dimanche 8 mai 2016

Les images de R. Depardon, les mots des gens...




Inutile de vous dire q'il y avait urgence pour moi d'aller voir le nouveau film documentaire de Raymond Depardon : "Les Habitants", je m'y retrouvais parfaitement, merci Raymond (et Claudine sa femme au son) d'y avoir pensé !

La petite caravane blanche, transformée en studio de cinéma, sillonne les routes de France, une quinzaine de régions, le beau temps, tout à l'ancienne, avec des pellicules argentiques qui durent 30 minutes, une caméra de 35 mm, à l'intérieur du "studio ambulant"  il y a plusieurs micros, la caméra est cachée, pour gêner le moins possible les parleurs.

"Nous accostions des gens déjà en train de discuter et leur demandions s'ils étaient disponibles une demi-heure, pour parler devant la caméra des sujets qui les motivaient, les préoccupaient ou les enthousiasmaient""... Voilà le dispositif  installé pour 1h24 de film.



Face à face
Quatre vingt dix couples sont entrés dans la caravane, assis sur des  tabourets pivotants, une petite table, voilà le décor. "Le principe était de ne surtout pas leur poser de questions, de les mettre à l'aise, et de disparaître de leur vue derrière une cloison afin de les laisser parler tranquillement".

Beaucoup de femmes se sont exprimées, avec beaucoup d'émotion, elles ont déversé leurs difficultés de toutes natures, elles racontent des situations de vie difficiles : amour, violence, chômage, famille, travail, solitude, avenir... Les hommes parlent crûment de séduction, de sexe et de femmes...


La petite caravane passe...

Claudine Nougaret et Raymond Depardon sont surtout frappés par ce que vivent les femmes... "Beaucoup de femmes sont venues en disant : "je vais dire des choses que je n'ai jamais dites". On a des récits de vie poignants de violence contre les femmes. On a aussi en parallèle des jeunes hommes qui se permettent d'avoir envers les femmes des propos ignobles. Tout cela donne une vision des relations hommes-femmes en France, assez catastrophique".



Face à face


Pas de romantisme dans ces dialogues, les gens racontent des choses dures...

Une heure vingt-quatre, ça passe trop vite, j'en voulais encore, des trésors...

J'ai dû attendre de prendre le bus pour entendre la suite. Deux dames un peu âgéesqui se connaissaient sans doute un peu, des voisines ?... Assises l'une en face de l'autre, elles discouraient sur le mal de dos, celle qui tenait la poignée de son caddie disait : Ah ! Le mal de dos, ne m'en parlez pas, j'ai mal même en me penchant pour fermer mon caddie, que voulez-vous, à mon âge... L'autre dame, visiblement plus jeune, connaissait la chanson : moi aussi j'ai mal au dos, c'est très pénible, je vous comprends... Vous n'auriez pas pris froid hier ? Alors la dame au caddie réfléchit : peut-être bien, oui... La dame d'en face lui dit aussitôt : ne cherchez pas, c'est ça, prendre froid ça fait mal au dos. Le diagnostic était tombé, la dame au caddie du coup se sentit tout de suite mieux : c'est vrai, j'ai peut-être pris un peu froid hier, j'avais pas mis de veste...

Voilà comment on se soigne un peu dans le bus, en confrontant les avis, le : "peut-être bien" ouvre des perspectives de guérison instantanée, et même si par chance elle persiste tout le voyage, c'est déjà ça de gagné pour mieux vivre en transports en commun...