lundi 27 novembre 2017

Paris sera toujours Paris (2)


Fresque de Conor Harrington (artiste Irlandais) - Étreinte et Lutte - 13e arrondissement de Paris

Me voilà sur le boulevard Vincent Auriol, juste à la sortie du métro Chevaleret, et j'aperçois de loin ce splendide mural de Conor Harrington, il allie la peinture classique et l'art contemporain, coulures, frottages, projection, des couleurs splendides. Le sujet reste plein de mystère, deux hommes s'étreignent ou se repoussent ? La colonne vertébrale du personnage qui nous tourne le dos, s'appuie sur la série de fenêtres transparentes de la façade. Leur posture me fascine, la douceur des couleurs, le mur entier fondu dans le rose doit être encore plus saisissant quand le ciel, gris ici, devient très bleu, à l'arrière... "L'artiste a décidé de représenter deux personnages face à face, presque statiques. Il laisse le spectateur libre d'interpréter la nature de leur échange : conflictuel ou amical". Cette possibilité me plait, je n'ai pas fait mon choix et c'est tant mieux, cette situation, incertaine, entre les deux hommes, me fait penser immédiatement à cette fresque de Delacroix que j'ai vue à l'Eglise Saint-Sulpice, dans une des petites chapelles,  qui s'appelle la lutte de Jacob avec l'ange.



  La lutte de Jacob avec l'ange - Delacroix 1861

Il faudra d'ailleurs que je retourne la voir, car elle a été restaurée récemment ...

Je pense aussi bien sûr aux personnages des fresques de Jean-Dominique Tiepolo, que j'adore, elles se trouvent au musée Rezzonico à Venise, beaucoup de figures nous tournent le dos, donnant lieu à toutes sortes d'interprétations, le mystère est total :



Détail - Fresque de JD Tiepolo  1791 - Le nouveau monde -  Musée Rezzonico (Venise), cette fresque qui dissimule l'action, alimente bien des discours...Même un livre de P. Delerm intitulé "La bulle de Tiepolo" 


Fresque de JD Tiepolo 18e siècle - musée Rezzonico (Venise)

De fil en aiguille, je me souviens aussi de cette très belle phrase du réalisateur de cinéma iranien, Abbas Kiarostami (qui fait de si bons films) : "il faut envisager un cinéma inachevé et incomplet pour que le spectateur puisse intervenir et combler les vides", qui décore le hall d'entrée du cinéma MK2 Beaubourg où je vais souvent, en lettres rouges et lumineuses. Impossible de ne pas y penser, elle correspond parfaitement à ce que j'aime dans certaines œuvres d'art en général, et d'art contemporain en particulier : la possibilité d'accéder aux œuvres dans un dialogue personnel permanent... Cette richesse perpétuelle de tant d’œuvres, qui permet un va et vient constant entre le spectateur et l'artiste, me donne du plaisir et de la joie... Je peux ainsi y recourir sans cesse, avec une vision nouvelle...


Le cinéma MK2 Beaubourg



Un face à face étonnant ! L'artiste - INTI (ancienne divinité incas du soleil) - 
La madré Sécular 2

Une femme, voilée, gantée, dissimulée, belle, ne cache pas longtemps son mystère, elle est pourtant intitulée : "interprétation laïque de la Madone". En y regardant de plus près, les détails m'étonnent : collier et bracelets formés de petites têtes de mort, à sa taille, une ceinture bien armée de balles de mitraillette vu la taille... Le site Street Art du 13e donne cette interprétation  : "Madone Sécular 2 est une représentation laïque de la Madone. Le sacré s'invite pour démontrer que les lois de la nature et celles de la religion peuvent parfois cohabiter, la pomme de Newton remplace celle de la Bible comme une allégorie à l'ère de la connaissance et du scepticisme". une représentation laïque de la Madone. Le sacré s'invite pour démontrer que les lois de la Nature et celles de la 


INTI - Madre Sécular 2


La pomme de Newton ?


Les balles de la ceinture !!


Je ne penche pas pour la cohabitation, aucun doute pour moi sur cette allégorie : cette Madone est une femme qui va semer la mort sur son passage, avec sa ceinture explosive. Délicates interprétations, en ces temps funestes d'attentats que nous connaissons de par le monde... Les têtes de mort peuvent certes faire penser au temps qui passe, rapprochant chacun de la mort, mais les balles, je ne sais pas ? Je donne ma langue au chat...

Vous voyez pourquoi ce petit voyage sur le boulevard Vincent Auriol n'est pas de tout repos...

4 commentaires:

Marie Claude a dit…

Super!,Tu nous montres encore de superbes collages en détail.Seul petit bémol,pour moi, les panneaux publicitaires....
Oui, libre à nous l'interprétation et c'est bien!!
Tiepolo,j'ai été heureuse de voir la magnifique fresque au Musée Jacquemart,et je note le livre de DELERM,que je connaissais pas,un auteur que j'apprécie.
Merci encore pour ce billet,vous êtes vraiment favorisés à Paris dans le domaine culturel....
Bises du soir


Danielle a dit…

Merci Marie Claude de ton petit clin d’œil ! Toujours sympathique...

Et oui, le street art, reste quand même l'art de la rue avec toutes ses nuances, dont les panneaux publicitaires :-))et les graffitis des collègues, as de la bombe à couleur...

C'st vrai, à Paris il se passe toujours des milliards de trucs.

Grosses bises à toi.

ELFI a dit…

une madone inquiétante et impressionnante...haut en couleur! bises

Danielle a dit…

Oui, exactement Elfi inquiétante et impressionnante...

Gros bisous du soir.