samedi 21 novembre 2015

Français Françaises, allez chez le coiffeur !


Poteau de barbier-coiffeur (photo rempruntée sur Internet)

Là, il fallait vraiment que j'y aille, j'avais plusieurs fois déjà tenté la coupe maison devant mon miroir à trois faces, pour ce qui était du devant, ça pouvait encore aller, mais du derrière, c'était la catastrophe... Une amie m'avait donné l'adresse de son coiffeur, juste en bas de chez moi, l'idéal !

Pas de rendez-vous, on vous prend dès que vous entrez, me voilà dans les lieux, bien contente d'y être. On vous fera quoi ? Un shampoing-coupe-séchage, ça ne sera pas trop long ? Très bien, très bien, pas de soucis...

C'est monsieur Antoine qui fera la coupe m'avait dit mon amie, un vieux routier des ciseaux et de la tondeuse. Un client est au bac avec la shampouineuse, nous sommes quatre citoyens dans la boutique, bonjour messieurs-dames, la discussion démarre aussi sec : qu'est-ce qu'on peut faire ? Monsieur Antoine dit qu'il n'y a pas assez d'ordre, on laisse tout faire, l'homme au bac, en main avec la shampouineuse, approuve, tout en me lavant la tête pour la troisième fois, Antoine m'assure que la religion, il fallait la garder pour soi, c'est de l'intime, voyez moi, je n'en parle jamais, vous croyez que je suis quoi, madame ? Mais je ne sais pas, monsieur, vous ne me l'avez pas dit... Voyez, moi, on croit que je suis musulman, eh bien pas du tout, je suis chrétien ! Monsieur Antoine est noir comme du jais, les cheveux blancs, un langage lent et mesuré... Vous voyez, je ne lis pas la bible tous les matins non plus, ben j'étais furieux après un type qui m'avait dit : tu devrais faire la prière avec ta sagesse et ton calme, alors-là j'étais en colère, il voulait que je devienne musulman, mais c'est incroyable ça ! Oui, oui bien sûr je vous comprends, le monsieur du bac qui était maintenant passé à la coupe rembraya sur : il faut repasser un moment par la case Marine Le Pen pour faire du neuf, il m'avait dit assez rapidement qu'il était d'origine indienne et bouddhiste... Parfait, la conversation allait être très instructive : mais voyons monsieur, vous n'y pensez pas, Marine Le Pen est le contraire de la bonne réponse, vous le savez, elle prône le racisme, l'exclusion, la division, elle veut de l'ordre, mais quel ordre ? Pas du tout l'ordre républicain ! Son père et elle, c'est presque du pareil au même, vous voyez ? Ecoutez, madame, les immigrés il faut qu'ils s'adaptent au pays d'accueil, sur ces entrefaites l'épouse du monsieur bouddhiste fait son entrée, alors-là on ne s'entendait plus dans le salon, chacun criait plus fort que l'autre...

La dame : moi je suis d'origine malienne, je suis musulmane, mon mari est bouddhiste, nous avons deux enfants, ils verront la religion quand ils seront grands, pour l'instant je leur dis : tu manges de tout, ils mangent du porc, et basta... Moi, je n'aime pas qu'on m'accueille où je travaille avec un Salam Alekoum, c'est quoi ça, ils ne peuvent pas dire bonjour comme tout le monde... Des salafistes, il y en a partout, croyez-moi...

C'était reparti comme en 14...

La dame : on leur laisse tout faire (les immigrés), il faut arrêter d'en accueillir, voyez, ou alors ils s'intègrent à la République, moi je trouve que je dois tout à la France, elle parlait haut mais restait souriante...

Monsieur Antoine me coupait maintenant les cheveux tout tranquillement : vous comprenez, la religion, on doit la laisser à la maison, il me prenait pour qui, ce gars, moi j'ai bac plus deux, je sais ce que je dis, il ne va pas me faire la leçon... Je me demandais si ma coupe n'allait pas partir en vrille...

Bien sûr, je participais activement à la discussion : moi, je suis athée, voyez, la solution Marine Le Pen n'est pas bonne pour la France, Marine Le Pen ne vous aime pas ! Vous verrez, si elle arrive au pouvoir, elle vous dira que vous n'êtes pas de bons français, du coup la dame s'est calmée, elle m'a regardée, avec mes cheveux blancs, c'est la voix de la sagesse, la sagesse c'était moi... Mais non, je ne suis pas la voix de la sagesse, j'essaye seulement de réfléchir, regardez, l'histoire nous a appris cela, l'extrême-droite a toujours été la pire des solutions... C'est vrai, vous avez raison, mais quand même, il faut un peu plus d'ordre...

La partie était sans doute perdue, mais la shampouineuse paraissait pencher de mon côté...

Ecoutez les amis, il faut que nous parlions ensemble, il faut échanger les idées avec respect, je trouve très bien ce que nous faisons en ce moment ! J'y allais de mon petit couplet apaisant, la coupe était impeccable, bien devant, très bien derrière, pas trop chère, parfait...

Passez une bonne journée messieurs-dames, réfléchissez encore, je profitais lâchement de "ma sagesse" : ne votez pas Le Pen, c'est mauvais pour tout le monde ! En sortant il ne pleuvait pas encore, tous les mots tournaient dans ma tête, je me disais que peut-être, ils allaient tenir compte de mes craintes, j'espérais...

J'avais dit à la cantonade que demain, j'allais chanter avec ma chorale chez un groupe de femmes berbères de la ville, nous allions à leur rencontre, parler, chanter ensemble, rester unis...Tout le monde avait approuvé, tout le monde avait trouvé que c'était bien de ne pas s’ignorer, de se respecter, d'aller plus loin que le communautarisme... Pour finir, ils étaient tous d'accord avec le meilleur et le pire ! Seule la shampouineuse ne semblait pas vouloir choisir Le Pen...

Prochain post : la rencontre avec des femmes berbères...

mardi 17 novembre 2015

Un hommage aux victimes des attentats du vendredi 13 novembre 2015...


La grande famille de l'humanité
(Eléonore Bovon)

Le temps viendra d'une terre trop petite
Trop petite pour pouvoir être divisée
Divisée autrement qu'en une grande famille
La grande famille de l'humanité

La folie des massacres, la folie meurtrière
Seront définitivement abrogées
Folie des armes, et folie de la guerre
Divisant la famille de l'humanité

Résistons à la peur, même au milieu des coups
Résistons à la haine, refusons de plier
Pour que vive et respire jusqu'au bout
La grande famille de l'humanité

Gardons dans nos mémoires, tous ceux qui sont tombés
Gardons les mots d'espoir, gardons la dignité
Plus que jamais, gardons notre intégrité
Pour sauver la famille de l'humanité

Un très bel hommage musical rendu à toutes les victimes des attentats horribles perpétrés à Paris Vendredi 13 Novembre 2015... 

Le samedi 14 novembre au matin tôt, après une nuit très très bouleversante, accrochée aux informations sanglantes,  je suis allée participer à un week-end de chant en Champagne-Ardennes. Juste avant de démarrer la répétition musicale, notre groupe, formé d'une grosse trentaine de participants, a chanté ce très beau chant composé par notre chef de choeur Éléonore Bovon...

L'émotion de tous était palpable...

mercredi 11 novembre 2015

Les belles rencontres... Suites




Tambourin sans cymbalettes (les chanteuses de chez moi jouent sur un tambourin plus plat)

Oui parlons-en, l'avenir de l'humanité, l'avenir des rapprochements, l'avenir du faire des choses ensemble...

Mais qu'est-ce qu'elle a, Danielle, avec ses grandes formules ?

Mais non, mais non, j'ai de l'espoir...

Voilà le début de l'histoire : tout à fait par hasard, en feuilletant avec attention le magazine municipal, j'apprenais qu'il existait sur ma ville un groupe de femmes berbères qui chantaient ! Elles étaient photographiées avec leurs beaux costumes colorés, tambourins à la main, elles se produisaient en public avec une joie non dissimulée. Alors je me suis mise en quête de les retrouver, de leur parler, de leur proposer de se rencontrer, de croiser nos chemins, de faire connaissance et de chanter ensemble, au moins sur un concert. Pensez donc, ainsi depuis des années nous chantions chacun de notre côté sans jamais nous connaître, nous rencontrer...

Chers lecteurs, ceux qui me suivent entre mes lignes connaissent ma participation à une chorale depuis deux dizaines d'années au moins, notre répertoire est éclectique : chants populaires italiens, corses, français, russes... Mais aussi "musiques savantes" et musiques contemporaines, nous avons de la bouteille et nous tenons le coup dans tous les registres...

Finalement, dans une petite ville, il reste aussi difficile de se trouver que dans une grande métropole...



Cette idée persistante de chanter avec ces femmes creusa en moi son sillon, ma chorale fut totalement partante pour créer des liens nouveaux avec ce groupe pour la prochaine saison. 

Du coup, dans mon désir de  rassembler les chanteurs amateurs de notre commune,  j'ai encore cherché qui voudrait bien nous rejoindre dans cette ville, j'ai appris qu'il y avait un groupe de Comoriens composé d'une vingtaine de personnes prêtes à nous accueillir... Inconnues également à notre bataillon...Comment est-ce possible ? Un concert est déjà prévu, ça va déménager...

Comment, pourquoi peut-on vivre et chanter en s'ignorant ainsi les uns les autres ? C'était cette question qui m'habita aussitôt en voyant la photo des femmes berbères dans le journal... L'esprit communautariste crée parfois un enfermement qu'il est bien difficile de traverser, ces interrogations ne sont pas nouvelles, mais il suffit peut-être de la volonté, de l'envie de quelques uns, de l'accueil de quelques autres pour arriver à se parler, à chanter ensemble ! Pas de réponses globales aux questions posées... Mais faisons un petit bout de chemin ensemble, c'est déjà beaucoup...




J'y suis allée une première fois, j'avais trouvé l'endroit, une maison de quartier différente de la nôtre, où les femmes berbères se réunissaient une fois par semaine, très régulièrement, pour passer de bons moments à chanter, danser, boire le café et manger les petits gâteaux maison. Des femmes de tous âges, elles restaient là une bonne partie de l'après midi, pour certaines, ces rendez-vous les sortaient de l'isolement... "Ces après-midis, elles y tiennent comme à la prunelle de leurs yeux", m'avait dit l'animatrice qui suivait ces dames dans leurs "Vendredis"...

Elles chantaient des chants populaires berbères sans direction, sans partition, naturellement, comme tous les chants populaires encore chantés en vrai... Des merveilles ! Des sons émouvants qui vous traversent de part en part... Lors de ma première visite, j'avais demandé à ma voisine de me faire quelques petites traductions et je comprenais que nos chants populaires italiens parlaient de la même chose : le travail, la vie quotidienne, l'amour réussi ou raté... 

À notre première rencontre, j'y suis restée tout l'après-midi, chacune des habituées devait sans doute se demander : mais qui est cette dame, que fait-elle là ? L'animatrice, présente chaque semaine, expliqua que je faisais partie d'une chorale locale, juste à côté de la leur, personne ne la connaissait. J'ai vu défiler le thé, le café, les petits gâteaux offerts avec les sourires... Dans cette atmosphère détendue, improvisée, bruyante, souriante mais surtout chantante, j'avais trouvé ma place même timidement, j'étais dans le cercle.

J'y suis retournée une seconde fois, il fallait expliquer, demander, solliciter, j'avais l'assentiment de mon chœur, allez, il faut faire exister ce projet. Ce jour-là il y avait énormément de dames, nous étions en octobre, la rentrée des rentrée, presque tout le monde était là, en descendant l'escalier de la maison de quartier j'ai encore entendu avec bonheur les crépitements du grand tambourin et les chants vifs, émis par des voix naturelles de toutes les couleurs... Une beauté...



Mais la revoilà ? Certaines dames, qui m'avaient déjà aperçue avant les vacances, me regardaient plus familièrement, je connaissais des têtes, ça sera facile d'expliquer pourquoi j'étais là, moi qui n'étais pas du tout Kabyle, mais de la même ville, payse en somme.

Qu'en pensez-vous, mesdames ? Je m'étais avancée sur ma chaise pour expliquer ma présence : si nous chantions ensemble pour un concert ? Nous pourrions venir chanter avec vous un vendredi prochain, et causer ensemble de notre avenir, des mains s'étaient levées : moi je suis d'accord, les sourires aussi en disaient long sur l'assentiment... Voilà, ça pouvait démarrer, j'avais également parlé du concert que nous partagerions avec le groupe comorien en janvier, elles y viendront... Peut-être pas toutes !

Notre rencontre avec les choristes de mon groupe, c'est pour bientôt, je vous raconterai la suite très prochainement...



Quelques délices


Chers lecteurs, restez sur mes lignes...  Suite au prochain numéro... Je vous embrasse...

mercredi 4 novembre 2015

Les belles rencontres suisses...À Lausanne...



Le coucou suisse de mes amis : les trois poids / pommes de pin accrochés au bout des chaînettes descendent, descendent, descendent au fil des heures. Le soir, quand le maître de la maison rentre chez lui, il se baisse et d'un seul coup de main il ramène les trois poids en haut (vous avez compris ?), et le coucou ainsi remonté peut poursuivre pendant des heures ses sonneries et ses tintements pour le plaisir de tous ! Un coucou suisse ne réveille jamais personne la nuit, il berce...

Un petit séjour en Suisse ne fait de mal à personne, sauf au porte-monnaie ! Le pays ayant renforcé la valeur de sa monnaie, le moindre achat vous coûte le double, voire le triple pour le petit noir bu au comptoir... 

Par contre, les beautés de l'automne étaient de façon permanente accessibles gratuitement à tous : les coteaux couverts de vignes, les forêts, les jardins, nous servaient sur un plateau les couleurs de saison... 

Comme le temps était au beau, le bleu du ciel complétait merveilleusement l'harmonie des paysages... Le grand lac Léman offrait, pour de vrai, la perfection des cartes postales... 


Les flamboyantes couleurs d'automne


La carte postale du Léman

J'avais fait la liste des visites que je voulais faire à Lausanne, aucun musée, mais immersion totale dans la contemporanéité de la ville : murs végétalisés, nouvelles constructions, sites universitaires récents, lieux de conférences, nouveau quartier, lèche-vitrines, rien d'excessif en marche à pied, dans la liste il y avait aussi petits achats de très bon chocolat à déguster sur place, en dessert... 


L'énorme glycine d'automne grimpait sur les trois étages d'un immeuble du 19e siècle


Vélo végétalisé


SwissTech, bâtiment conçu avec une flexibilité totale aux événements : conférences, théâtre, assemblées... Modulable en cinq minutes, peut accueillir 3000 personnes, Wifi haut débit, bâtiment inscrit dans la démarche du développement durable


Centre de conférence SwissTech, à deux pas du centre de Lausanne


Le bon chocolat

Et les belles rencontres suisses de personnes vivantes : mes amies blogueuses ! 

Avant de partir, j'avais pris la précaution de prendre leurs numéros de téléphone : dès que je suis à Lausanne, je vous appelle... Oui, m'avaient-elles dit, Elfi m'avait même fait une recommandation : garde de la place dans la valise pour les chocolats... Un peu de douceur dans nos vies... 

On se connaît depuis des années, Elfi (regardez son beau blog) tient un beau blog de créatrice, avec elle tout fait art, et Béatrice (son blog va jusqu'au Japon) raconte toutes ses aventures créatives de décoratrice et d'aventurière, elles viennent sur mon blog m'écrire des petits mots doux, et j'en suis bien contente... 

Je m'étais dit : pas questions d'aller en Suisse sans se voir, elles étaient toutes les deux de Lausanne ou pas loin, c'était une occasion unique. Sitôt dit, sitôt fait, les rendez-vous furent pris, d'abord dans un marché des artisans avec Béatrice et ses magnifiques colliers... Béatrice rit tout le temps, vous ne pouvez pas vous tromper... 

Nous nous sommes retrouvées un autre jour ensemble avec Elfi et Béatrice (qui se connaissaient) dans un joli café du centre ville, en si peu de temps nous nous sommes reconnues, les actives, les voyageuses, les heureuses de vivre... Les petits secrets dans les grands, allez, à la prochaine Danielle, si tu reviens, reviens-nous... 

Voilà deux amies blogueuses que je ne suis pas prête d'oublier, ne mets pas nos têtes sur ton blog, oui, oui, je tiendrai parole... 


 Béatrice avec son magnifique collier et son tricot fait main


La main d'Elfi  avec sa superbe bague

Quel plaisir de passer du virtuel à la vraie vie, et aux sourires et aux rires... Merci les amies pour la rencontre, continuez vos aventures, ne nous perdons pas de vue... À nos blogs en attendant... 

Nos routes on repris de la distance... À Lausanne tout bouge, tout change, un quartier tout neuf venait de naître, le quartier du Flon, plein de magasins, de restos, de bars, de boîtes, les lumières balayent l'espace, nouveaux styles, nouveaux décors, nouvelles offres d'achats, il y avait du monde. 





Le nouveau quartier qui bouge jour et nuit


Belles salades dans le "Prêt-à-Manger", délicieuses

Dans cette ville qui monte et qui descend, mieux vaut avoir le pied marin... 

Promenade au bord du lac lisse et tranquille, cette petite mer sans vague, sans huîtres et sans palourdes, était remplie de bateaux et de pédalos au repos. Comme il faisait beau, tout était bleu du ciel à l'eau, les canards et les cygnes qui n'avaient pas froid aux yeux, glissaient en silence, seules les mouettes faisaient du bruit. Les montagnes du bord de mer se reflétaient dans l'eau, quand il n'y avait pas de brouillard, on voyait la France sur l'autre rive... 

Pendant mon séjour, je logeais dans un Paradis doté d'un jardin de rêve, à côté du potager de poupées, coulait une "vraie" petite cascade fabriquée pour faire extrêmement beau, elle roucoulait sur les trois marches de la descente pour aboutir au grand bassin transparent à fond vert, on pouvait voir du matin jusqu'au soir les feuilles dorées tomber sur la pelouse encore très fraîche. Un gros animal magique, télécommandé, tondait la pelouse sans se fatiguer, pour en faire une moquette de plein air. Une vue en cinémascope s'étalait tout le long de la baie vitrée de la maison avec splendeur...



Le Paradis en cinémascope


La cascade roucoulante

Ici, la vie à la campagne ressemblait à un tableau de maître...