dimanche 28 avril 2013

Pèle-Mêle... Aux fils des jours...



Le petit belvédère (1869) des Buttes-Chaumont à mi-avril, les arbres grimpent et verdissent... Mais le ciel est encore un peu pâlot...

Impossible de tout dire, mais les fragments que j'affectionne en disent long sur la manière de vivre et de réfléchir mon temps qui passe...

Balade, cinéma, voyages, et réflexions en tous genres...

Les soeurs se baladent une fois par mois...


Un mois est passé, déjà, depuis notre dernière sortie entre sœurs à Paris, nous avions remonté la rue de Belleville... Ce mois-ci nous ne sommes pas passées loin, déjeuner pris dans un restaurant petit comme une boîte d'allumettes, il faut venir un peu avant midi pour choisir sa place près du hublot, le personnel est encore à table, ils avalent les derniers grains de riz, le thé est vite bu, les premières clients, c'est nous ! Avant de rentrer, nous avions remarqué que la boîte d'allumette avait flambé, en quelques mois elle s'était agrandie, une autre salle s'était ouverte juste à côté, doublant les effectifs des convives, un avenir meilleur pour les patrons, nous pourrons maintenant venir juste à l'heure que nous voudrons, sans craindre de rater la bonne table près de la fenêtre...

Nous nous sommes laissées aller au printemps, nous avions choisi de flâner aux Buttes Chaumont, tout nous y invitait, le soleil, la floraison, le peu de monde sur les pelouses, les points de vue inoubliables, le charme des lieux... À la croisée des chemins, nous avons pris le thé parfumé dans un bel endroit, les baies laissaient apercevoir les grand arbres aux feuilles naissantes, les platanes, noueux, aux troncs boursouflés, laissaient couler jusqu'à leur pied une écorce épaisse comme de la lave, certains sont plus que centenaires... Ces monuments sont tous étiquetés, datés : siècle dernier...

Peu de bruit, pas de vent, l'herbe est tendre, les canards barbotent dans le lac comme à la campagne.

Encore une belle journée... En sirotant notre thé, nous passions en revue nos petites histoires personnelles mêlées à la grande histoire de la terre, nous avions bien conscience que nos murmures et nos fureurs n'y changeraient rien du tout...

Quel bonheur de pouvoir goûter à ce plaisir-là, être ensemble, prendre tout le temps que nous voulions à ne rien faire d'autre qu'échanger, photographier, marcher et boire du thé...  Nous parlions allègrement du monde comme si nous n'en faisions pas partie au moins pour la journée, il fait froid, il fait triste, mais nous le le sentons pas, la vie du monde est chaotique, certes, mais nos journées sont divinement colorées, intimes, chaleureuses... Nous sommes en concillia.. Bulles...

Le mois prochain nous ne savons pas encore où nous irons, de toute façon il fera toujours très beau pour nous...


Le cinéma...




J'avais hâte de voir le dernier documentaire de Nicolas Philibert, une petite merveille, comme d'habitude, cette fois-ci il nous parle de la Maison de la Radio, rien d'accrocheur, tout en finesse et délicatesse comme il sait si bien le faire, son projet n'était pas de montrer le fonctionnement de la grande maison mais d'être au plus près des acteurs du son :  les professionnels bien sûr, mais aussi et très souvent de leurs invités. Philibert rend visible ce que nous entendons tous les jours dans le poste, par petites touches et plans très rapprochés, nous voilà suspendus aux paroles, à la musique, aux chants de toutes sortes, même à celui des oiseaux pris au piège d'un preneur de son, en pleine nature. 

Nicolas Philibert restitue en images les visages, les yeux, les sourires, les discours de ceux qui font exister la radio, ses belles images nous invitent à regarder les voix que nous connaissons, ou que nous découvrons pour la première fois, les animateurs comme leurs visiteurs. Avec les techniciens pas de brouillage, pas de parasites, pas de souffle, ils veillent à la perfection des voix et des silences... Ça marche donc comme ça à la Maison de la Radio ! Un film superbe !

L'écran d'accueil de ma tablette permet aussi de réfléchir...





L'écran d'accueil de ma tablette... La palette de pastels utilisée par mon frère au moment où il exécutait un tableau pour moi... Il affûtait ses crayons de pastel sur ce petit bout de papier de verre, et je l'ai trouvé très beau... 

Je ne sais pas pour vous, mais pour moi, grande utilisatrice de tablette, je veux que l'image que je découvre immédiatement en ouvrant mon engin numérique soit celle d'un beau souvenir... Je peux ainsi varier les plaisirs, et fouiller presque sans fin dans le tas de photos que contient ma tablette. Tout pareil que si je cherchais une vieille photo dans un grand tiroir, photos oubliées, retrouvées... Comme je me sers très souvent de ma tablette, l'image d'ouverture est très importante, elle doit non seulement être représentative d'un instant unique, mais aussi de bonne qualité... 


Pendant très longtemps j'avais mis celle-ci, une image de Hopper que j'adore, je n'avais pas voulu aller voir la dernière expo, car il y avait des files d'attente interminables au Grand Palais, une foule considérable, donc j'ai préféré l'intimité de ma tablette... Tout Paris ne parlait que de lui, grandes affiches dans le métro, sur les colonnes Morris, partout, partout, partout, à la radio, à la télé, dans les journaux, les payants, les gratuits, c'était l'affaire du moment, d'octobre 2012 à janvier 2013 on n'entendait parler que de lui, alors forcément ce marketing m'avait énervée... Je n'y suis pas allée... Les grandes expos me font fuir...



La petite porte de campagne

J'ai été tenté par la campagne de l'Indre, le calme, la beauté, le printemps est là, vivons avec l'air du temps... C'est fou comme la sélection est impitoyable, parmi des centaines de photos, il y en a deux, trois, voire quatre qui sont présentes. Cette petite barrière, je l'avais prise en vacances d'été, elle ouvrait sur une vaste clairière où il n'y avait rien que de l'herbe, entourée d'arbres. Une bien mystérieuse propriété, un bout de nature avec la barrière comme carte de visite, ici, c'est privé, ici c'est chez moi...




Et puis j'ai fini par mettre cette photo de verrerie autrichienne que j'ai prise au Musée des Arts Appliqués lors de mon séjour à Vienne cette semaine, un magnifique séjour, mais ceci est une autre affaire, attendons un peu que je trie le reste des photos pour vous en parler...

mardi 9 avril 2013

De fil en aiguille... Ainsi va mon petit monde...


Le premier fil rouge

Mon fil s'est enroulé autour de deux histoires microscopiques. L'une se passait en province : la ville de Langres organise une grande année pour le tricentenaire de la naissance de Diderot, presque tout au long des 365 jours de fêtes, il se passe quelque chose de beau dans la cité de l'encyclopédiste...

Je me suis engagée pour l'occasion, dans un groupe d'amateurs qui chantent des chansons traditionnelles populaires du 18e siècle... Nous rions bien, nous chantons bien aussi, et nous offrons nos petites ritournelles au public des rues de Langres, un jour tous les mois et demi environ, le reste du temps il faut bien apprendre les chansons, les arrangements originaux sont tous créés par notre chef de choeur... Nos petites pièces sont accompagnées de percussions inattendues : sabots de bois, bâtons,  triangles et micro-cymbales de moines bouddhistes, le tout réglé comme du papier à musique... À la fin de l'envoi, nous lançons tous nos chapeaux par dessus les moulins...

Notre compagnie déambulait ce samedi allègrement, recherchant le public, dans la rue principale, car en fait à Langres il n'y a qu'une seule rue commerçante. Il fallait bien choisir l'heure de nos passages, ce matin-là il n'y avait personne, et de plus il faisait froid... Pas un chat dans l'artère... Renseignement pris, il y avait du monde dans le petit théâtre (du siècle dernier), bien au chaud, des congressistes tenaient le haut du pavé sur un thème tout à fait en rapport avec Diderot puisqu'il s'agissait de l'Encyclopédie du Web. Nous nous sommes dit, voilà, le lieu idéal pour interpréter notre belle musique, dès qu'ils sortiront du théâtre on leur fera une belle aubade, ils seront notre public favori, succès garanti !

Nous avons formé notre cercle, bien ajusté nos accessoires, sabots, bâtons et tout le toutim, sourires, attention ils sortent, nous entonnons notre premier chant, qui parlait des petits métiers, paroles oubliées... Et nous voyons nos intellos faire le tour de la petite pelouse pour ne pas nous écouter, pas un regard, pas une seconde d'attention, un de ces grands hommes dit à l'autre : allez viens, ce sont des amateurs... Nous étions devenus totalement transparents... Nous sommes restés à chanter nos beaux chants devant le théâtre vidé, heureusement quelques personnes qui avaient suivi notre troupe et bien d'autres qui étaient venus, attirés dès les premières notes, restèrent pour nous écouter, nous les manants, les sans-grades mais chantant juste, avec bonheur, des pièces originales et très agréables, même émouvantes à entendre... Notre petite formation qui comptait quand même une grosse vingtaine de personnes, n'intéresse pas les beaux parleurs, l'art de la rue, mon cher c'est du pipi de chat, bon à donner aux cochons... Pour nous la musique c'est Mozart, Haendel, ou Vivaldi, le reste n'est rien, ont-ils sans doute pensé en évitant de nous entendre... Nous aussi nous aimons les Grandes Musiques, mais aussi les Petites Chansons qui parlent d'amour, de travail, de la vie des champs, notre chef en avait retrouvé de délicieuses, avec des mélodies subtiles et des accompagnements de notre temps... Le 18e siècle est très riche en chansons tirées de la vie quotidienne...

Une fois le petit concert terminé, nous piétinions de rage devant tant de mépris et si peu de courtoisie à notre égard... Nos bâtons nous fourmillaient entre les doigts... Ainsi va le petit monde, nos congressistes confortablement installés sur les bancs de velours rouges du théâtre, ayant pourtant discuté tout un matin de choses importantes comme l'encyclopédie du Web, beautés du monde et régionales comprises, se montrèrent insensibles à l'art populaire, négligeant les chanteurs qui s’époumonaient devant eux. Il est vrai que l'heure du repas étant largement dépassée, leurs ventres affamés n’eurent point d'oreilles, ils avaient pris du retard sur le poulet en gelée... ... Mais sur la bêtise, ils avaient de l'avance, ils furent les premiers arrivés.


Le deuxième fil jaune

L'autre histoire s'est jouée dans mon immeuble : bonjour, comme tu as bonne mine, magnifique, elle revenait du grand large, toute halée, en bonne santé physique et morale, elle faisait plaisir à voir, ma voisine... Dis-donc, au fait, comment fais-tu ta confiture d'orange ? Rien de plus simple, mais je prends des Maltaises uniquement, moi finalement j'étais bien contente d'être la conseilleuse en marmelade... Je voyais bien qu'elle était pressée, bon, tu mets combien de sucre, 800gr, moi je mets ça, non, non, cette année j'ai oublié de simplifier, j'ai mis le paquet entier, un kilo pour un kilo, ah ! Oui, moi je mets 800gr... Bon et après, tu fais comment ? Je commençais à égrainer la marche à suivre, toute fière, il faut bien éplucher les oranges, laisser le moins possible de peau tu vois, oui, c'est ça, moi j'ai des soucis avec la peau, je mets une couche de sucre, une couche de rondelles d'oranges et je laisse macérer toute la nuit, moi je prends du vrai sucre, bien sûr, mais non pas du tout, je ne fais pas cuire longtemps, quelques minutes et tout va bien, et de fil en aiguille c'est elle qui me donnait sa recette de confiture exceptionnelle, sans me laisser placer la mienne... Celle qu'elle m'avait pourtant réclamée...

Je voyais bien qu'on ne faisait pas du tout pareil, mais elle était pressée, j'ai rengainé mon gingembre, ma cannelle et mes zestes d'oranges, bon d'accord, je vais bien enlever la peau, voilà ce qu'elle avait retenu, mais j'en avais dit si peu c'est vrai, pas le temps, elle n'avait pas le temps, il faudra attendre l'année prochaine pour tout remettre à plat... Si elle veut...

Il faisait froid mais beau, un joli temps pollué de la région parisienne, un ciel tout gris avec des petits petits rayons de soleil, j'ai filé aux Puces pour trouver l'extraordinaire, quand je suis revenue je n'avais rien trouvé du tout qui puisse se mettre dans un musée, ni sur une étagère, j'avais juste fait le vide dans ma tête, c'était très bien, j'avais déjà l'idée de mon prochain post pour mon blog, allez, raconte la musique et les confitures... Ainsi va mon petit monde ! Tout est cousu de fil blanc...


 Tout est cousu de fil blanc

mercredi 3 avril 2013

Le thé de Canton, les roses et les perles...



Le thé de Canton

Mon gendre qui est revenu de Canton m’a rapporté des tas de cadeaux, dont un joli paquet de thé vert dans un beau paquet bleu plein de nuages. Il m’a dit : je l’ai acheté sur un marché, j’ai choisi le mieux, le plus cher, le plus vert, et on me l’a emballé sous vide, ils savent y faire en Chine !


La boîte en terre chinoise


Le thé de Canton

Quand j’ai ouvert le paquet, j’ai vu des petites boules vertes légères, légères… J’ai tout de suite fait un premier verre avec une cuillerée à café bien remplie, dès que l’eau les a touchées elles ont immédiatement repris leur forme originelle, débordantes de partout, j’en avais mis trois fois de trop ! Tant mieux, je vais réduire les doses, ça me durera deux fois plus longtemps, car il va falloir longtemps avant qu’il retourne à Canton.


Le thé vert de Canton qui débordait


La poudre à canon (thé vert bio pas beau) avant celui de Canton


Petit hachis de feuilles bio !! Avant celui de Canton


Le deuxième verre était comme il faut, j’en avais mis une petite demi-cuillerée, et les feuilles s’étaient épanouies juste ce qu’il fallait, elles étaient vertes comme un matin de printemps, on pouvait les compter, elles avaient pris la rosée… Le goût était limpide, transparent et désaltérant, rien à voir avec celui que je buvais tous les matins, bio, avec des écorces d’agrumes, de l’orange et de citron, du bon thé vert de je ne sais plus où qui n’avait absolument aucun goût. Comment faire pour acheter bien quand on ne sait rien ? Sur le thé il faut être archi savant, sinon on se fait refiler de la poudre à canon.


La petite demi-cuillerée du thé de Canton


Le champs de thé de Canton


Maintenant j’avais mes petites feuilles qui poussaient dans ma théière, dans mon verre je ne mets jamais plus que la petite dose, bientôt je vais finir par compter les petites boules pour être juste juste comme il convient, ni trop, ni trop peu. Le matin, c’est un destin, je bois mon thé vert qui vient de Canton, je me dis : ne te presse pas, compte serré, il faut que ça dure des temps et des temps… Canton, c’est loin.

Je savoure !


Les belles roses de Canton


Il m’a aussi rapporté des roses, des toutes petites roses qui, mélangées au thé, donnent un parfum du lointain, je les ai mises dans un petit pot en verre, c’était déjà très joli, rien qu’à les regarder on n’a pas envie d’aller plus loin, les faire tremper dans l’eau c’est un petit sacrilège, je vais attendre encore un peu pour les mélanger à mon thé... Regardez comme c’est beau, être beau, c’est déjà un très beau cadeau…

Je vais les laisser attendre leur tour, ne nous pressons pas… Canton, c’est  loin.


Les belles perles en jade de Canton


Il m’a aussi rapporté des perles, un tas de petites perles vertes, de tous les verts qui vont très bien avec le thé, très jolies, quand on les touche c’est tout froid, on sent bien qu’elle ne sont ni en plastique, ni en verre, elles sont en pierre, du jade sans doute, elles font plaisir à voir, pas assez nombreuses pour faire un collier, ça tombe bien je n'en porte pas, mais largement suffisantes pour terminer en grande beauté la fabrication de mes pompons, la prochaine fois il m’en rapportera d’autres couleurs… Canton, c’est pas si loin.

Merci mon gendre... C'est quand que tu repars là-bas ?