mercredi 26 mars 2014

Il giorno delle sorelle... Mars 2014


Jours de balade...

J'avais tout : rien oublié ! Le parapluie, l'appareil photo, la liste des maisons et des cours à voir...

Nous avions rendez-vous au resto, la première arrivée attend l'autre à l'intérieur : ne viens pas trop tard, il y aura du monde, oui, oui, je prendrai un petit-déjeuner léger pour avoir faim dès midi !

Grand serrage de mains, sourires et bienvenues, nous étions connues comme le loup blanc, un menu chacune, voyons voir, moi qui relève de gastro je vais faire peu, une petite soupe avec sept raviolis, comme les sept femmes de Barbe-Bleue, excellent, sans pâtes s'il vous plaît, ça ira très bien merci... Ma sœur prend des raviolis vietnamiens avec riz blanc, c'est vraiment joli.

Mais aujourd'hui est jour de paroles amères, les plaintes légitimes, les : j'en ai assez, ça ne peut plus durer... Et pourtant ça dure, c'est comme ça, il faut être patiente, il faut attendre des jours meilleurs, ça va changer, ça devrait changer, espérons que cela changera très vite, ça prendra un peu de temps, voilà, tant qu'on a la santé, pour la bonne humeur c'est plus long... Mais comme ma sœur est toujours optimiste, au dessert on va déjà beaucoup mieux, pas la peine d'en dire d'avantage, réjouissons-nous du printemps : allons par ici, puis par là, viens, je vais te montrer une rue qui a décidé de faire peau neuve de fond en comble, c'est au bout de la rue. 

On l'appelle la Rue Jeune, moi je dis la rue du millionnaire... Elle se situe rue du Vert-Bois et fait parler d'elle depuis peu, elle ouvrira ses portes vers le début avril. Je vous raconte l'histoire et puis on passe à autre chose. Un certain Cédric Naudon, un jeune de 40 ans et beaucoup d'argent, fortune faite en Amérique, est revenu plein aux as et a fait main basse sur 30 boutiques de la rue, je ne sais pas s'il a acheté les fonds de commerces ou les murs, mon enquête n'est pas assez pointue sur cette question. Toujours est-il qu'il a confié à une vingtaine de designers (des Oscars du design...) le soin de retaper les magasins (laissant intactes les vieilles façades), pour en faire des lieux d'exception de la gastronomie : un boulanger, un marchand de fromages et peut-être, si tout le monde est sage, un cinéma MK2 avec M. Karmitz en 2015. Est également prévue une halle pour vendre "Au plus juste prix" des bons légumes et des fruits de première fraîcheur, venus direct de Roissy... Le but poursuivi : attirer les bobos-bio-citadins un peu argentés...

La rue va devenir un haut-lieu culturel du savoir manger bio et bon... Le montant de l'opération reste secret, mais j'ai hâte de voir comment tous ces lieux "secrets de Paris" vont tenir la main de l'Ami Louis, restaurant gastronomique, installé dans la rue depuis des décennies... Ouvert dans les années 50, ce resto façon bistrot et carrelage d'époque tient ses promesses de qualités gustatives françaises et d'additions salées...

Dans un bout de la rue, de l'autre côté des boutiques qui vont devenir "des lieux", on rénove, on installe des logements sociaux, la ville de Paris fait peau neuve elle aussi, elle crée 20 logements sociaux, c'est bien. Je me dis que les gens qui auront là leur logement social seront à pied d'oeuvre pour manger bio si les prix ne s'envolent pas, mais ça c'est une autre histoire...

Voilà, vous en savez autant que moi, j'y reviendrai de temps en temps... Je vous tiendrai au courant du prix du saucisson et du canard sauvage...


Petit décor qui pique... En attendant les douceurs...


Installation pour le resto déjà ouvert...


Tout au bout de la rue, les couleurs flambent...


Amateurs... (photo empruntée sur Internet)

Nous avons repris notre bonhomme de chemin, il ne faisait pas si mauvais, pas de pluie, pas trop de vent, nous sonnions à toutes les portes qui ne s'ouvraient pas toutes seules... La rue de Charonne offre des merveilles, des cours industrielles des 18 et 19e siècles, bien à l'abri du bruit et du monde, tout à fait faites pour nous.


Asseyons-nous ici pour quelques confidences...


L'enseigne se balance dans les branches...


Le vernisseur au tampon existe encore...


Laqueur doreur, tables à jeux, grande cheminée d'une ancienne scie à bois à vapeur...


Ici, stationnement réservé depuis 1921...

Tout au long de notre parcours, nous retrouvons les traces de tous ces anciens métiers. Quelques uns persistent : ébénistes, menuisiers, tapissiers, matelassiers, chaisiers... Des cours délicieuses fleuries sous des glycines et des fleurs en pots sont arrosées par les nouveaux locataires ou propriétaires.


Cour 18/19e siècles (les maisons situées près de la rue sont toujours les plus anciennes) et même 20e, au fond de la parcelle un bâtiment édifié en 1920 à structure métallique et remplissage de briques

Bien sûr, nous avions fait une halte dans un ou deux cafés pour boire un thé, ravies de notre périple. Nos découvertes s'accumulent, nous avons déjà une liste de visites à faire pour notre prochaine balade... Paris, tu resteras toujours Paris, gardant tes secrets pour ceux qui aiment les chercher... Comme à chaque fois, nous nous promettons d'y revenir : dis-moi, cette glycine, il faudra la revoir au printemps ou même au bord de l'été, oui, oui, n'y manquons pas, et puis nous serons entraînées ailleurs... Nous n'y reviendrons pas, nous le savons...

Moi je prends l'autobus, toi le métro, pour le retour par ici c'est souvent comme ça, l'une part au nord et l'autre à l'est, quelle belle journée, les mots de colère ou d'impatience n'ont pas tenu, juste le temps qu'il fallait pour les dire... Prenons patience ma sœur, tout ira mieux la prochaine fois... Nous étions déjà tellement bien...

samedi 22 mars 2014

Bill Viola au Grand Palais...


Le Quintet des étonnés, vidéo (2000) Bill Viola

L'oeuvre de Bill Viola, vidéaste américain, créé une dynamique temporelle qui vous emmène dans une autre dimension. Certaines de ses vidéos s'inspirent largement des peintures de la Renaissance italienne, les éléments naturels tels que l'eau et le feu prennent une place considérable dans sa vision du monde et des âmes. Les mouvements a minima qui animent ses vidéos à perpétuité, forment des chorégraphies d'une très grande beauté qui me subjuguent. Le pouvoir émotionnel qui s'en dégage est intense, la transformation, l’apparition, la disparition, l'élévation, l'évaporation, les traversées de déserts, de paysages, de mirages, de sources et des bassins, sont autant de mystères qui parlent à votre cœur... Le temps est questionné de la naissance à la mort. Bill Viola nous invite à suivre un voyage initiatique des profondeurs... Bille Viola "sculpte le temps" : "Le véritable lieu de l'oeuvre est dans l'esprit et le cœur de la personne qui l'a vue"... Sa femme, Kira Perov, qui travaille avec lui depuis 1979, ajoute : chacun y verra ce dont il a besoin...


Le Quintet, durée 15 minutes 20 secondes 




Les émotions différentes du Quintet...


Quand vous entrez au Grand Palais, vous vous rendez très vite compte que vous ne pourrez pas regarder toutes les vidéos : il y a beaucoup d'oeuvres, sans que ce se soit une véritable rétrospective, mais un large éventail de ses créations vidéos, de grandes dimensions. Chaque oeuvre demande beaucoup d'attention, entre 7 minutes et 35 minutes (pour visionner la totalité des vingt œuvres exposées, il faudrait disposer de sept heures).

 Moi qui connais le travail de cet artiste depuis longtemps (Bill Viola à Saint Eustache mon post de 2010), je savais qu'il me faudrait beaucoup de temps de stationnement debout devant chaque oeuvre, me dandinant d'une jambe sur l'autre, et bien sûr personne n'avait pensé à mettre des bancs dans la plupart des salles... Et puis l'enthousiasme et la joie ont fait le reste... J'ai quand même dû renoncer à regarder jusqu'au bout un cycle d'images projetées en cinq parties dans une vaste salle, chacune durait 35 mn, j'ai dû terminer l'expo sur Internet en rentrant chez moi... Aucun siège à l'horizon, l'expo est uniquement destinée aux personnes ayant de solides articulations, ou en capacité de s'asseoir confortablement  par terre... Ce qui n'est pas mon cas... 

Le Quintet, m'a tout de suite éblouie par sa beauté... Cet éblouissement, je l'avais déjà éprouvé devant une des très belles œuvres de Bill Viola en 2001, exposée dans l'église Saint-Eustache à Paris : "La Visitation".


La Visitation, Bill Viola (2001)


L'étreinte de la Vierge et d'Elisabeth (13 minutes)

Depuis, cette oeuvre ne m'avait plus quittée, elle lui avait été inspirée par un tableau du 16e siècle de Jacopo Pontormo, j'avais été subjuguée par sa puissance évocatrice inimaginable. Bill Viola s'inspire quelques fois d’œuvres tout à fait classiques en y rajoutant un sens nouveau, une présence différente, les personnages filmés avec un extrême ralenti permettent d’additionner les émotions. Avec le Quintet des étonnés, on ne peut s'empêcher de penser d'abord à une peinture du Caravage, puis notre siècle reprend ses droits, nous pleurons, nous souffrons, nous explosons avec eux...

Ensuite vint l'eau : ses flottaisons, ses immersions, ses sauts, ses passages, ses bains suspendus, ses résurrections et ses bénédictions... Des évaporations... L'eau, perpétuellement présente sur les corps, entre les corps, l'eau qui coule de bas en haut, des déluges qui ruissellent en gouttes très fines, me tiennent de longs moments en haleine, en émerveillement, sans plainte de la fatigue !







Tristan's ascension (Le bruit d'une montagne sous la cascade) 2005 Bill Viola, 10 minutes 16 secondes


Et que nous réserve le feu : des ensorcellements, des frissons, des chocs, des couleurs changeantes... Un perpétuel recommencement de la beauté...





Fire woman (2005) 11 minutes 12 secondes

Bill Viola au Grand Palais, c'est une chance, ne manquez pas ses images, sa poésie, emmenez votre famille, vos amis, il vous réservera des sublimes moments de beauté, des émotions fortes, des inlassables désirs de tout revoir encore et encore... De vous brûler à ses enfers, de vous noyer dans ses eaux profondes et de toujours renaître à la beauté de son monde...

jeudi 20 mars 2014

Le printemps fait le trottoir !



Depuis deux jours déjà, le printemps fait le trottoir à Paris, un concours est lancé chez les fleuristes à celui qui aurait les plus belles couleurs, les plus belles fleurs, les plus originales, les plus fraîches et les plus chères...

Celui-ci est parmi les meilleurs, ces fleurs coûtent plus chères que les vases, même au printemps ? Même au printemps... Mais voyez le joli décor de la rue, oublions tout, soyons heureux, faisons des projets...

Je vous souhaite à tous un beau printemps d'amour...

samedi 8 mars 2014

La chance (2)...Croisons les doigts !



Dürer (les mains du tableau : Jésus parmi les docteurs, emprunté sur Internet)

C'est une expression que j'utilise beaucoup, je dis volontiers  : croisons les doigts, sans toutefois joindre le geste à la parole, croisons les doigts, l'énonciation se suffit à elle-même, croisons les doigts pour que tu aies ton permis de conduire, pour que ton examen de sang aille dans le bon sens, que tes impôts ne soient pas trop lourds... Que tout aille bien, tout droit, tout bon, tout réussi...

Vous voyez, il y a une grosse différence avec : touchons du bois, la place de la demande de chance est beaucoup plus grande, et puis il faut faire un geste, sans quoi rien ne se passera bien sûr, c'est pourquoi grâce au fait que nous ayons toujours notre tête sur nos épaules, le matériel nécessaire à la réalisation du vœux est là en permanence... Touchons du bois demande des accessoires, alors que : croisons les doigts, rien du tout... On peut sortir tranquille...

Y aura-t-il du pain chaud à la boulangerie ? Croisons les doigts, c'est petit, c'est léger, ça ne va pas nous mener trop loin, pas besoin de pèlerinage, rien à voir avec : touchons du bois, plus austère, plus marquant et puis on voit tout de suite que le rapport est parfaitement clair avec le bois de la croix du Christ, c'est du lourd...

Croisons les doigts, c'est juste un petit ballet mental, un mini sourire de connivence, la demande est plus anodine, pourvu qu'il reste des places de premiers rang au théâtre, croisons les doigts, ceci dit moi j'adore être très près, à l'Opéra notamment c'est merveilleux d'être au bord des lèvres des chanteurs, l'orchestre joue rien que pour vous, pas de voisins devant, chapeau et cheveux en bataille on s'en fout, on est royalement servi, au diable les CD, ici il y a du souffle, de la peine, des grimaces, des gonflements de veines, des respirations qui soulèvent des montagnes en même temps que les corsages des dames et les chemises des messieurs, l'émotion est aux premières loges...


Oeufs à la neige

Pour réussir une crème anglaise, il ne suffit pas de croiser les doigts, pourtant il faudrait, il n'y a pas un risque énorme, mais tout de même attention, pas de surchauffe, au premier bouillon t'es fichu et il faut tout recommencer, mais bon, il n'y a pas mort d'homme non plu. L'autre jour j'ai fait des œufs à la neige, un dessert parfait, parfaitement flottant avec ses petits nuages qui se massent sur la crème, je me suis dit quand même avant de commencer : croisons les doigts ma belle, pour tout réussir au degré près, les gestes furent uniquement faits pour la crème et les nuages. les applaudissements, les félicitations, les : comment tu as fait ? Pleuvaient entre deux cuillerées, les yeux brillaient, si si, je vous assure... Je n'ai pas l'habitude de me vanter... Pour les crêpes ce fut exactement la même chose en plus simple, croisons les doigts pour qu'elles soient assez parfumées, car je n'ai presque plus de rhum et je n'ai pas du tout envie de redescendre... Impeccable, juste ce qu'il fallait, la compagnie s'est régalée...


Les crêpes divines

Où vas tu ce week-end ? Au bord de la mer, croisons les doigts pour qu'il fasse beau, vous voyez, s'il pleut le ratage de vœux aura peu de conséquence, mise en plis défaite, chaussures et chaussettes mouillées mais bel avantage pour la sortie du beau parapluie...

Croisons les doigts, je ne l'emploie que pour une petite réussite, un petit moment favorable, une petite affaire à mener rondement, pour l'affaire d'Etat, il vaut mieux dire : toucher du bois.

Que dit le site Expressio.fr là-dessus (merci) ?


"La croix est le principal symbole du christianisme. Alors quel meilleur signe former que celui d'une croix pour conjurer le mauvais sort, éloigner les esprits malfaisants qui grouillent et empêcher des malheurs divers de s'abattre ?

Bien sûr, lorsqu'on croise deux doigts d'une même main, la croix est plutôt déformée, mais quand même beaucoup moins que si on cherche à croiser ses deux oreilles, non ? Et puis l'important, c'est la puissance du symbole et le résultat qui en découle.

Bizarrement, cette expression semble nous venir d'une simple traduction littérale de l'anglais "to cross one's fingers", introduite chez nous par des gens qui auraient trouvé cette forme beaucoup plus chic que notre trivial "toucher du bois" (qui a le défaut, il faut bien en convenir, de nécessiter d'avoir du bois à portée de main, car lorsqu'on veut vraiment éloigner les ennuis, il faut toujours joindre le geste à la parole).
Mais une autre explication, justifiant la deuxième signification, viendrait d'une ancienne coutume : lorsqu'une personne exprimait un souhait en présence d'un ami qui, comme lui, voulait voir ce vœu se réaliser, il plaçait son index sous celui de son interlocuteur pour que les deux doigts forment une croix qui symbolisait l'union parfaite, son point d'intersection servant de résidence aux forces du bien. L'ami offrait ainsi son soutien moral."



Alors là voyez, ils disent exactement la même chose que moi, le matériel est nécessaire pour avoir toutes ses chances de réaliser des vœux, par contre moi je ne trouve pas que l'expression anglaise soit beaucoup plus chic, beaucoup moins performante, beaucoup moins démonstrative, donc sujette à échecs, et puis moi je ne l''invoque que pour des toutes petites causes à sauver...

Allez, amusez-vous bien, la tête ou les doigts il y a toujours du corps humain là-dedans, ces expressions se disent toujours au pluriel : croisons les doigts, touchons du bois, soyons confiants, donnons-nous du courage pour affronter le temps... Restons ensemble !

mercredi 5 mars 2014

La chance !



Le tas de bois sous un autre angle...

Touchons du bois, ça porte chance ! Souvent même, quand aucune surface en bois ne se trouve à portée de main, on se touche la tête, tête de bois, pour conjurer rapidement le sort... Comme je vous le disais dans mon post d'avant-hier : à une époque pas si lointaine où le formica régnait en maître dans les maisons, certains préféraient, par facilité, employer l'expression "je touche du formica" à la place. Mais forcément, l'effet positif était largement moindre ! En fait, je n'ai jamais essayé de toucher du formica, je n'en ai pas autour de moi, mais j'en suis certaine, avec le formica la chance doit passer à côté....

J'ai cherché, bien sûr, l'origine de cette chance de bois et j'ai trouvé ! Je m'en doutais, le bois qu'on évoque pour avoir de la chance est le bois de la croix du Christ.

En matière de chance, on ne peut jamais se séparer tout à fait d'une origine chrétienne dans les expressions populaires qui parlent de bois. J'ai encore cherché à la source de cette superstition et j'ai trouvé une belle histoire du côté de Expressio.fr ( les expressions françaises décortiquées) :

"La signification de cette expression est explicite : il ne s'agit là que d'un geste superstitieux, souvent accompagné de la parole "je touche du bois !", tout aussi efficace que de "croiser les doigts" ou de se signer, selon les convictions ou les habitudes de chacun.

Ce geste est supposé empêcher que des bâtons viennent se mettre dans les roues des projets de celui qui y participe ou lui permettre d'exaucer ses vœux de santé, de gain au Loto...

Apparemment, cette superstition remonte à très loin, puisque les Perses et les Egyptiens la pratiquaient déjà. Pour les premiers, ce serait parce qu'ils pratiquaient le 'mazdéisme', religion dans laquelle le fait de toucher du bois permettait de se mettre sous la puissance protectrice d'Atar, le génie du feu. Pour les seconds, ce serait parce qu'il pensaient que le bois diffusait une forme de magnétisme bénéfique.

Au Moyen Âge, les chrétiens disaient que l'habitude de toucher du bois venait de ce que le Christ avait été sacrifié sur une croix en bois : toucher du bois était donc une forme de supplication ou de prière qui permettait de se protéger de l'adversité".



Le tas de bois de face...

Combien de fois ai-je évoqué le bois pour m'apporter la chance, tout en sachant que rien n'arriverait d'extraordinaire, rien de rien, mais on ne sait jamais, tout à fait tiré par les cheveux, je le reconnais !

Cette expression, je m'en sers et je la partage avec mon voisin, ma voisine, car elle est tellement populaire avec son air de comptine, trois petites notes de musique, aussi simple que bonjour : messieurs-dames, passez une bonne journée...

Si la chance espérée est vraiment urgente, très importante, si elle se trouve interpellée juste avant mon départ pour Venise, alors pour appuyer la demande je prévois de dégainer le cierge, d'écrire un petit mot de doléance à déposer aux pieds d'un Saint très connu... Pour accomplir ces petits gestes, je choisis la plus belle église, en fait, le plus plus souvent je jette mon dévolu sur la Vierge, très présente à Venise et tellement belle dans beaucoup de ses représentations. Toujours avec mon âme de mécréante, je me coule dans les croyances populaires et ancestrales, mes adresses religieuses sont totalement laïques. Mes petites dévotions pleines de douceur devraient faire de l'effet, mais je me garde bien d'en vérifier l'efficacité, ce qui compte d'abord c'est le geste. Avoir des intentions, des bonnes attentions, pour ceux que l'on aime et qui ont besoin de chance, c'est une vraie chance, allumer pour eux une bougie qui brille, qui vacille, fragile et légère, c'est créer un peu "de poésie en plus", qui va au-delà de la pensée... Je pense et j'agis, je fais quelque chose de beau pour mon ami, mon parent, je suis active dans la venue de la chance... Je suis toute à ses côtés... Plus présente encore qu'avec la belle carte postale, écrite à la main, ornée du plus beau timbre que vous lui avez envoyé : je pense à toi, je suis avec toi, ne t'inquiète pas. Ici à Venise, dans une  église sublime, je fais de la lumière pour toi, j'éclaire le chemin de la chance, elle ne pourra pas s'égarer, je la dirige entièrement vers toi... Garde confiance...

Vous allez bien rire de cet enfantillage, limite superstitieux, mais pouvons-nous y échapper, allez chers lecteurs, prenez soin de vous... Bonne chance en tout !


Touchons du bois...

dimanche 2 mars 2014

Alain Resnais est mort... Avec fleurs et couronnes !


Alain Resnais (photo empruntée sur Internet)

Quel cinéaste ! Il a tant compté pour moi, depuis le début, avec son premier long métrage "Hiroshima mon amour", 1959, scénario écrit par Marguerite Duras, avec la merveilleuse Emmanuelle Riva et sa prosodie si particulière, si envoûtante... Combien de fois l'ai-je vu ? Je ne sais plus, mais toujours avec autant d'émotion... Ce film a été pour moi le début d'une grande fidélité et d'une énorme admiration pour son oeuvre.

Après Nuit et Brouillard, documentaire de 32 mn, mélange d'archives en noir et blanc et d'images tournées en couleur dans les camps d'extermination nazis (1955), et Hiroshima, il fit dix-neuf  long-métrages, je ne les ai pas tous vus, mais un certain nombre quand même : L'année dernière à Marienbad, Providence, Mon oncle d'Amérique, La vie est un roman, L'amour à mort, Mélo, Smoking / No smoking, On connaît la chanson (film musical), Pas sur la bouche (film musical), Cœurs, Les herbes folles, Vous n'avez encore rien vu... L'actrice de talent Sabine Azéma (son épouse depuis 1998), a tourné dans dix de ses films, donnant à chacun une envergure exceptionnelle. 

Il disait de son travail de cinéaste : « Je souhaite approcher par le film la complexité de la pensée, son mécanisme interne. Dès qu'on descend dans l'inconscient, l'émotion naît. Et le cinéma ne devrait être qu'un montage d'émotions. »

J'attends avec grande impatience son dernier film : Aimer, boire et manger... Quelle chance pour ses admirateurs, quel beau cadeau d'adieu, merci Monsieur Resnais, vous serez toujours vivant au cinéma, des milliers de gens verront et reverront vos films, vous pouvez dormir tranquille...