jeudi 23 octobre 2014

Venise juillet 2014...Tempesta sous les crânes (8)



La Tempesta - Giorgione (1500/1510) (emprunté sur internet)

Retour arrière en juillet 2013...

En reprenant mes petites notes, laissées sur ma tablette, j'ai retrouvé cette histoire et je vous la livre un an plus tard... A Venise le temps n'a pas d'âge !

Juste devant le musée Accademia, il y avait cette année-là un grand échafaudage qui cachait encore les travaux de restauration du musée... La femme tomba en arrêt devant une belle reproduction de peinture grand format, placée sur un des panneaux de l'échafaudage, lumineuse et tellement éloignée de l'original que c'en était touchant...

Elle dit à son compagnon : regarde comme c'est magnifique, je vais la prendre en photo, ça fera un souvenir formidable ! Il s'est poussé légèrement : je t'en prie, fais donc une belle photo... Alors très à l'aise, elle prit de la distance et régla l'appareil comme il fallait, cela prit quelques minutes, les passants, nombreux et respectueux, ne gênèrent en rien les prises de vue, il passèrent tous derrière elle pour ne pas déranger l'artiste. Elle opéra donc en toute tranquillité, pas le moindre mouvement d'impatience, elle doubla, tripla la pose, on ne sait jamais, c'était le chef-d'œuvre absolu... Son sourire satisfait faisait plaisir à voir, la journée était radieuse... Son compagnon, très intéressé, regarda immédiatement le résultat : bravo ma chérie, c'est parfait, excellent, nos amis vont être très contents...


 Autre vision de la reproduction (emprunté sur internet)

Cette petite scène vécue furtivement devant la reproduction, bien plus grande que "nature", du célèbre tableau de Giorgione, La Tempesta, m'intrigua... L'original (petite oeuvre par ses dimensions (83 x 73) était pourtant visible au musée, juste derrière, "c'est la pièce centrale du musée" disait un guide au moment où je me trouvais moi aussi en admiration devant la toile, avec un groupe de Chinois... Mais dans le musée (en 2013), on ne pouvait pas prendre de photo..
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Je les regardais en souriant, je ne comprenais pas du tout ce qu'ils disaient car ils parlaient en chinois... J'ai donc totalement inventé le petit dialogue du couple...

Avaient-ils vu la La Tempesta au musée ? L'avaient-ils trouvée tellement exceptionnelle, sans pouvoir la photographier, que le panneau publicitaire fut une aubaine et les récompensait de bien des frustrations ? Peut-être pourraient-ils l'envoyer ce soir par internet à leurs amis : voyez cette beauté célèbre ? Eh bien nous l'avons vue de nos propres yeux... Ou alors n'avaient-ils pas eu le temps de "faire" le musée et connaissaient, comme tout le monde entier, le tableau ? Petit tour de passe-passe, nous dirons que nous l'avons vu et voilà... L'énorme reproduction était belle, et donnait très envie de lui tirer le portrait, sans connaître du tout l'œuvre originale, elle attirait indubitablement les regards, ils l'avaient vue, elle leur plaisait tout simplement comme elle était, une belle image...


Encore d'autres nuances (emprunté sur internet)

Mais l'affaire se complexifiait car les questions se bousculaient à mon portillon : pourquoi photographier la reproduction d'un tableau qu'on pouvait voir à deux pas, d'autant qu'il n'y a pratiquement jamais de file d'attente dans le musée ? Ce musée est petit, les œuvres sont de très grande qualité, même pressé, on peut en faire le tour en prenant son temps...

Le mystère livra sa vérité tout à coup quand la jeune femme demanda à son compagnon (en chinois bien sûr) de se placer bien devant, presque à la place de personnage masculin, sur la gauche, rappelez-vous... J'en avait un peu parlé dans mon post d'août 2010  ...Voyez j'y étais, c'est moi, on s'amuse bien...


Dans les gris... (emprunté sur internet)

Ainsi me suis-je dit, les œuvres d'art quand elle sont vraiment belles, émeuvent de toutes les manières, les copies peuvent faire illusion, réjouir les cœurs, et nourrir les souvenirs... Combien de fois après avoir vu les œuvres, des églises, des beaux paysages... Ai-je eu envie d'en garder le souvenir en achetant une carte postale bien plus réussie que mes propres photos ?... La carte postale réduit la visibilité, mais prolonge le plaisir de conserver l'image de ce qu'on a vu, et puis, pouvoir glisser le tableau, la veduta, le détail qu'on aime dans le livre que l'on est en train de lire, la poser sur un meuble à la verticale, quelques temps encore après être rentré de vacances... C'est ici que j'étais, comme j'ai aimé ce moment... Le dernier jour de juillet 2014, en revisitant l'église de S. Zaccaria, j'ai acheté une grande carte postale du merveilleux tableau de Giovanni Bellini qui décore l'autel sur côté gauche en entrant... Pourtant j'ai pris cette oeuvre des dizaines de fois avec mon appareil photo... Jamais je n'en ai fait tirer d'exemplaire papier...

Affichage de photo.JPG en cours...

Loin de l'original, mais quel plaisir de se souvenir... 

Pour les vraies couleurs, allez voir l'original...

Éternelle illusion, sur la place du musée Accademia, il y a souvent des jeunes gens, habillés en habits d'époque, vagues, qui hèlent le chaland, pour leur vendre des billets de concerts, opérations Cavalli, Monteverdi, Vivaldi, Mozart... Qu'importe qui joue, qui dirige, qui chante, ça marche... Je les regarde toujours avec un œil amusé en me disant : que faut-il faire pour gagner trois sous ?


La marchande de billets avec sa jupe à panier...



Fin de journée... La musique recommence demain...


Chers lecteurs, merci d'être passés sur mes lignes, ne manquez pas le prochain épisode de Venise juillet 2014 (9) !



6 commentaires:

Brigitte a dit…

Comme quoi Danielle des goûts et des couleurs ...
Bon jeudi avec tout plein de bises

Dominique a dit…

M'enfin ! La reproduction est tellement plus grande, plus belle, plus ci plus ça que le petit machin exposé au musée... L'admiration des amis devant Monsieur qui pose devant un "truc" inconnu sitôt oublié sitôt vu sera proportionnelle à la taille du "chose" pas à la magie du chef d’œuvre...
Ah, si un Giorgione pouvait peindre toutes les tempêtes qui secouent la Schtroumpfette grognonne que je suis, nous ferions fortune !!

Danielle a dit…

Brigitte, oui, on se raccroche à ce qu'on peut pour rêver...

À toi aussi un bon vendredi, même un peu gris.

Bises fortes.

Danielle a dit…

Dominique tes tempêtes, devraient faire l'objet de blogsssss...:-))))

Bisous du jour en attendant...

Marie Claude a dit…

Plus de 14 ans que tu visites cette belle Venise!:le secret de tes photos de lieux différents qui nous émerveillent.
Comme toi j'achète toujours des cartes postales des endroits visités qui ensuite pendant quelque temps me servent de "marque pages"
Gros bisous du soir

Danielle a dit…

Merci Marie-Claude, je suis heureuse que nous partagions nos marque-pages :-)))

En ce moment je suis à la campagne, j'admire les peupliers et la nature dorée d'automne...

Je reviens très vite.

Bises du jour.