vendredi 29 juin 2012

Les dernières, dernières, nouvelles... Peut-être...



Je ne veux pas partir sans vous recommander deux films, le premier du Russe A. Sokourov : Faust (Lion d'or au dernier Festival de Venise), le mythe de Goethe revisité avec énormément de talent, d'invention, des surprises à chaque plan, tout est somptueux, du début à la fin, je n'ai certes pas tout compris, mais peu importe, j'en ai perçu l'essentiel. 2h14 de bonheur garanti, la très grande beauté des images est époustouflante... Je ne comprends pas grand chose à ce que raconte Sokourov, trop compliqué pour moi, trop alambiqué, dans son film vous verrez des tas de symboles, des tas d'allusions métaphysiques, des allégories en veux tu en voilà,  il adore ça, moi je m'en suis tenue à la libre interprétation de Goethe et j'ai déjà trouvé ça extraordinaire... Pour le reste reportez vous aux critiques habituelles, totalement élogieuses, on crie au chef-d'oeuvre, je suis d'accord ! 

J'ai connu Sokurov il y a au moins 25 ans bien tassés, au festival de la Rochelle que je fréquentais assidûment, j'ai eu la chance d'y voir une petite rétrospective, il était à l'époque totalement inconnu au bataillon, ses films m'intriguaient, m'agaçaient un peu, bien des fois je suis sortie avant la fin tellement je m'embêtais... Et puis un jour, en 1997 j'ai vu Mère et fils et depuis, j'ai changé d'avis pour toujours... Pour créer un film comme celui-là, il fallait être un grand artiste, je lui pardonne tous les autres films où je me suis ennuyée, et aujourd'hui Faust, exceptionnel sur "tous les plans" me confirme dans mes choix.... C'est un grand !



Le deuxième film qui m'a totalement touchée est The Deep Blue Sea de Terence Davies, le Britannique. 1h40, un film bouleversant dès le premier plan, un film d'art, d'émotion, de virtuosité tout simplement magnifique ! Les acteurs sont  superbes... J'ai souvent été au bord des larmes et comme le dit Terence Davies, "l’exigence d'une certaine retenue - être au bord des larmes, avoir les larmes dans la voix - me semble beaucoup plus forte que le sentimentalisme". On ressent tout le temps cette émotion dans son film, en sortant j'étais envahie par toutes sortes de réflexions sur la vie, l'amour, les déchirures, les regrets, les chagrins insupportables, supportés...

Une histoire d'amour passionnée, réfléchie, confuse, retenue, exaltante, tendre et fougueuse... Une femme aime passionnément un homme, qui l'aime moins. Terence Davies développe ce thème archi fait et refait avec un talent vertigineux, les gestes, les mots, les regards servent la passion et le désamour. Dans tous ses films il y a de la musique, des chansons, ici des chansons populaires anglaises de l'après-guerre, superbes et émouvantes, j'ai dû chercher dans ma mémoire et aussi sur Internet pour retrouver quelques images de son très beau film autobiographique, classé dans le genre documentaire, porté par des chansons populaires des années 50 qui s'appelait Distant Voices, still lives, j'avais adoré...


Je vais voir avant de partir le dernier Ken Loach : La part des anges, mais là, je pars gagnante à coup sûr, j'y vais avec ce que je connais de Ken Loach, un parti pris favorable qui ne doit rien au hasard, j'ai vu tous ses films, pas un ne m'a laissée indifférente, la plupart m'ont bouleversée...


Un très grand monsieur, qui fait des films profonds, sincères, drôles parfois, mais surtout émouvants et tellement humains, il raconte avec une force incroyable des histoires souvent inspirées de la réalité, situées le plus souvent dans les milieux les plus pauvres de la société britannique, remarquablement filmés. Ses personnages, crédibles, sont toujours joués avec une justesse incroyable. Kean Loach a un style particulier : il privilégie le réalisme, le grand naturel et la vraisemblance dans les situations sociales qu'il veut montrer, comme si il n'y avait pas de scénario écrit, ses acteurs sont souvent des non professionnels, il veut faire vrai,  il ne donne le scénario à ses acteurs que quelques minutes avant le tournage. Son cheval de bataille, son fonds de commerce sont l'injustice et la pauvreté qui formatent la vie des gens les plus démunis, ses films ne sont pas des documentaires mais des fictions, il traite avec délicatesse et une dignité remarquable ses personnages. Pour La part des anges "Ken Loach rêve tout haut, avec un brin de naïveté, d'une revanche des pauvre, mais évite tout sermon assommant " (Télérama). Je peux dormir sur mes deux oreilles, et ouvrir mes yeux et mon coeur, je vais me régaler... Et aussi rire...


Ken Loach ne s'en cache pas, il a choisi son camp, c'est un cinéaste engagé dans la vie politique, du côté des plus démunis, des plus faibles, des plus fragiles de la société dans laquelle il vit, mais il ne suffit pas de faire des films militants pour qu'ils soient bons.


Ken Loach est un auteur, un excellent réalisateur, il fait de beaux et grands films qui aident à la compréhension du monde, ses films comptent, pour l'art et pour les gens qu'il accompagne avec ses images... Vous l'avez compris, je l'aime... Je me souviens avec émotion du premier film que j'ai vu de lui, il y a quelques paires d'années : Kes (réalisé en 1969), j'en ai pleuré pendant trois jours... 


Film vu, film décevant, je ne peux pas dire mieux que la critique des Inrockuptibles  "La Part des anges" n'est ni indispensable ni honteux, resucée tardive des comédies populaires italiennes des années 50. je pense que le film ne méritait pas le prix qu'il a obtenu à Cannes.


Pour une fois la fable se termine bien, "le crime paye", mais à quel prix pour le spectateur, dès le début du film j'ai bien senti qu'il ne se passerait pas grand chose, quelques bons dialogues, mais des actions pauvres, tout est cousu de fil blanc, les acteurs étaient tous des non professionnels. Le personnage principal est éboueur dans la vie... Il a repris son boulot à la fin du tournage... Bravo pour le talent de tous les acteurs...


J'attends avec intérêt le film suivant, sans doute se sera-t-il repris ? Monsieur Loach, je vous en prie, ne me faites pas mentir, donnez-nous un très très bon film la prochaine fois... J'attends !

8 commentaires:

Bretonne a dit…

Merci beaucoup pour ce petit balayage, grâce à toi Faust est au programme pour ce week-end mais The deep blue see , je suis passée à côté ; la musique du début du film m'a angoissé, j'ai détesté les chansons, de nombreuses personnes sont parties au bout de 30 mn….
Je me suis rattrapée en regardant les femmes du bus 678 et Thrisna, superbes tous les deux.
Puisque c'est le départ, bon voyage plein de sérénité.
Bises

Danielle a dit…

Françoise, oui j'ai juste eu le temps de me faire quelques films avant de partir, très déçue par Ken Loach, mais bon... Les femmes du Bus 678 écoute, je l'ai vu aussi, mais je suis un peu restée sur ma faim je l'ai trouvé un peu basique, limite pédagogique, un peu militant pas assez brillant... Je n'ai pas vu Trisna, tu n'as pas aimé the Deep zut alors :-))) Moi j'ai adoré ces airs de chansons populaires...

Allez au retour, je te bises fort fort du soir.

Michelaise a dit…

Allons bon, tu as été, toi aussi, une ardente du Festival de La Rochelle... c'était super mais j'avoue qu'on lui fait des infidélités à cause d'Avignon, faudra qu'on y retourne ! tu viendras dis ?
En tout cas, je note, Faust, ok j'étais un peu sceptique mais après ton billet, je n'hésiterai pas. Quant à Ken Loach, je l'ai adoré mais ta déception ne m'étonne guère : je crois lui préférer maintenant nettement Mike Leigh...
Salut vénitienne !

Danielle a dit…

Oui, une ardente du festival de la Rochelle pendant 15 ans, je suis partie quand il est devenu une grosse machine... Je ne pouvais supporter les files d'attente à toutes les séances et le snobisme qui c'était installé...J'ai renoncé à ce festival qui m'avait tant appris... J'en garde un souvenir ému...

Oui, j'aime aussi beaucoup beaucoup Mike Leigh

Allez je me prépare pour Venise...

Passe de bonnes vacances de ton côté...

Bises du matin.

Brigitte a dit…

Je note "deep blue"à voir s'il passe encore lorsque je vais aller au ciné avec mon amie...
Faust ne me tente guère ,je l'avoue.
Merci de ce billet très complet sur tes choix, tes impressions ,tes commentaires.
Bon séjour vénitien
Et bises amicales du jour

Danielle a dit…

Brigitte, Deep Blue est un beau film ! Plein de délicatesse et de beauté...

Je boucle la valise trés vite...

Je te bises du soir... Bon été à toi...

Amélie a dit…

En ce qui concerne les films de Ken Loach, je suis bien d'accord avec vous et je vais d'ailleurs voir dès la semaine prochaine "la part des anges" ; par contre, j'avais été fort déçue par "Just a Kiss". Pas vous ?

Danielle a dit…

Chère Amélie, je ne me souviens plus très très bien de ce film !!! Zut :-)))

De toute façon bises de Venise...

À tout bientôt...