure plus, tu vas guérir, j’en suis sûre, le contraire ne se peut pas.

Mais tout alla de travers pour lui, ils n’ont rien trouvé pour le faire vivre, rien inventé alors pour sa survie, son prolongement, il est mort quelques mois après nos baisers d’adieu, échangés dans la rue, contre le lierre, dans le printemps, près du tilleul qui sentait l'orange et le citron...

tilleul

Mon ami, comme j’ai de la peine, tu serais encore bien plus jeune que moi aujourd’hui, tu aurais pu aimer, rire, chanter, te promener dans toutes les saisons, tu aurais retrouvé des raisons de vivre, je ne t’oublierai jamais, jamais ton regard apeuré, tes tremblements, ton désespoir dans mes bras impuissants.

Ce jeune homme est mort du SIDA, il avait presque trente ans, sa contamination était passée par la seringue qu’il avait utilisée quelques années plus tôt.

Il était doux, intelligent, intéressant, il s’était trompé de chemin, mais il l’a appris bien trop tard, on ne lui avait peut-être pas assez tendu la main ? Le baratin, les mots inutiles, on avait bien essayé de les lui dire, il avait les oreilles bouchées, bouchées à en mourir.

Mon ami, je te dédie ce post et mes pleurs t’accompagnent encore

mercredi 8 février 2012

À peine entrevue, déjà disparue..



Rien ni personne ne peut imaginer le chagrin, la douleur ressentis quand je l'ai revue et entendue.

Nous nous sommes retrouvées, à la fin d'un beau spectacle, dans un petit théâtre parisien, trente cinq ans après nous être perdues de vue. Elle avait été mon amie de jeunesse, d'adolescence, mon témoin de mariage, nous nous suivions de près, nous habitions à deux pas l'une de l'autre, Paris était à nous, nous nous passionnions pour le cinéma, le théâtre, les arts en général, la politique aussi nous intéressait, vous pensez bien que le monde ne pouvait pas tourner rond sans nous... Nous avions réponse à tout, nous voulions tout savoir. Nous prenions tout au sérieux. Nous riions beaucoup aussi, j'avais un rire de grelot... Qu'elle aimait.

On se promenait bras dessus bras dessous, et patati et patata, nous étions d'accord sur presque tout, à cet âge on est d'accord avec tous ceux que l'on aime...Pendant qu'on les aime.

Après je me suis mariée, elle en fut un peu triste, ne t'inquiète pas, notre amitié durera toujours... Nous nous suivions de loin en loin, tu vas bien ? Téléphonons-nous très vite, et puis le temps passait et repassait... Nous nous téléphonions de moins en moins et puis, plus du tout...

J'ai eu des enfants et nous avons tous continué de grandir séparément, chacune de son côté, sans s'oublier et sans se voir.

C'est pas possible, toi ! Inouï, incroyable, comme la vie est faite, tu imagines, nous retrouver là, nous reconnaissant immédiatement, mais oui, je t'ai vue tout de suite, je me suis dit : je vais attendre la sortie... Comme tu as bien fait, moi je ne t'avais même pas aperçue, il y a beaucoup de monde... Ton rire est toujours le même... Elle avait reconnu à l'instant,mon grelot...

Tu as mon adresse ? Mon téléphone ? Tu as une adresse électronique ? Tu n'en as pas ? On a sorti les bouts de papier du fond du sac, les petits carrés de rien du tout, tout froissés, tiens, juste là, j'ai noté son adresse avec le numéro de téléphone, on s'appelle, bien sûr, on s'embrasse, on se sourit encore, inouï, incroyable, si j'avais gardé mon grelot, elle avait encore tout ce que je connaissais d'elle.

Comme la vie est faite quand même, après tant d'années, être ensemble à nouveau, comme si de rien n'était, n'avait disparu, n'avait existé, pourquoi ici ? Je n'en revenais pas, je me suis dit : ce coup-là je ne laisse plus le temps passer. Nous aurons tellement de choses à nous dire, on va faire défiler les générations, aurons-nous raison ensemble ? Avons-nous fait le tour du monde ? Qu'avons-nous fait de nos vies ? Où en sommes-nous aujourd'hui ?

Je l'ai regardé partir,  nous étions en décembre, on s'appelle très vite, nous l'avons dit en même temps... Les yeux grands ouverts, nos sourires aux lèvres, jamais nous ne lâcherons nos fils, on se tiendra encore le bras, Oh ! les beaux jours !

Pas de problème, avec joie, je viens manger chez vous... J'avais appelé pour prendre ce cher rendez-vous, note bien la station de métro, oui c'est ça, c'est à cinq minutes à pied, ne t'inquiète pas, je trouverais... Surtout ne faites rien exprès pour moi, je mange comme un oiseau, tout simple, tout simplement, je veux être avec toi pour entrer dans nos conciliabules... Nous avons tant de choses à nous dire.




J'ai pensé aux fleurs : fait trop froid... Un gâteau ? Non, il y en aurait un, je vais apporter un petit objet que j'ai fait moi-même, un pompon en perles de Venise, c'est trop beau de se revoir, des fleurs ça va pas être assez, le pompon ça sera bien, pour ma meilleure amie, on ne compte pas quand on aime...

Elle était venue me chercher à la station de métro, le vent s’engouffrait dans nos manches, elle mit son bras sous le mien, et immédiatement je retrouvais cette sensation que je gardais d'alors, quand nous restions accrochées par le bras pour une dernière idée, une chose importante à dire, juste avant de se quitter, ça s'est fait naturellement, je me disais comme c'est bien... C'est là que tu habites, quel bel immeuble, je trouvais des qualités à tout, magnifique, en plein Paris, un peu sur les hauteurs, pas trop haut, on pouvait monter à pied même en cas de panne d'ascenseur...

Arrivée, mes souvenirs revenaient petit à petit, la table était ici, une grande table rectangulaire... Exact, nous l'avions, me dit son amie, j'étais venue ici une seule fois depuis trente-cinq ans et puis nous avions laissé filer le temps, faisant autrement les choses de nos vies... Nous avons fait le tour des trois pièces, j'y voyais des souvenirs accumulés, des photos épinglées, des livres, des objets, tant d'objets et deux chats. Mon pompon fit de l'effet, c'est joli et hop ! (...) Tout de suite accroché à un bouton d'armoire... Des perles de Venise !

Champagne ! J'ai pris de l'eau comme je fais d'habitude, mais je participe entièrement aux bulles des autres, je trinque avec l'eau de source, nous étions bien là, à revenir sur nos pas (...) T'en prends pas, tu veux du jus de fruit, de l'eau ? Tu es sûre ? Je ne bois jamais d'alcool, c'est mon vice.

J'ai vu très vite que mon amie de jeunesse, traînait sur les souvenirs, passait allègrement d'une situation à l'autre sans poser de question (...), allez, à la bonne nôtre, à nos retrouvailles, j'ai attrapé une petite tranche de pâté en croûte, je faisais honneur, on allait bien rester tout l'après-midi à tout rassembler (...)

Notre conversation allait d'un bord à un autre, au gré du mouvement de l'eau, comme sur une barque qui tangue un peu à droite et puis un peu à gauche, au bout d'un moment j'avais l'impression de naviguer sur un grand océan, une pagaie à la main (...), pas de vagues, pas de houle, une mer d'huile, je tournais en rond, seule au milieu des poissons... Le ciel me tombait sur la tête... J'avais répondu à toutes ses questions qui n'étaient pas très nombreuse, j'avais répété encore... Je la regardais de touts les côtés, je lui demandais beaucoup, elle répondait très serré en mots, les uns à la place des autres,  je trouvais qu'il en manquait beaucoup (...)

Allez, on passe à table, j'avais fait le point sur presque tous les membres de ma famille, et oui, déjà cet âge-là ? Mais je sentais bien que je touchais le fond, je m'enlisais un peu dans les mises à jour familiales (...) Le décompte me faisait penser à la checklist, aux notes de bas de pages dans un livre qui apportent quelques précisions, à un abrégé de la réalité, il n'y avait pas de retour, du genre : ah bon ! Raconte, précise, mais encore, mais dis voir, au fait ? Tu ne me dis rien sur (...)

Du foie gras, vous avez fait des folies, tu boiras bien un verre de vin ? Non, non, de l'eau, ne te fais pas de soucis, j'adore l'eau uniquement. Mais dis-moi, je peux te poser une question qui me taraude, quand as-tu su que tu étais homosexuelle ? J'étais allée droit au but, vous vivez depuis quarante ans ensemble, c'est magnifique ! Mais pas du tout, nous ne sommes pas homosexuelles, grand Dieu non ! Pas possible, tu sais que pendant plus trente ans je pensais que tu vivais avec ton amie, en amie de cœur. Non, absolument pas, nous vivons comme des amies, certes, nous partageons, achetons tout ensemble mais nous gardons notre autonomie, nous n'avons jamais rencontré de problème qui pouvait diviser notre vie. Nous ne sommes absolument pas un couple marital, nous vivons en amies un point c'est tout, aucun problème. Je les ai félicitées d'avoir su inventer une union qui les rendait heureuses, vraiment très original, bravo les filles, vous avez su fabriquer votre belle entente, encore une belle aventure humaine qui connait un magnifique parcours (...) Mais tous les mots qui racontaient le beau parcours avaient été dits par son amie, ses mots à elle étaient là pour la forme, ils ne renfermaient rien de plus que la forme (...) Manquaient les points et les virgules, les accents graves et les aigus (...) Les mots avaient perdu leur profondeur, on ne voyait rien de l'intérieur, orange, voulait dire seulement : fruit, il avait perdu d'un seul coup son goût, sa couleur, son odeur, le ciel bleu, le soleil, vous aviez beau le retourner dans tous les sens, il disait fruit, sans rien autour (...)



Avec ma pagaie, sur l'océan, je tournais en rond...D'accord, j'étais donc restée avec une fausse idée de la vie de mon amie pendant plus d'un demi siècle... Vite, je change tout de suite d'idée, je vais de son côté, il me manquait pourtant des pièces au puzzle (...)

Mon aventure aquatique dura, dura, je pataugeais dans l'océan...

Nous étions toujours à table, mais rien ne s'y passait,  nous sommes pourtant arrivées aux voyages, elles me disaient être allées au Vietnam, au Brésil, en Afrique du sud, en Chine... Mais c'est seulement du Vietnam dont mon amie se souvenait, uniquement du mot (...) sans impressions précises, sans soleil couchant... J'avais tout compris, depuis un petit moment déjà j'avais eu envie de partir, fuir, pleurer seule dans un coin, oublier, déserter, ne plus jamais revenir, remonter le cours de mes années sans elle, surtout sans elle. Vite, je dois m'en aller, ne plus vivre ce cauchemar, prendre mon manteau et courir loin...


Je la regardais mon amie, parler avec les mots sans relief, sans cesse répétés, ses mots décor n'étaient plus remplis de sensations, disparus les images, les gestes qui accompagnent les couleurs des bois, des forêts, les vastes étendues du monde, les ribambelles de petits cailloux que l'on ramasse sur les chemins des voyages et qu'on rapporte dans les yeux, le nez,  les oreilles, les paroles dorées par tous les soleils couchants... Envolées, évaporées, disparues (...) les paroles ignorées (...) Pour elle, un seul mot suffisait pour évoquer les splendeurs de l'Asie, un seul mot ressassé, juste le mot du pays visité, et puis très vite oublié entre la poire et le fromage... Nous sommes bien allées au Vietnam ? La Chine aussi, c'était bien ça ? Oui, je te l'ai dit déjà, disait en écho son amie... Deux mots pour tant de kilomètres carrés (...) Tu boira bien un peu de vin ? L'eau ne s'était pas changée en vin, mon amie continuait sur sa lancée (...)

J'avais envie de sauter par dessus tout ça, de retourner dans l'autre sens, j'étais seule au milieu de l'eau, je barbotais lamentablement, l'océan s’agrandissait, ma barque de sauvetage était un point sur l'horizon... Partir, partir d'ici, au plus vite.

Mon amie n'avait plus de mémoire (...) Elle se soignait depuis longtemps, mais les mots ne revenaient pas (...)

J'ai terriblement compris qu'elle pouvait encore rester sur des impressions vagues, au tableau noir de sa mémoire l'éponge effaçait lentement l'amitié, l'amour, le sable et l'eau, les poissons sans doute, le champagne, et demain ? Comment fera le vent léger sur son passé ? (...)

Elle a regardé sa montre furtivement, je me suis dit, elle fatigue, je vais prendre congé, pourquoi c'est comme ça, pourquoi, pourquoi, j'ai mal, je pleure... Nos beaux souvenirs, je vais être seule bientôt à me les rappeler.

Et notre présent ? Il sera comment ? Entre elle et moi, c'est fini ? Nous avions tant de choses à nous dire (...) À la place de ses mots il y avait de l'eau, des larmes dans mes yeux...



lundi 6 février 2012

L'homme et l'animal, inven...Terre ! À l'aide !





Depuis la nuit des temps, les humains ont recherché des comparaisons avec le règne animal, afin de louer ou souligner qualités et défauts. Ils ont aussi inventé de belles injures pour insulter comme il faut leurs congénères. Je vous invite à prendre le relais de ma petite entreprise, pour m'aider à pousser plus loin l'investigation.

Je dois vous dire que je me suis bien amusée à dresser des listes, créer des catégories, pour faire rentrer tous le monde dans le même bateau, à l'exemple de Noé. Mais je ne suis pas sûre du tout que tout le monde soit sur le pont, ni sur le bon pont... Je compte sur vous pour compléter les rubriques... Grâce à vous, nous pourrons lever l'ancre sous peu... Amusez-vous bien ! (comme moi)...

L'homme et l'animal sur le plancher des vaches : Souffrir/Malade/crever comme une bête, voyez...

Animaux de la ferme :

Manger comme un cochon
Courir comme un lapin
Dents de lapin
Mère/papa poule
Mollet de coq
Bouche en cul de poule
Mon cul, c'est du poulet ?
Chair de poule
Marcher comme un canard
Gras comme une oie
Patte d'oie
Brailler comme un âne
Frisé comme un mouton
Mouton de Panurge
Doux comme un agneau
Sauter comme un cabri
Gueuler/pleurer comme un veau
Couilles de taureau
Fort comme un boeuf
Souffler comme un boeuf
Yeux de lapin russe
Oreilles de lapin
Faire le dindon de la farce
Grosse vache/truie (insulte)
Tête de veau (insulte)


Les animaux familiers amis de l'homme :


Fils/fille de chienne
Vie de chien
Mal de chien
Crever comme un chien
Travailler comme un cheval
Fidèle comme  un chien
Monter sur ses grands chevaux
À cheval sur les principes
Sobre comme un chameau
Mine/air de chien battu
Oreilles de cocker
Mine de cocker
Fin limier





Les animaux rampants 






Tortiller/bouger comme un ver
Langue de vipère
Peau de serpent
Peler comme un serpent

Les animaux des eaux :

dessiner_un_poisson.jpg
Bouger/fuyant comme une anguille
Nager comme un poisson
Muet comme une carpe
Frétillant comme un gardon
Frais comme un gardon
Faire le maquereau
Aller chez le merlan
Faire des yeux de merlan frit
Marcher comme une tortue
Plate comme une limande

Les oiseaux et autres volants du ciel :


Se rogner les ailes
Manger comme un oiseau
Fier comme un paon
Tête de linotte
Bavard comme une pie
Siffler comme un merle
Dessins animés : Les Animaux du MondeSiffler comme un rossignol
Siffler comme un pinson
Gai comme un pinson
Tête de serin
Cannes de serin
Bailler aux corneilles
Voler de ses propres ailes
Déployer ses ailes
Léger comme un plume
Oeil de perdrix
Répéter comme un perroquet
Baiser de papillon
Moche comme un taon
Taille de guêpe
Butiner, papillonner
Une grue
Faire le pied de grue

Les animaux sauvages :




Courir/cavaler comme un lièvre
Bec de lièvre
Rusé comme un renard
Des yeux de lynx
Hurler aux loups
Des yeux de biche
Pied de biche
Puer comme un putois
Malin comme un singe
Velu comme un singe
Grimacer comme un singe
Fait comme un rat
Dormir comme un loir
Dormir comme une marmotte
Myope comme une taupe
Crinière de lion
Se battre comme un lion
Larmes de crocodile
Peau de crocodile
Cou de girafe 
Peigner la girafe
Femme girafe
Ours mal léché 
Mémoire d’éléphant 
Vendre la peau de l'ours
Souffler comme un phoque
Souffler comme une baleine
Avoir des dents de requin
Gros pachyderme (insulte)
Gros hippopotame (insulte)
Grosse baleine (insulte)
Face de rat (insulte)
Gueule de macaque (insulte)

Et puis d'autres expressions où l'homme se compare à tout :



Raide comme la justice
Pied marin
Être dans la lune
Panier percé
Doigts de pied en éventail 
Et mon cul sur la commode
Yeux ronds comme des billes
Tête de gland
Tête de con
Faire du boudin
Faire l'andouille
Se faire un sang d'encre
Être dans la purée
Cheveux raides comme des baguettes de tambour
Rouler une pelle
Nez en trompette
Se taper la cloche
Coeur d’artichaut
Coeur sur la main
Pleurer comme une fontaine
Numéroter ses abatis
Pisser dans un violon
Pisser dans le désert

Trembler comme une feuille
Oreilles en feuille de choux
Oreilles en chou-fleur
Nez comme une patate
Doigts comme des boudins
Cuisses comme des jambonneau
Aimable comme une porte de prison
Boire comme un trou
Vie de barreau de chaise
Être dans la galère

(Tous les dessins d'animaux (noir et blanc) sont de monsieur Yves Boussin -artiste-peintre)


Tous dans le même bateau, mettez-y votre patte, prenez votre plume d'oie, complétez le tableau, merci d'avance chers visiteurs...

vendredi 3 février 2012

Venise 2012... Forgive me please !


Il faisait beau comme d'habitude, la semaine était épatante, j'avais mon plan pour la journée, une expo, des photos, des rencontres, des explorations... Dans la petite salle de bain de mon logement, je terminais ma toilette, en petit tenue ultra légère, en fait j'étais toute nue avec rien dessus... Mon appartement est situé au rez de chaussée d'un petit immeuble, quand j'ouvre mes fenêtres je n'ai pas une très grande vue, juste un rosier qui a du mal à pousser, quelques lauriers roses, un rail de pelouse guide les visiteurs vers l'entrée de l'immeuble et se poursuit jusque sous mes fenêtres...

Un peu plus loin, de grands arbres serrés m'empêchent absolument d'imaginer le moindre horizon... Autrement dit je n'ai aucune vue ici que je puisse photographier pour épater mes amis...

Donc, c'était un matin bleu de Venise, il faisait doux, l'été vous passait sur les épaules comme de la mousseline, j'étais à ma toilette, j'avais laissé la fenêtre poussée mais pas fermée, les vitres habillées d'un film blanc translucide laissaient passer la lumière et m'abritaient des regards indiscrets... J'étais nue comme un ver et j'étais bien...

Soudain, je vois la fenêtre s'ouvrir comme par magie, et la tête d'un homme jeune, genre Japonais, avec lunettes et grand sourire, apparaître dans l’entrebâillement... Catastrophe ! Mais que me veut-il celui-là, même pas le temps de prendre une serviette pour couvrir ce sein qu'il n'aurait pas dû voir, et qu'il a vu tout de même... Je hurle : mais enfin !... Les mots m'ont manqué, je n'ai pas pu dire sur le moment tout ce qui me venait de méchant, je suis restée quasi muette pendant quelques secondes... Bien sûr je me suis reprise très vite, et j'ai hurlé, zut, zut et zut, on ne peut pas être tranquille chez soi !

Puis, reprenant mes esprits totalement et sereinement, j'ai terminé mes ablutions en me disant que je n'allais pas en faire un drame, c'était peu de chose, voilà, un homme jeune avait poussé ma fenêtre, croyant sans doute y trouver quelqu'un d'autre, mais quand même, j'étais vexée mais pas catastrophée. il m'avait vue totalement nue, mais je m'en remettrais très facilement, je pense !

Je finis de m'habiller, pomponnée, j'oublie vite la petite scène osée,  me voilà prête pour de nouvelles aventures Vénitiennes, j'entends alors sonner à ma porte,  qui ça peut bien être ? Je ne connais personne à Venise même, j'écoute, j'hésite un peu, le facteur est déjà passé, d'habitude il crie pour qu'on lui ouvre le portail, là je n'ai rien entendu, bon, allez je vais ouvrir, c'est peut-être un voisin ? J'étais totalement présentable et parfumée.

J'ouvre la porte avec précaution et là, je vois mon jeune Japonais, en pleurs, rouge et en sueur, ses mains jointes sur son ventre formaient une petite niche sur laquelle il avait posé, bien en évidence, une carte postale du Sacré Coeur, je me suis dit immédiatement : ça y est, le cauchemar recommence, que me veut encore cet acharné ?

Des gouttes ruissellaient sur son visage, il était mal en point, pour un peu je lui aurais donné un verre d'eau, le voilà qui tremble de tout son corps et qui commence à me parler en anglais, vous savez que je ne parle pas anglais, je ne me débrouille que très très mal, sauf dans un film quand il est sous-titré... Et le voilà qui parle, qui parle, qui émet un torrent de paroles, puis il me montre la carte postale, me fait comprendre qu'il est très nerveux, qu'il n'arrive pas à vivre, qu'il est extrêmement malheureux à cause de ce qui est arrivé tout à l'heure...

Je comprends un mot sur dix mais assez pour me rendre compte qu'il est dans un état désespéré, la culpabilité le ronge, sa vie est un enfer maintenant qu'il m'a vue toute nue à ma fenêtre, vous pensez, une femme à qui sans doute il doit respect et considération, j'avais l'âge, bien l'âge d'être sa mère, c'était terrible... Probablement des angoisses excessives héritées de sa culture ?

Il se met à trembler des pieds à la tête, et me demande de lui pardonner... Je le regarde effarée et j'abrège tout de suite ses souffrances, en lui disant le plus solennellement possible : allez en paix mon ami, je vous pardonne.

Il me tend alors la carte postale du Sacré Coeur, comme il aurait offert le Saint Sacrement, sourit, s’essuie les yeux, s'incline devant moi, soulagé, me remercie encore et encore, et prend congé avec moult courbettes...

J'ai compris en essayant de reconstituer le parcours du combattant, que ce jeune Japonais, cherchant des amis qui étaient logés dans le même immeuble que le mien, avait poussé ma fenêtre croyant que c'était la leur, et était tombé sur l'odalisque du rez-de-chaussée, côté rosier rose, alors que ses amis étaient du côté hortensias bleus ! Mince !

Sur la carte postale sacrée, il avait écrit ces mot en anglais : Madame, pardonnez mon arrogance, ne m'en veuillez pas, je suis un vilain homme, merci pour toujours (traduction personnelle proche de l'exactitude).

Je me suis dit en souriant, j'espère que mon pardon lui aura suffit pour qu'il puisse couler des jours heureux, et surtout ne pas gâcher son séjour à Venise... Pour si peu.

J'ai recherché la carte postale pour vous la montrer, mais je n'ai rien retrouvé... Il faut me croire sur parole...