jeudi 30 août 2012

J'ai rendez-vous, je vais les retrouver...


Mes amies m'attendent...

Je reviens bientôt, pas trop vite quand même, je vais dans l'Indre revoir tout ce petit monde-là, il paraît qu'il n'y aucune pomme, aucun fruit, aucune mûre... Je vais vérifier sur place...

Profitez des minutes qui passent, le temps lui, ne compte pas, il file à toute allure...

À PLUS TARD, PRENEZ GRAND SOIN DE VOUS...

lundi 27 août 2012

En attendant l'autobus...



 Claude Lévêque, vapeur et néon

Aucune envie de faire le reste du chemin à pied, je vais prendre l'autobus, il va bientôt arriver. Assise sur le banc, je vais attendre patiemment.

Il fait chaud, quel temps !... Fait la dame âgée à côté de moi, et c'est avec une voix toute ordinaire que la jeune femme, la quarantaine tout juste, qui fumait avec application sa cigarette lui répond : oui, il fait chaud, mais vous verrez, dans l'autobus il fait bon. Venez vous asseoir, lui dit la vieille dame, il reste une place (je m'étais aussitôt poussée d'un cran)... Non non, je fume ! Et elle rejeta une belle fumée grise par le nez, par la bouche, elle était blonde, un peu forte, souriante...

Je n'arrive pas à m'en passer, j'ai plusieurs fois essayé, mais je deviens mauvaise, je dis des gros mots, je vous assure, je deviens une teigne, je ne peux pas... La cigarette se consumait tranquillement... Mais c'est de la faute des adultes si je fume ! Vous avez raison, dit la dame aux cheveux blancs, sans savoir vraiment de quoi il retournait : oui, quand j'étais plus jeune et que j'allais dans les boîtes, on nous proposait des cigarettes, plein de cigarettes, c'est comme ça que je me suis mise à fumer, si je n'étais pas allée danser, je n'aurais pas fumé... Maintenant c'est interdit de fumer dans les boîtes, c'est bien...

Vous avez raison, dit la vieille dame, mon mari fumait aussi...

J'ai de la bronchite, ça commence à m'inquiéter... Elle ouvrait ses grands yeux bleus et souriait tout le temps, la main sur sa hanche ou relevant ses cheveux qu'elle envoyait en arrière. Je suis vraiment odieuse quand je m'arrête de fumer, quand j'allais dans les boîtes, tout le monde fumait, c'est dangereux, on rencontre n'importe qui, ils mettent quelque chose dans votre verre et hop ! Vous ne savez plus ce que vous faites..

Ça m'est arrivé à moi, ils avaient mis quelque chose dans mon verre, ils étaient deux, j'ai rien vu, rien senti, je me suis réveillée, j'savais plus où j'étais, ce qui c'était passé... Je prenais la pilule déjà, j'ai pris la pilule du lendemain pour être sûre, on ne sait jamais...


Claude Lévêque, néon et vapeur

Elle racontait le plus naturellement du monde son viol... Vous avez raison, vous n'avez rien eu après ? Non, ils avaient mis des préservatifs, je ne savais plus où j'étais mais j'ai vu ça qu'il y avait des préservatifs à côté... Elle voyait bien que je la regardais et que j'écoutais tout ce qu'elle disait sans rien dire, nous étions là à attendre l'autobus, il faisait chaud...

Quelle triste histoire, dit la vieille dame... Oh ! Mais vous savez, j'ai fait une thérapie et j'ai tout effacé, la thérapie ça efface tout... Elle a fait un grand geste de la main qui efface tout... Mais depuis, j'arrête pas de fumer, j'ai jamais pu m'arrêter...

L'autobus est arrivé, nous sommes montées toutes les trois en ordre dispersé, je repassais dans ma tête chaque mot... Je voyais la jeune femme entamer la conversation avec une autre dame, détendue, souriante, j'étais trop loin pour en saisir le sens... Le beau temps, sans doute !

J'avais été le témoin involontaire d'une histoire lamentable, dite en quelques minutes avec le sourire, dans un nuage de fumée grise...

Claude Lévêque

Claude Lévêque, néon


samedi 25 août 2012

En Avignon... Le pastel de mon frère...


Le beau pastel de mon frère 


S'il te plait, fais moi un beau pastel violet ! J'avais vu le pastel violet fait pour quelqu'un d'autre, et aussitôt je me suis dit : je vais demander à mon frère de me faire le même...

Voilà une bonne année qu'il m'avait dit, mais bien sûr, je vais te le faire... Et puis le temps a passé... J'ai toujours gardé dans les yeux la belle couleur dont je rêvais... Plusieurs fois j'ai dit à mon frère : tu te souviens de ta promesse, et plusieurs fois il a dit : oui, ne t'inquiète pas, je m'en souviens...

Et puis le temps a passé...

Après Venise (je vais y revenir plus tard), je suis allée en Avignon et j'ai encore demandé mon pastel violet... Mon frère disait toujours : oui, oui, ne t'inquiète pas...


Un jour qu'il faisait chaud, comme d'habitude, il m'a dit : viens, je vais chercher de quoi faire ton pastel, le carton et quelques pastels tout neufs. En rentrant, il l'a aussitôt posé sur le chevalet et a étalé sur sa table de travail toutes les couleurs que je voulais...




Il commence par la dentelle

Chaque jours il travaillait sur le carton, il a commencé par le dessin général, une vue rapprochée sur un beau costume provençal du siècle dernier, porté encore aujourd'hui par des arlésiennes pendant les fêtes, il a porté une attention toute spéciale aux accessoires qui ornent les toilettes des dames : ombrelles de dentelles, petits sac brodé, le page (longue chaîne au bout de laquelle il y a une pince qui retient le bas de la traîne de la  jupe pour éviter qu'elle ne traîne par terre), et il a rajouté un petit pompon bleu sur le manche de l'ombrelle, pour me faire plaisir.


Le pompon bleu est posé

Je pouvais suivre l'évolution de l'oeuvre, tous les gestes de mon frère sur le chevalet, il m'a dit qu'aujourd'hui personne ne voulait acheter de pastel parce que c'est un matériau très fragile... Pourtant si beau !

Au bout de plusieurs jours de travail, le pastel prenait forme, il taillait les bâtons de couleurs sur un papier de verre et appuyait délicatement sa main droite sur une petite baguette rigide qu'il tenait dans sa main gauche, juste au dessus du dessin, pour ne pas effleurer la matière : la craie sert à donner sa texture au pastel, les pigments donnent les couleurs et les liants, la gomme arabique conditionne la dureté et la cohérence du bâtonnet sec, il faut prendre beaucoup de précaution...


L'appui de la main droite sur le petit bâton bleu


Le papier de verre pour tailler les couleurs 

Il a ainsi fait jaillir, par magie, les trous des dentelles blanches, les dorés étincelants des ornements d'or et de métal, il a brodé chaque point de la tapisserie du sac, il a déroulé les plis épais de la robe, les ombres et les lumières ont envahi tout l'espace... Le pompon bleu était épais et doux.




Il travaille pour moi

À plusieurs reprises il a dû projeter sur le pastel un fixatif spécial pour lui garder tout son éclat et lui donner de la solidité... Un jour il a dit : c'est terminé (voir plus haut).

Nous sommes allés tous les deux acheter un cadre tout simple pour terminer le bel ouvrage...

Je ne me suis pas demandée : comment vais-je faire pour transporter ce chef-d'oeuvre dans le TGV ? J'ai pu , tout simplement et avec une extrême facilité, le placer entre deux fauteuils, avec ma petite valise qui allait avec.

À la gare de Lyon, mon amie m'attendait, je n'ai pas pu lui montrer le pastel tout de suite car il était bien enveloppé, à l'abri dans son bel encadrement... Quand je suis arrivée dans ma maison, c'est l'arlésienne que j'ai dépliée en premier...

Merci mon frère de m'avoir fait ce magnifique cadeau, merci pour ton grand talent et ton affection...


Le commencement...

vendredi 10 août 2012

Venise 2012... Entre le silence et le bruit !



Des voiles d'aujourd'hui sur le Grand Canal

Je m'émerveille du silence de la nuit, fenêtres ouvertes, volets fermés, pas de voitures, pas de feux rouges, pas de serrage de freins dans les descentes, pas de reprises dans les montées, les cloches s'arrêtent pour respecter le sommeil des citadins.

Si vous habitez dans un appartement qui donne sur un Rio, tôt le matin, vous pouvez être réveillé par le chahut des éboueurs et des livraisons de toutes sortes...

Moi, j'habite dans une petite rue très ancienne, la nuit, quand je ne dors pas, ce qui arrive très rarement, j'entends les voix des gens qui passent et qui parlent fort, le bruit des valises à roulettes et les cris des fêtards...

Je suis encore assez loin de la rue, un peu protégée par quelques lauriers roses et blancs, des rosiers grimpants qui ont du mal à se frayer un chemin le long de la grille... Mes fenêtres sont collées à celles des voisins, et fatalement, j'entends la télé des personnes du dessus : « ils sont un peu durs de la feuille », m'a dit mon logeur... Mais ce ne sont pas non plus des forcenés de la télé, ils ne l’allument pas de la journée…

Au début, c'était mon cauchemar, le soir, quand je rentrais chez moi, je me disais invariablement : pourvu qu’ils ne mettent pas la télé trop fort, et bien sûr ils la mettaient, pas trop tard pourtant, ce qui fait que finalement, c'était tout à fait supportable... Mon fils ainé m’avait dit un jour, alors que je me plaignais de je ne sais quoi : c’est bizarre maman, dès qu’ils sont hors de chez eux, les gens ne supportent aucun bruit, et cette petite maxime m’avait fait réfléchir…

Et puis... Le temps a passé et je m'y suis faite totalement, sans bougonner. J'ai tout simplement retourné la situation à mon avantage, j'ai fait de la philosophie Zen, à la suite de celle de mon fils, c’est pénible cette façon de vouloir absolument s’enfermer dans ce qui vous dérange au lieu de virer de bord : penser à autre chose, en prendre son parti, surtout que le chuchotement de leur télé en version originale n’était pas du tout exagéré… Mais moi, comme une forcenée, je voulais le silence complet… A Venise c’est souvent difficile de ne pas vivre un peu avec ses voisins quand on n’habite pas un palais, ou le dernier étage d’une maison bien située…

Un soir je me suis dit : ça suffit de te braquer, tu vas faire autrement que de te ronger les sangs pour un petit murmure de rien du tout...

 


Le clapotis de la nuit...

J'ai donc volontairement orienté mon attention vers autre chose que le sujet qui fâche...

J'ai joué normalement à la soirée très agréable qui s'annonçait admirablement bien... Je lisais, écrivais, étudiais le parcours du lendemain, je repérais l'église où je déposerais les vœux de réussite, de bonheur, de santé, d’avenir… Pour mes amis et les miens qui ne croient en rien du tout... On ne sait jamais... Parfois je regardais un DVD de ma toute petite collection personnelle...

J'avais de quoi occuper largement la soirée à des choses plaisantes... Je me suis même mise à penser à la Venise des siècles précédents où le bruit envahissait la cité, la construction des maisons, des palais, des églises qu'on édifiait, qu’on démolissait, qu'on rebâtissait au cours des siècles, le Grand Canal, il a fallu cinq cent ans pour le faire aussi beau qu'aujourd'hui... Sans compter le bruit du travail, dans toutes les cours, du fer qu'on battait, de l'eau qu'on remontait du puits avec les grands seaux en métal, le vacarme des roues des petites brouettes, charrettes, même légères, quelques chevaux par dessus les ponts, les bagarres, les cris de toutes sortes... Achetez mes beaux poissons tout frais pêchés du jour, mes rubans, mes dentelles !... Les gondoliers sur les tous les ris, ils ne devaient pas se faire de cadeaux pour la priorité, il y en avait dix mille au 16e siècle, contre quatre cents aujourd'hui, les roulements de tambours, le son des trompettes qui annonçaient les nouvelles condamnations, les coups d’épées dans l’eau, les grands voiliers qui voilaient dans le grand bassin de S Marc... Et les fêtes ! Il y en avait beaucoup, des fêtes, et les plombs qu’on brise pour sortir de prison, il n’y avait pas que Casanova qui volait de ses propres ailes, les éclairs, les coups de tonnerre... Quand tous les anges musiciens de tous les tableaux de toutes les églises soufflaient dans leurs instruments, et les luths, les violons qui s'y mettaient aussi, ça en faisait du bruit ou de la musique, comme vous voulez... Donc pour la Venise silencieuse, vous repasserez... Il restait même encore une ferme avec des vaches, à S Marta, après la guerre, m'a dit un ami... Des chiens qui hurlaient, des chats qui se battaient, y avait-il des poules, des coqs et des lapins ? Tiens, il faudrait que j'aille voir dans les livres comment on faisait ces affaires-là par ici... Seules les brodeuses, les enfileuses de perles, les doreurs et les peintres, tous ces silencieux, pouvaient légitimement se plaindre du bruit que faisaient leurs voisins...

Donc, le petit bruit du petit murmure de la télé de ma voisine, vous parlez d'une affaire...


Le silence du soir qui descend

Voilà comment je me suis débarrassée d'une nuisance, en me concentrant sur le passé, j'ai trouvé presque du charme à ce discret voisinage, surtout pour moi qui ne comprends pas l'italien, ça pouvait faire comme un gentil roucoulement de petit ruisseau, et au bord d'une rivière qui se plaint d'entendre l'eau ?

Le bruit des valises à roulettes, il faudrait que je fasse des recherches pour trouver l'équivalent au 17e siècle, au travail, la science n'attend pas, j'ai soif d'apprendre...

Et pour finir de réfléchir à l'ambiance générale de la Sérénissime, l'autre soir, comme j'écoutais un beau concert de bel canto dans la cour intérieure du Palais des Doges, bourré à craquer d'au moins mille personnes, j'entendais le léger flonflon des orchestres de la place S Marc, Puccini et Verdi s'en sortaient très bien sous la baguette de monsieur Myung-Whun Chung qui n'écoutait que sa fougue...

Alors vous parlez, le bruit des infos du monde de ma voisine...




mardi 7 août 2012

Venise 2012... La mama et sa famille descendent du taxi !



La belle lumière de S Giobbe

Quel charme de se balader dans le quartier de Cannaregio, encore très calme, beaucoup plus retiré de la foule... Ce jour-là il faisait presque frais, un vrai  temps resplendissant d’automne, un soleil doux comme une étamine de laine, pas besoin de lunettes de soleil, j’avais les yeux grands ouverts… La pluie souhaitée par tout le monde ne venait pas... Pourvu qu'on puisse mettre nos imperméables, nos parapluies, un pull, des grosses chaussures, le mauvais temps c'est pour quand ?

Pourtant, le mauvais temps n'est pas venu de la journée, juste un peu de vent marin...



La coupole en terre cuite vernissée

J'étais partie visiter la belle église de S Giobbe, discrètement posée dans un coin de Cannaregio, à l'écart des grands circuits, j'avais mon "pass", j’ai pris tout le temps qu'il fallait pour regarder dans les coins, c’était vraiment l'idéal  pour l’esprit et les genoux... Finalement la carte du  "Chorus", l’association qui regroupe sous sa coupe 17 églises importantes de Venise, permet pour la somme modique de 10 euros de visiter en toute tranquillité une grande partie du magnifique patrimoine de la ville... L'entrée individuelle d'une église coûte 3,50 euros et cela décourage les gens qui n’ont pas pris la carte, égoïstement, je ne vais pas m'en plaindre... C'est à cette église qu’appartenaient les trois magnifiques tableaux de Carpaccio, Giovanni Bellini, et Marco Basaiti qu’on peut voir au Musée Accademia… Je m’imaginais les voir dans leur cadre d’origine sur les trois autels de droite, dans la grande lumière de l’église, quelle splendeur !... L'église devrait les réclamer !




Voilà les trois autels où les oeuvres ci-dessous étaient placées, imaginez ces trois tableaux sublimes les uns à côté des autres, le tableau de Bellini étant celui du milieu qui reprend en trompe-l'oeil le dessin des pilastres de marbre des Lombardo...

Fichier:Christ Praying in the Garden.jpg

La prière du Jardin des Oliviers, Marco Basaiti, 1510 (internet)

Retable de San Giobbe


La Vierge et l'Enfant entre les saints, Giovanni Bellini, 1480 (internet)

Présentation de Jésus au Temple de Vittore Carpaccio


Présentation de Jésus au Temple, Victor Carpaccio, 1510 (internet)


À S Giobbe on peut prendre des photos, j'ai tout pris... J’adore les terres cuites vernissées de la voûte de la chapelle Martini, si gaies, si neuves, si brillantes : le Père éternel et les évangélistes, rien de plus simple… J’aime beaucoup aussi le portail épuré de l’église, entièrement végétalisé dans le marbre, sculpté par les frères Lombardo, j’aime bien passer ma main sur les feuilles, douces et chaudes… Le petit cloître attenant est maintenant fermé, il est utilisé par le patronage…L’association des rameurs tout au fond a l’air d’avoir définitivement fermé ses portes, rien ne bouge par ici, tout est calme…Près du pont, en sortant, je vois deux femmes qui font la causette en tenant leur caddie…



Le beau portail de S Giobbe sculpté par les frères Lombardo

Tout au bout sur la Fondamenta de Cannaregio, le Ricovero Penitenti, ancien couvent et son église déjà reconvertis au 18e pour protéger les prostituées repenties (femmes tombées). Il sera entièrement restauré et restructuré pour accueillir les malades atteints d'Alzheimer, accueil permanent et accueil de jour. Il y a deux cloîtres qui feront de beaux lieux de promenades pour les malades... Ce centre, m'a dit un ami, sera sûrement très cher... On peut l’imaginer, l’hôpital Civil, déjà sauvé par le gong, ne laisse rien présager des largesses municipales ou régionales… Affaire à suivre…



La restructuration de l'ensemble :  église et couvent (internet)





Le campo du Ghetto Nuovo, tranquille... Un peu gris en ce jours "d'automne"

Me voilà au bout de la Venise de l’ouest, au loin la lagune est immense et plate, je bifurque vers le Ghetto Nuovo qui reste un endroit paisible, la petite synagogue de la place est pleine,  des jeunes, des plus vieux, les fidèles débordent dans le campo…J’admire cet homme qui porte grande barbe blanche chapeau noir et foulard de prière, il me demande d’où je viens et je réponds volontiers.  Je vais m’installer plus loin pour surfer sur ma tablette... Pas de connexion sur ce grand Campo, je me dis tout aussitôt, tiens, c'est peut-être à cause du shabbat ? Il n'y a peut-être pas de connexion publique, intentionnellement ? Je ne sais pas. J'ai donc vérifié quelques jours plus tard, je confirme : il n'y a pas du tout de connexion sur le grand campo du Ghetto Nuovo, voilà qui est clair... Donc pas de petit café avec ma tablette ici, dommage... D'ailleurs, presque tout est fermé le samedi... Le petit clocheton vitré de la synagogue ancienne penche légèrement sur la place...




Le petit clocheton qui penche de la petite synagogue très ancienne

Je reprends ma route à regrets... J'attends le vaporetto à l'arrêt Guglie pour repartir plus loin... Un taxi bateau accoste à l'embarcadère du vaporetto avec toute la petite famille : la grand-mère, ses enfants et petits-enfants. La grand-mère n'est pas stable, ses enfants n'ont plus vingt ans et les petits-enfants ont largement l'âge de raison... Tout ce petit monde doit régler au mieux la sortie du bateau de la grand-mère. L'embarcation bougeait sans arrêt, la marée était basse, il y avait un bon dénivellement entre le quai et le bateau, voilà notre mamie bien embarrassée pour accoster, ses enfants l'encouragent : allez maman, tiens-moi bien, donne-moi la main, mamie, ça va aller, attends un peu que le bateau bouge moins... Mais le plus efficace fut le chauffeur du taxi, il bloqua un peu mieux son bateau et la mamie mit pied à terre, tout le monde cria, bravo, bravissimo, les applaudissements étaient fournis, la vedette avait mis pied à terre, l'affaire était faite et bien faite, je comprenais bien mieux l'expression : arriver à bon port...
     Fichier:Canale di cannaregio ponte de le guglie.jpg


Le canal de Cannaregio, le taxi est quelque part par là...

Je faisais moins la fière au Cambodge, quand je devais à mon tour, monter et redescendre d'un petit bateau pour aller manger du poisson grillé sur une petite île qui nous tendait les bras, j'étais confuse, je ne pouvais pas monter d'un coup de rein sur le bateau, trop haut ! Le conducteur avait vu du premier coup d'oeil que je n'y arriverais pas, il est allé tranquillement prendre une chaise en plastique qui traînait par là, il l'avait collée contre le bateau et hop ! Après une petite courte échelle, j'ai pu embarquer, vous n'imaginez pas le ridicule de la situation... Tout en mangeant mon poisson délicieux, en face de la mer bleue comme le ciel, je pensais un peu au retour... Il faudrait recommencer avec la chaise, l'embarquement que tout le monde faisait parfaitement, en sautant légèrement... Donc, l'histoire de la mamie de Venise me rappela immédiatement mon aventure des pays lointains... Avec énormément de compassion...



 Chaise d'embarquement...

lundi 6 août 2012

Venise 2012... Aller/Retour avec Thello... Zéro pointé...



Terminus : S Lucia, le Grand Canal et l'église S Simeone Piccolo enfin débarrassée de ses échafaudages que j'ai connus pendant des années...

Toute ma tribu était venue, c'est le rituel, ce qui est important dans un rituel c'est qu'on peut le regarder bien en face dans une glace, tous les ans, il ressemble au précédent, pas de changement, surtout pas... Ils sont bien là, en avance, ils inspectent le wagon, rangent la valise, la voyageuse sera douillettement installée, ils venaient vérifier l'investissement, ils m'avaient offert ce luxe pour mon anniversaire, wagon-lit pour deux personnes.

Restait une incertitude pour la place, on ne pouvait pas la choisir sur le logiciel de réservation, je voulais le lit du bas, j'ai eu celui du haut, petite panique quand je m'en suis aperçue après avoir cliqué pour le paiement. J'étais allée à la gare de Lyon au guichet de la compagnie Thello, pensant arranger l'affaire en un rien de temps : vous pourrez vous arranger avec le chef de train, pas de soucis madame, j'en ai même profité pour réserver le retour, voulant préserver ma tension... J'étais totalement zen.

Je suis repartie avec un large sourire, confiante, je me trouvais vraiment efficace, quelle bonne idée ce déplacement au guichet de Thello. Je n'avait rien obtenu du tout mais je repartais gonflée à bloc, ce que peut faire l'esprit sur la matière !

Sur le quai, ma tribu ressemblait à de jolis papillons qui voletaient des mains vers moi, avec les baisers. J'avais les larmes aux yeux...

Le chef du wagon m'avait dit juste en montant dans le train : pas de problèmes Madame, vous changerez avec la personne qui doit monter à Dijon, aucun souci, alors-là je me suis dit, c'est cuit ! Dijon, c'est long quand on attend... J'ai eu des gros doutes...

Je vous le dis tout de suite, pour ne pas faire monter votre tension, c'était cuit... D'autant plus cuit que non seulement j'ai dû aller en haut, mais finalement c'est un monsieur qui devait "dormir avec moi". Inutile de vous dire que j'étais furieuse, le monsieur aussi, un Italien sympa qui connaissait bien Paris... Un homme de mon âge, qui a vécu et qui s'exclama : jusqu'où ira-t-on, mais jusqu'où ira-t-on, plus aucun respect, on met les hommes et les femmes ensemble... Mais pour la rouspétance il était petit bras, tandis que moi je me débrouille assez bien en général.... Mais là, aucun résultat ! J'avais beau dire que j'allais écrire à la compagnie Thello, que je ne voulais pas de monsieur dans mon wagon, je n'ai pas du tout eu gain de cause...Vous imaginez, l'affaire était considérable !



Bientôt Venise...

Madame, c'est complet, j'ai cherché comment faire autrement, vraiment ce n'est pas de ma faute, je ne trouve pas de solution, Monsieur a la couchette du bas.. Je ne pouvais pas lutter, il fallait que je dorme en haut avec un homme que je n'avais pas choisi en bas !

Bien, tâchons de dormir, cet homme-là ne voulait pas lâcher son lit inférieur, il avait, paraît-il, un petit problème, je tiens beaucoup à rester en bas. Voilà ! Pas de quoi sauter du train en marche... Mais c'était quand même contrariant.

Je me suis immédiatement demandé, c'est quoi son petit problème ? Il doit sûrement avoir besoin d'aller aux toilettes tout le temps ? Je ne voyais rien d'autre... Et vous ?

Finalement notre homme à dormi comme un loir, il ne s'est même pas levé une seule fois, pas le moindre petit problème, il a ronflé comme un sonneur, une soufflerie incroyable qui ne s'arrêtait jamais, plus fort que le train, plus bruyant que l'orage.... Je n'ai pas pu dormir beaucoup, j'étais de très mauvaise humeur... Heureusement, il est descendu à Milan, ouf ! Je me suis dit immédiatement, pourvu qu'il ne me remette pas un autre voyageur pour le reste du trajet...

Non, j'ai pu continuer le voyage toute seule jusqu'à Venise... Fatiguée, énervée, mais enfin seule dans le wagon, j'ai quand même eu cette pensée ultra audacieuse : si je voyageais toute seule l'année prochaine ? Ça risque de me coûter horriblement cher, plus que l'avion, déjà cette année Michelaise m'avait prévenue en douceur, mais voyons Danielle, l'avion est beaucoup moins cher que le wagon-lit...

Mes fils me l'avaient dit aussi... Mais moi, j'étais restée fixée sur le grand confort du train, voyager dans un vrai lit, Thello allait faire des étincelles, ils étaient tout neufs sur la ligne privatisée, ils devront soigner le service, faire  bonne impression, bien gâter les clients, un sans-faute obligatoire sur les aller/retours est indispensable, au moins la première année, après, ils pourront se laisser aller, c'est humain...

Pas du tout, rien ne fut soigné, pas le moindre service, le petit-déjeuner qui, l'année dernière, m'était servi dans mon wagon, se prenait maintenant au wagon-restaurant, trois voitures plus loin, un petit-déjeuner rudimentaire, de mauvaise qualité, dans un lieu triste et  vétuste à mourir... Les tables ressemblaient à des tables de camping, ça faisait peine à voir...

Mon odyssée se termina en gare de Venise S.Lucia, la lagune avait du mal à respirer dans la brume du matin, il faisait déjà chaud, tout le monde le répétait aux alentours, il fait "molto caldo, si, molto, troppo... Mamma mia !

Face à la gare, je voyais pour la première fois l'église San Simeone Piccolo sans les échafaudages que je lui connaissais depuis plus de dix ans... Cette église est du XVIIIe, une imitation du Panthéon de Rome, son dôme est en cuivre. Elle n'est pas encore ouverte à la visite, seul s'y tient le culte.


 Bientôt Venise...


Prenez l'avion ! Moi je vais réfléchir pour l'année prochaine... Pour l'instant je reprends ma combativité, j'ai écrit à la compagnie pour obtenir le remboursement de mon billet d'aller, pour le retour, je vous raconte...

Le retour ne fut pas mieux... J'avais un jeune homme assez gros dont l'odeur fut insupportable, une odeur de pas propre et de trop chaud, une infection... Bien sûr, de nouveau, rouspétance, tractations avec le responsable du wagon... Qui n'y pouvait rien, je vais voir à Milan, j'ai des couples qui doivent monter et qu'on a séparés, si je peux les remettre ensemble, je vous change tout de suite... Je vous comprends tout à fait, Madame... Même refrain qu'à l'aller... Je n'avais aucun espoir que les choses puissent vraiment s'arranger... Et l'odeur de transpiration du jeune homme continuait de parfumer la cabine...  Se rajouta le fumet des baskets bien macérées, dès qu'il quitta ses chaussures... Je n'ai vraiment pas eu de chance avec ces voyages "luxe"...

Rebondissement !

Voilà mon chef de wagon qui revient tout sourire deux heures après : tout va bien, je peux vous changer de cabine, dit-il en s'adressant au jeune homme... Je n'en revenais pas ! Maintenant il fallait aérer, comment faire dans un espace aussi petit, j'ai ouvert la porte, chassé les mauvaises odeurs en me servant d'une petite serviette de toilette comme d'un moulin à vent, donné deux coups de pshitt  avec  mon déodorant, et je me suis rendormie tranquillement... Le bonheur total jusqu'à la gare de Lyon, enfin seule, sans les vilaines odeurs...

Quand tout marche bien, c'est vraiment bien !

Epilogue : Mes réclamations ayant abouties rapidement auprès de la Compagnie, j'ai obtenu des dédommagements considérables, sur chacun des voyages : 22 euros ! Qui dit mieux ?


Venise...

dimanche 5 août 2012

Venise 2012... Ainsi fait le temps...


 Le petit ponton d'embarquement : Fondamenta Ognissenti (2010)


 2011...


2012...

Ces trois photos, au même endroit, prises à chaque séjour depuis quelques années, sont un peu à l'image de mon regard sur Venise : retrouver les mêmes choses, les mêmes endroits et mesurer les différences  visibles... Et puis, découvrir ce que je ne connais pas encore...

J'ai réalisé seulement cette année combien j'aimais cet endroit, au point de faire un détour pour le voir... Rien ne semble avoir bougé et pourtant la prolifération de la végétation me laisse penser que ce petit port d'attache est de moins en moins utilisé, presque abandonné. Seule la barque est la même depuis 2011...

Je n'ai jamais vu les portes s'ouvrir ou se fermer, seulement le soleil ardent dès le matin réchauffant les herbes qui remplacent les pierres. Petit à petit le végétal reprend le terrain qu'il a cédé...

Ce petit coin me donne l'impression de rentrer chez moi... Ah ! Il faut couper l'herbe, mettre de l'huile dans les gonds de la porte, la barque est impeccable, je vais astiquer les rames et partir dans la lagune dire bonjour aux amis...

Rien ni personne aux alentours, je me dépêche, pas un seul rond dans l'eau, il fait beau ! La Venise qui dort va se réveiller avec les premiers visiteurs qui arrivent, pas très loin, du haut des gratte-ciel des paquebots blancs, étincelants, insolents... Tirés par un petit mulet haut comme trois pommes, ils glissent à pas de velours par le grand canal de la Giudecca, et dépassent en hauteur toute la cité... Au risque d'éclabousser pour toujours la Sérénissime... Personne ne semble s'en soucier, le petit ballet continue, malgré les protestations unanimes, pas un jour ne se passe sans ces visiteurs fuselés... La visite terminée, les baleines à moteur ronronnent tranquillement jusqu'au port suivant...





vendredi 3 août 2012

Venise... Bonne nouvelle, l'Hôpital civil est sauvé !




Magnifique entrée de l'Hôpital civil de Venise

Pour une belle entrée en matière estivale, cette bonne nouvelle s'imposait ! Le grand Hôpital civil de Venise, qui était menacé de fermeture au profit du complexe hospitalier de Mestre, restera ouvert. L'ensemble des services seront préservés ainsi que la maternité, en revanche l'hôpital des Fratelli à Cannaregio fermera.

A plusieurs reprises pendant mes séjours à Venise j'ai dû avoir recours aux services de cet hôpital, les urgences sont accueillantes, l'attente n'est pas longue et vous êtes bien soigné... Une année, je suis arrivée à Venise la main dans le plâtre, cassée accidentellement dans le métro dans une bousculade, je m'étais mal retenue à la barre d'appui et crac ! A trois semaines de partir à Venise, vous imaginez bien l'état du moral sur le quai de la gare... Je devais donc faire enlever le plâtre à Venise, c'est ainsi que j'ai fait la connaissance du service des urgences de l'hôpital, j'y suis même allée à deux reprises, croyant naïvement au bout de deux semaines que mon affaire était terminée... Le médecin qui m'avait vue alors m'a dit en souriant : madame, revenez dans deux semaines, il faut être raisonnable, la fracture n'est pas totalement guérie...

Comme partout en Europe, les crédits publics se réduisent aujourd'hui comme une peau de chagrin... Venise n'est pas épargnée, la population s'était mobilisée en novembre 2011 au cours d'une manifestation pour protester contre sa fermeture...

J'ai donc vu avec grande satisfaction que l'affaire de l'hôpital était réglée et bien réglée, puisque il était sauvé !

Cependant, un autre hôpital, plus petit, discrètement posé à Cannaregio, est promis à la fermeture prochaine... Hélas !

C'était donc bien par cette très bonne nouvelle que je voulais commencer à vous raconter mes pérégrinations et pensées diverses pendant mon séjour à Venise... 

A suivre...