mardi 31 janvier 2017

L’écheveau des jours et des jours...


Alice toute pimpante aujourd'hui !

Je le reconnais, le petit grelot qui trépigne devant ma porte, plusieurs petits coups, c'est elle ! Alice, ma voisine de 102 ans qui vient me rendre visite, il est encore tôt, dix heures du matin, c'est tôt aussi pour vous ? Elle est toute belle et fringante, habillée avec ses pulls tricotés maison il y a plus de 25 ans, c'est elle qui le dit : c'est vieux ça, Danielle, oui Alice, c'est vieux mais c'est encore beau, et ça vous va comme un gant...

Oui, bonjour Alice, vous avez besoin de quelque chose ? Non, ça fait longtemps que je ne vous avais pas vue, alors je viens vous faire un petit bisou... C'est toujours son entrée en matière, sa marque de fabrique, Alice a besoin de contacts, de voir ses voisines, de faire des bisous. En avez-vous une, vous, de voisine comme ça ? Si affectueuse ? Je l'appelle la petite souris, car elle sourit tout le temps.

Entrez Alice, entrez, asseyez-vous là, et je l'invite à s'asseoir sur mon canapé bien confortable... Voyez Alice, je ne suis même pas encore habillée, je vais, je viens, je fais des tas de choses et l'heure a tourné... Elle s'en fiche, Alice, de la couleur de ma robe de chambre, elle veut des bisous, elle refuse même le verre de thé que je lui propose.

Nous avons passé en revue son enfance, ses souvenirs en avalanche, les bons les mauvais, le temps qui avait passé bon gré mal gré. Pour vivre aussi longtemps, Alice avait toujours vécu au présent, elle avait accepté les difficultés d'où qu'elles venaient, elles les avais digérés, broyés, et elle avait poursuivi sa route avec tous ses chagrins, ses manques, ses désespérances, c'est elle qui me l'a dit, je la regardais avec admiration...

Aujourd'hui elle attend son heure ! Avec son sourire, ses jolis pulls, ses envies de bisous, elle attend son heure, le temps lui semble long... Mais elle garde le sourire...

Un autre jour, l'embarquement, avec Chiharu Shiota... J'avais déjà parlé d'elle dans un de mes posts en 2012 (cliquez sur embarquement)


 Were are we going ? (Où allons-nous ?) Chiharu Shiota, au Bon Marché


Elle est revenue à Paris, au Bon Marché, jusqu'au 18 février 2017, avec une nouvelle installation que je ne pouvais rater, je l'avais découverte en 2011 à la Maison Rouge à Paris, ses robes de mariées entraperçues dans un dédale de fils noirs, un très grand moment...




Depuis, je l'ai suivie autant que je le pouvais dans ses œuvres éblouissantes : avec ses fils de laine noirs, rouges et blancs, Chiharu Shiota (japonaise, 45 ans, vit et travaille en Europe depuis plus de vingt ans), ensevelit littéralement l'espace, dissimule les formes, enrobe et transforme l'espace, soustrait la lumière, creuse des galeries. Elle installe des brouillards duveteux  autour des choses, et nous transporte immédiatement vers le mystère, la poésie, l'émotion, l'admiration... Du moins pour moi, c'est comme ça que cela opère, chaque fois que je rencontre ses toiles d'araignée qui m'étreignent la gorge et éblouissent mes yeux...

Au Bon Marché, je n'y étais pas allée depuis des années, tout avait changé, plus luxueux que jamais, un vrai paradis de la beauté, très chère ! Les embarcations de fils blancs voguaient sous les voûtes du grand magasin, un article de Télérama, qui avait attiré mon attention, faisait allusion à "cent cinquante bateaux d'origines du monde entier, Un voyage immobile qui évoque Small Room, une installation composée de valises en carton, comme celles emportées par des survivants de Fukushima ou par des migrants d'aujourd'hui". C'est avec cette idée que j'étais venue voir l'exposition...

Bien sûr, je fus sidérée par la beauté de l'installation, je sentis très vite le décalage entre l'oeuvre et le le lieu, je le ressentais comme une évidence : ainsi donc, au Bon Marché, l'oeuvre était présentée comme "un rapport au monde oscillant entre poésie, mélancolie et recherche de l'universalité" "l'artiste établissait une analogie entre la vie humaine et le voyage"... Comment ne pas entendre ici le voyage de la survie ?

Et puis, il était dit sur le petit papier qui présentait l'expo : le grand magasin avait proposé le Blanc en hommage au Mois du Blanc ! Ainsi, pour la première fois, C. Shiota travaillait elle aussi pour la saison du blanc ! La pureté ! Mon malaise persista jusqu'à la sortie...


Au Bon Marché


Détail


Les barques, toutes les barques


Impossible de m'embarquer complètement...


Sous la grande verrière


Au RDC, le voyage commence dans des tunnels de glace en laine blanche

J'ai fait mon petit tour, jusqu'à la Grande Épicerie fine, il y avait de tout : sucré/salé/poivré/vanillé/safrané... TOUT !


Des couleurs éblouissantes à tous les étages

Les jours de cinéma exceptionnels :




Le merveilleux film animé de Jean-François Laguionie (75 mn)

Louise, une vieille dame, reste seule dans la petite ville estivale de bord de mer, le train emportant le dernier vacancier vient de partir... Il reviendra bien, mais à la saison prochaine, d'ici là Louise survivra dans cette ville fantôme entièrement pour elle. La solitude, le vieillissement, la mort, les souvenirs l'envahissent et comme les vagues, chaque jour la prennent d'assaut, Louise soliloque... Sans amertume mièvre, avec douceur, un graphisme somptueux, tout en pastel, comme Louise... Une perle !!

Paterson :

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Une semaine à Paterson petite ville du New-Jersey, la vie de tous les jours avec ses petits arrangements et dérangements, Paterson et Laura vivent une vie réglée au cordeau, mais à y regarder de plus près, tous les jours sont des jours nouveaux où il se passe quelque chose de poétique... Paterson écrit des poèmes, Laura crée des œuvres d'art en noir et blanc... Tous les jours de la semaine distillent de l'amour et de la beauté... Deux heures superbes et touchantes, un pur régal !

Harmonium :



Dans une discrète banlieue japonaise, Toshio et sa femme Akié mènent une vie en apparence paisible avec leur fille. Un matin, un ancien ami de Toshio se présente à son atelier, après une décennie en prison. À la surprise d'Akié, Toshio lui offre emploi et logis. Peu à peu, ce dernier s’immisce dans la vie familiale, apprend l'harmonium à la fillette, et se rapproche doucement d’Akié. La tension monte image après image... Passionnant et envoûtant !

On donne Le Misanthrope à la Comédie Française, ma pièce préférée, c'est fait, j'ai une très bonne place, qu'il pleuve, qu'il vente, j'y vais bientôt... Je m'en réjouis tous les jours, j'aime cette attente-là, comme j'aime bien arriver en avance dans le théâtre, pour respirer l'atmosphère, regarder les gens, le spectacle de l'avant spectacle... Ça multiplie tous les plaisirs par deux...

Les jours de petits tours sensationnels aux puces de Montreuil :

Il fait froid, il va pleuvoir, on verra bien, je fais des photos de l’Angélus et des Glaneuses d'après les peintures de Jean-François Millet (1814-1875), aîné d'une famille nombreuses de paysans. Berger dans son enfance et plus tard laboureur, il aime le dessin, à vingt ans son père l'envoie à Cherbourg, le Conseil municipal et le Conseil Général de la Manche lui octroient ensuite une pension pour qu'il puisse continuer son apprentissage. À Paris il expose, vend ses œuvres, il se marie et a neuf enfants. Au village de Gruchy dans la commune de Gréville-Haguesa maison natale a été reconstruite à l’identique et meublée comme une maison paysanne du xixe siècle. On y peut découvrir de nombreuses copies de ses tableaux. 


Aux Puces, les Angélus et les Glaneuses, je les ramasse à la pelle, quelque fois même les marchands froncent les sourcils, il faut demander l'autorisation comme au Musée, je demande et je clic... Beaucoup de brodeuses l'ont copié, les reproductions foisonnent, je n'ai pas eu à chercher très longtemps pour trouver des tas de beaux Millets, je pense même que l'Angélus est l'image que je rencontre le plus... :

L'Angélus :
















Les Glaneuses :







Le jour du (petit) sensationnel :

La belle trouvaille, avec cette petite boîte en verre émaillé, en parfait état, cerclée de laiton, pour un tout petit prix, la petite pépite m'attendait dans un tas d'objets absolument sans intérêt.

La Pépite :



dimanche 1 janvier 2017

Bonne Année 2017 !



Même si la nouvelle année démarre très mal, avec le nouvel attentat meurtrier à Istanbul, ne perdons pas espoir pour la paix... Ne perdons pas espoir, ne perdons pas espoir...