mardi 27 mars 2018

Le voyage en Avignon... Promenades en ville (courte rétrospective), au musée Calvet (3)


Avignon, 15 juin 2013 - 15h

J'ai retrouvé cette photo prise un jour de juin (2013) dans la ville, un brocanteur avait arrangé son étal avec goût, je l'avais trouvé joli, et je m'en suis souvenu des années plus tard. "Promenades en ville", le sujet se prête bien à un petit retour en arrière, je me suis dis : tiens, voilà l'occasion de ressortir les photos que j'aime, depuis le temps que j'arpente Avignon, j'ai fait un premier tri...


Juin 2012, à l'ombre


Juin 2014, à l'ombre


Juin 2014, à l'ombre du Palais des Papes


La cour tranquille du Petit Palais, 2011


2014, la course...


2013, Les fleurs dans la ville


En 2013, j'avais fait beaucoup de photos, devant le Palais des Papes


Le beau retable des Doni, XVIe siècle, l'Annonciation de l'église Saint-Agricol qui fait mon admiration à chaque fois


2011, camion de déménagement, bourré à bloc !

Bon, allez Danielle, le musée Calvet, tu y arrives ? Oui, bien sûr... Durant toutes ces années en Avignon, je n'ai connu que des joies, que j'aille dans les rues pleines de touristes, ou carrément en hiver, dans la ville déserte. Souvent, je ne pensais pas à prendre des photos, je faisais attention où je mettais les pieds, sur les galets des rues piétonnes belles mais dangereuses, attention aux chevilles ! J'allais le nez au vent, je me perdais, je faisais plusieurs fois le tour du pâté de maisons, par les petites rues trompeuses, pour me retrouver au point de départ... L'été dans le petit jardin de mon frère, quand il n'y avait pas encore tous les moustiques qui attaquent maintenant, nous restions à bavarder à la fraîche, jusqu'à la tombée de la nuit... Nous remettions toutes nos pendules à l'heure, nous remontions plusieurs fois le cours du temps... On mettait des bougies pour éclairer nos yeux, nos voix, c'était bien. Pendant des années, il n'y eut pas les grands immeubles qui se sont construits dernièrement, derrière le petit jardin, l'urbanisation engloutissait un à un les derniers carrés d'herbe au-delà des remparts, la ville s’étendait, plus de voitures, plus de bruit, plus d'âmes...

Bien, j'y viens, le musée Calvet : un peu d'histoire, tirée directement sur le site du musée, qui peut mieux faire ?  L'Hôtel du musée date du 18e siècle, il appartenait  à un conseiller de la ville : Joseph-Ignace de Villeneuve-Martignan, ruiné en en 1754, ensuite il passera de mains en mains. La ville d'Avignon le rachète en 1833, elle y transfère le musée Calvet (existant), à l'étroit dans ses locaux.. 


L'Hôtel aujourd'hui, après des travaux de rénovation,  est resté dans un état très proche de celui dans lequel il était au 18e siècle.

Dès l'entrée, la grande salle remplie de sculptures blanches, me fait penser à la scénographie du musée du Louvre, en plus modeste, c'est splendide ! Par les fenêtres on peut apercevoir le jardin, "les grands arbres du jardin » déjà célébrés par Stendhal, en 1837.




Le grand hall d'entrée dans le Musée

Les quatre grands platanes dénudés, admirables, étirent leurs branches imberbes jusqu'au ciel.











Les grands platanes magnifiques

J'ai été tellement impressionnée par la beauté de ces arbres que j'ai couru partout pour les saisir en entier, j’attendais aussi fébrilement un rayon de soleil, un bout de ciel bleu, difficile de tout réunir, l’exiguïté de la cour gênait mes mouvements, impossible de les prendre de la tête aux pied, mais pas question de quitter le jardin sans les emporter avec moi.

Impossible non plus de visiter ce grand musée en entier le même jour, à moins d'avoir de bonnes jambes, jeunes et bien galbées, et une bonne tête... Mais le projet reste irréaliste, car le musée propose des collections qui englobent la préhistoire, l'antiquité, les dessins et peintures du XVIe au XXe siècle, sans compter les expositions temporaires. Vous voyez, une visite s'impose avec plaisir au musée, à chaque séjour...

Je ne vais pas tout vous raconter, ni illustrer ce que j'ai vu, je vais aller directement au tableau qui a retenu toute mon attention, vous savez, le petit joyau que vous découvrez par chance dans des grandes collections que vous parcourez au pas de promenade, tellement il y en a... Mais ce petit tableau m'a fascinée par sa beauté :






Osias Beert - Anvers, 1580-1624 - Citrons, grenades et branches de citronniers dans une coupe de porcelaine de Chine posée sur un entablement


J'ai pourtant essayé de prendre la photo avec l'appareil photo et puis mon téléphone portable, pour tenter d'éviter le reflet de l'éclairage artificiel, et restituer la réalité chromatique de l'oeuvre... Rien à faire, ça donne seulement une idée de la virtuosité et du bonheur d'avoir rencontré ce petit tableau si beau, plein à craquer de fruits. Il faut que je travaille ma technique focale...



Détails, je n'y ai pas résisté non plus


En photographiant ces détails dans le sens de la hauteur, j'ai pensé tout de suite à l'écran de veille de mon portable... "Un peu d'art en plus", chaque fois que je l'ouvre...

Par la fenêtre du 1er étage, j'ai aperçu l'ancienne porte d'entrée de l'Hôtel, conservée avec toutes ses broderies et ses fleurs en pierre...


Un petit bout de la porte arrière

La prochaine fois, j'ai bien envie de parler de ma visite au Musée d'Art Moderne de la ville de Paris, qui m'a réservée de très belles surprises, juste avant mon départ en Avignon... Revenez...

dimanche 25 mars 2018

Le voyage en Avignon... Jardins de l'abbaye de Saint-André (2)



Dans le jardin de l'abbaye Saint-André

Nous y allons ? Oui j'arrive, attends, je prends la laisse du chien... Notre départ est toujours ponctué par cette micro-attente pour emmener le chien, et nous sortons en file indienne : mon frère et le chien, ma sœur, ma belle-sœur et moi... C'est toujours comme ça, nous formons une petite troupe de randonneurs, lents.

Nous arrivons à l'abbaye Saint-André (Villeneuve-Lès-Avignon, juste en face d'Avignon, de l'autre côté du Rhône). Tu veux dire les ruines de l'abbaye ? Oui, bien sûr, il ne reste plus grand chose de cette abbaye bénédictine et royale fondée au Xe siècle, hormis ce grand palais abbatial des XVIIe et XVIIIe siècles, architecturé par les meilleurs architectes, dont Pierre Mignard, architecte du roi Louis XIV. Il est habité par les propriétaires du lieu, de beaux rideaux bis habillent toutes les fenêtres.


Le palais abbatial (emprunté sur internet)


Dès l'entrée, la beauté graphique des petites chaises et tables colorées nous attendent...


Nous ne sommes pas seuls

Il fait beau, le ciel est bleu, frais, brumeux, personne ! Oh ! Joie de la visite presque particulière, nous sommes chez nous, nous partons à l'assaut des hauteurs. Lente montée, les bavardages vont bon train, et moi qui traîne toujours à l'arrière pour prendre des photos, je n’entends rien, je ne participe presque pas aux conversations, on ne peut pas tout faire... Mais rassurez-vous, je me rattrape après...


La montée derrière un vestige


La montée, douce

Je peux imaginer le jardin d'ici deux semaines, un mois, deux mois, riche de toutes les couleurs des fleurs de printemps, les iris, les jacinthes, tulipes, et les roses, toutes les roses anciennes... Les oliviers dans l'herbe verte lèvent les bras au ciel, un peu déplumés, ils forment une haie d'honneur, nous les saluons... Attendez-moi...


Les oliviers, centenaires

Nous traversons les jardins en terrasses, de styles toscan et méditerranéen, ils s'étalent entre les vestiges des deux églises romanes et des tombeaux du Haut Moyen-Âge. Sur le belvédère nous admirons un panorama exceptionnel sur le palais des Papes, les Alpilles, le Lubéron, le Mont Ventoux et les dentelles de Montmirail. Mon frère s'amuse à chiner sa femme sur le Montmirail, surtout sur les dentelles, dont elle lui parle souvent, enfin nous pouvons les voir bien distinctement de très loin...


Le pot dans la montée


La "piccola casa" sur un arpent de terre en friche, sans doute sur une ancienne petit vigne


Le palais des Papes dans la brume, magnifique !

Je n'entends aucun oiseau, je l'avais remarqué déjà à Paris, fini les petits moineaux qui venaient picorer les miettes sur les terrasses des cafés, que nous chassions d'un très léger revers de main, tellement ils étaient nombreux... Dans l'Indre aussi, cet automne, je l'avais remarqué, pas de chant d'oiseau, si peu... Encore beaucoup d'hirondelles, posées sur les fils électriques et qui attentent de partir, les hérons seuls poussent des cris rauques et croassants. Et puis j'ai entendu à la radio récemment que les oiseaux familiers, à la ville comme à la campagne étaient en voie de disparition, quelle horreur ! Au secours, les gens, ne laissons pas faire, rendons la planète propre pour que vivent les hommes et les animaux...

Dans les jardins, il y a de belles ruines qui serviraient bien comme décors de théâtre, il ne manque plus que l'estrade, les comédiens et le rideau rouge, peut-être y jouent-ils pendant le festival d'Avignon ? Mais non, il fait trop chaud, sans doute... Mon frère me dit qu'il y a des petits concerts qui s'organisent sous les voûtes de la grande terrasse, à l'ombre et à la fraîcheur des soirs d'été...


Les ruines théâtrales

Je vois bien que le paysage est spécialement organisé pour les photographes et les peintres, accessoirement pour les promeneurs, que le parcours est beau pour tout le monde. Le temps passe vite, il faut redescendre, on ferme bientôt, encore un œil sur le bassin derrière le palais abbatial, un miroir et des poissons rouges qui ne troublent pas la surface de l'eau..


Le miroir

Attendez-moi, j'arrive, c'est presque l'heure de la fermeture, on reste ensemble, on va plus loin...

Plus loin, visite en ville et le musé Calvet, venez...

vendredi 23 mars 2018

Le voyage en Avignon... Les couleurs, les odeurs, les images, les fleurs... (1)



Le Bleu intense du soir sur le pont d'Avignon, en mars 2018


Après la prise de billets sur internet(voir mon billet du 15/02/2018, cliquer ici)  pour mon petit séjour en Avignon, me voici déjà de retour, ainsi passe toute la vie... Méfiez vous... Regardez où vous mettez les pieds, les yeux, les oreilles... À chaque instant... J'ai rapporté des souvenirs et du bleu, bleu, bleu... En partage...



Le bleu dans les roseaux du bord du Rhône, la semaine dernière



Le grand bleu place des Carmes, en mars 2018


Le beau bleu au dessus des jardins des Doms, derrière le Palais des Papes


Le bleu encore, dans la montée du jardin des Doms

En Avignon, je n'y ai vu que du bleu... Un ciel de mer tropicale, par beau temps, les oiseaux sont déjà à l'œuvre dans leurs chants... Les violettes de printemps, sur les bords des chemins, même les plus vilains, je les ai ramassées, lavées à grande eau, et je les ai éparpillées sur le dessus de quelques salades vertes, mais il y en avait si peu que la fragrance des fleurs resta dissimulée sous les feuilles, dans la vinaigrette... Pour épater les amis, il en faut bien plus qu'une petite poignée jetée à la volée... J'avais gardé le souvenir d'une cueillette de violettes dans la Drôme, chez une amie, le saladier était devenu bleu et s'était rempli de parfum extrêmement doux...  Quand j'ai aperçu deux ou trois violettes dans le petit jardin de mon frère, sous un cognassier sans bourgeons, je me suis dit : je vais faire pareil que dans la Drôme, mais j'en ai ramassées trop peu pour faire impression ! Juste des petits points bleus sur les feuilles vertes, pas de parfum, pas le goût escompté, l'effet fut totalement raté !

Je me souviens "encore" de l'odeur subtile et enveloppante qui régnait dans le très vieux cimetière juif de Vienne (2013), toutes les allées qui menaient aux tombes exhalaient le doux parfum des violettes, c'était extraordinaire, merveilleux, un souvenir inoubliable, très vif, intact encore ! Aucun parfumeur n'a encore réussi à "recopier" naturellement ou artificiellement la légèreté et la beauté de l'odeur de ces fleurs, à mon grand regret... Je ne sais pas non plus d'où me vient cette passion pour les parfums, ils ont toujours fait partie de ma vie, depuis toujours, quand j'étais toute petite fille, en colonie de vacances, le matin au réveil, j'aimais déjà le parfum délicieux du café au lait et des tartines beurrées, cet ensemble à mon nez ne faisait qu'un, "le parfum" du petit déjeuner, de la belle journée qui commençait, de l'espoir sans doute d'un bonheur par jour (1)... Je suis toujours à la recherche de fragrances inconnues, je ne les trouve jamais assez à mon goût : pas assez de violette, de mûre, de giroflée, de vanille, de fleur d'oranger, toujours un manque d'un je ne sais quoi, et de rêves, beaucoup de rêves...

(1) le bonheur du jour est aussi le nom d'un petit meuble qui existait au XVIIIe siècle : j'ai consulté Wikipédia et voilà ce que j'y ai trouvé : Il doit son nom au fait que les dames de l'époque pouvaient y cacher des lettres et petits objets (souvent les courriers d'amour d'amants). Le bonheur du jour étant un meuble constitué de gradins eux-mêmes remplis de tiroirs (et parfois de quelques cachettes), elles pouvaient y cacher du courrier qui était leur « bonheur du jour ». Ils étaient formidables, ces ébénistes, penser au bonheur des dames, vous imaginez  !!



Un bonheur du jour...



La belle petite cour du petit Palais, lieu idéal pour prendre le thé, bleu aussi... La lumière du jour traversait le bleu des sièges qui ne servaient à personne...

Je me suis promenée en ville, au petit Palais, juste à côté du grand Palais des Papes, il n'y avait personne en terrasse avec le froid de mars, nous avons bu un thé à l'intérieur, bien au chaud, tout allait tranquillement : les passants, les commerçants, les cinémas, les musées, dans certaines rues les boutiques avaient fermé définitivement, faute de repreneurs. J'ai vu un film, "La forme de l'eau" de Guillermo del Toro ( USA), une espèce de film fantastique, vraiment fantastique, l'histoire est un peu compliquée, il ne faut rien rater pour comprendre tous les détails savoureux de ce conte... On découvre une histoire d'une grande humanité, tous les codes sociaux (nous sommes dans les années 60) sont inversés : ceux qui ne se comprennent pas par le langage : une jeune femme muette et un homme Dieu couvert d'écailles, qui vit dans l'eau, venu de nulle part, ne parlant pas le langage des humains, se comprennent, et s'aiment. Ceux qui sont mal vus par la société : les homos, les noirs, forcément pauvres, et même un scientifique russe qui travaille avec les Américains, sont dans le film les gentils, compatissants et sentimentaux... La morale de l'histoire pourrait s'appeler comme ça : aimez-vous les uns les autres, sans exclusion ni discrimination, seulement avec compréhension, respect et de l'humanité surtout, de l'humanité... La mise en scène est magnifique, une reconstitution historique, historique ! D'une très grande poésie... 



Beau, beau, beau... À voir vite... Bleu, bleu, bleu...

J'ai visité deux très beaux musées dont une belle demeure fin 19e ayant appartenu à la famille Vouland (industriel de l'alimentaire, boucherie, salaisons, inventeur paraît-il du corned-beef et du saucisson Mireille...). Monsieur avait beaucoup d'argent et un goût exquis, gros travailleur, "il est resté humble et simple jusqu'à la fin de sa vie" (1973), dit aujourd'hui sa secrétaire avignonnaise, qui doit être une vieille dame. À sa mort, le propriétaire a légué cette maison à la Fondation de France, la gestion est locale et privée, déclarée d'utilité publique en 1977 par décret ministériel... La maison bourgeoise est remplie de très beaux objets, de très beaux meubles, des tapisseries, quelques tableaux, il faut du temps pour "tout" voir, il me faudra sans doute beaucoup de visites pour me souvenir de tout... Je retiens particulièrement l’atmosphère générale, la reconstitution presque à l'identique du rez-de-chaussée, salles de réceptions, l'escalier de pierre blanche qui permet d'accéder au premier étage qui menait aux appartement privé de la famille Vouland. La distribution des pièces a été imaginée, scénographiée, ici beaucoup de rouge, rouge éclatant, encore des tableaux et des objets précieux, dont je n'ai pris aucune photo... Pouvais-je prendre tout un musée en photo ? Je n'ai même pas essayé, j'ai laissé mes yeux faire le tri, uniquement pour mon cerveau...




L’Hôtel particulier et le petit jardin, presque abandonné


La belle l'ambiance générale reconstituée d'après les photos


Les enfilades de pièces superbement meublées


L'escalier blanc qui montait aux collections de faïences et porcelaines



Le lit de repos rouge et ses rideaux


L'alcôve...

Le rouge est mis, pour cette alcôve chinoise (19e) dédiée aux plaisirs : opium et galanterie, autrement dit prostitution, achetée par monsieur Vouland et que les scénographes des espaces exposés ont retrouvée bien pliée à la cave, en parfait état de marche...

La dernière grâce du musée Vouland, juste avant la sortie,  est un petit espace réservé aux peintres plus actuels dont Monsieur Antoine Grivolas (avignonnais) 1843-1902 les deux œuvres exposées m'ont touchée par leur douceur, leur éclat et la grande simplicité des sujets, de plus, le matin même, en me promenant, en ville, j'avais vu sa maison de naissance, toute simple, à deux étages et volets bleus, abritée derrière un grand platane, sur une minuscule place, en plein cœur d'Avignon, une plaque sur la façade signalait cet artiste dont je n'avais jamais entendu parler ! Quel dommage !


Antoine Grivolas - 1843-1902, Roseraie (avant 1900)



Antoine Grivola -1843-1902

Mes photos des œuvres de  monsieur Grivolas, sont totalement  en dessous de la réalité. En vrai, sa nature est moussante et fraîche, elle déborde de couleurs et de délicatesse, sa campagne pleine de roses et de verts est une merveille, un frémissement ! Antoine Grivolas séjourna longtemps sur la Côte d'Azur, où il s'était  fait une réputation en peignant des fleurs... Je comprends les heureux acheteurs qui devaient emporter, sous le bras, ces délicieux carrés de verdure multicolore... 


La prochaine fois, je serais encore en Avignon, j'ai encore beaucoup de choses à dire, attendez-moi...

lundi 5 mars 2018

Cinéma...Les films que j'ai aimés beaucoup, un peu, pas du tout, pas à la folie...


"La fête est finie", film (français) de Marie Garel-Waisse (2018)

Passionnante histoire de deux jeune filles toxicomanes qui essayent de se tirer de l'addiction pour vivre en pleine liberté, elle construisent au cours d'un séjour dans un centre de désintoxication une amitié fusionnelle qui va les maintenir dans une nouvelle addiction plus destructive que salvatrice, petit à petit elles font l'apprentissage de l'autonomie, rassurez-vous le film se termine bien, elles finissent par s'en sortir, non sans mal...

Les deux actrices : Zita Hanrot et Clémence Boisnard, ne ménagent pas leur jeu pour nous entraîner dans leur enfer... Mais je n'y ai pas cru du tout, j'ai trouvé que les personnages n'étaient pas incarnés par les actrices. Cependant, il y a des moments émouvants (surtout dans les groupes de paroles), une énergie évidente, mais pas l'émotion que j'attendais de ce parcours. À la fin de la séance, une partie du public a applaudi, je me suis demandée si il s'agissait de spectateurs concernés ? La fin est réjouissante, optimiste, ça fait du bien.


"Ni juge, ni soumise" (coproduit par la France et la Belgique) de Jean Libon et Yves Hinaut (2018)

Documentaire complètement exceptionnel avec une juge complètement exceptionnelle, il a fallu trois ans de tournage dans le quotidien d'un juge d'instruction qui reçoit "les clients" de la justice belge, pour tenter de nous mettre dans l’ambiance, ça donne un documentaire formidable. Un grand moment de justice, de vérité, de rire, et d'humanité.

Jean Libon est le créateur de la fameuse série documentaire télévisée belge "Strip tease".

Courrez-y s'il passe dans votre secteur, avant qu'il ne disparaisse !


"Wajib, l'inviation au mariage" (réalisatrice palestinienne, production française) d'Annemarie Jacir


J'ai été tentée par le sujet du film : de tradition en Palestine, les lettres d'invitation à un mariage se portent de la main à la main chez les gens. Le scénario permettait d'espérer de jolis moments de rencontres avec les invités, sans doute très divers, et aussi de très émouvants dialogues entre un père et un fils (père et fils dans la vie), porteurs des invitations (puisque la livraison des cartons d'invitation se passe dans la voiture du père). Le pitch m'a fait immédiatement courir... J'en suis revenue un peu déçue !

Chronique réaliste/fiction, qui nous permet de circuler dans la ville de Nazareth, petite ville dont le statut et la vie est difficile avec les Israéliens qui contiennent son étendue : les habitants sont compressés sur un petit territoire. Les conflits sont aussi à l'oeuvre entre le père (plus traditionnel) et le fils (indépendant qui vit en Italie). Le film se déroule sur une seule journée... Très alléchant programme que je n'ai pas trouvé à la hauteur de mes espérances. Là aussi j'ai trop senti la présence des acteurs qui prenaient la place des personnages, donc je n'y ai pas cru, pas adhéré, pas captivée. Mais c'est une critique très personnelle qui peut ne pas être partagée, les critiques sont excellentes, allez-y voir, vous me direz...


Bertrand Mandico (France)

Dès que j'ai entendu à France Culture que : le cinéma français avait encore la possibilité de produire un film comme "Les garçons sauvages", il fallait se féliciter, j'ai eu envie d'aller le voir ! Pourquoi ? J'imaginais derrière cette chance : de l'imagination, de la nouveauté, de l'audace, de l'urgence, en un mot comme en quatre : un très bon film, un film fantastique, fantastique !

Je courus, sans rien savoir de plus, l'histoire est celle-ci : au début du vingtième siècle, cinq adolescents de bonne famille épris de liberté commettent un crime sauvage. Ils sont repris en main par Le Capitaine, le temps d'une croisière répressive, sur un voilier. Les garçons se mutinent. 

Ils échouent sur une île sauvage où se mêlent plaisir et végétation fantastique. La transformation peut commencer...

Un film fantastique, je déteste ça, en noir et blanc, je déteste ça, une histoire abracadabrantesque, pourquoi pas, des filles qui jouent les rôles de garçons, parfait, une musique tonitruante, je déteste ça, 110 minutes, super ! Mais voilà, au bout d'un quart d'heure, j'avais envie de sortir : je ne comprenais rien à rien, ça pouvait être normal, puisque plus le récit avançait, plus l'histoire fantastique se révélait, avec une lenteur extrême...

J'ai cherché des explications du côté de : la Bible, des allégories, du genre lesbien, puisque les garçons se transformaient en filles dans une île mystérieuse, intéressant, et puis j'ai arrêté de chercher le pourquoi du comment, j'ai commencé à m'ennuyer ferme, l'agacement, puis l'insupportable succéda à la lassitude, l'exaspération, je tins vaillamment  jusqu'au bout... J'en avais marre !

Au sortir de la séance mon amie, avec laquelle je tentais des explications rocambolesques et élaborées, me dit : je me suis ennuyée, tu n'as pas idée... Ne cherche pas plus loin, même si c'est intéressant, c'est très emmerdant ! Nous avons été d'accord immédiatement.

Les amis, allez-y voir par vous même...


Xavier Giannoli (France)

Jacques est un journaliste grand reporter, connu, talentueux, impartial et respecté. Il est contacté par un évêque du Vatican pour enquêter au sein d'une commission sur plusieurs apparitions de la Vierge Marie aperçue par une jeune fille, Anna, dans une petite ville du sud-est de la FranceLa jeune Anna est partagée entre sa foi et les nombreuses sollicitations qu'elle reçoit, Jacques découvre les motivations cachées et les pressions à l’œuvre. Alors qu'il est confronté aux opinions opposées des membres du clergé et les sceptiques du comité d'enquête, les croyances de Jacques vont être bouleversée, au delà de la réalité il y a les doutes... Un film à tiroirs... Vincent Lindon est formidable, on a vraiment envie de le suivre !

L’enquête est menée comme un film policier, suspense tendu,  jusqu'au coup de théâtre que je ne vous révèle pas, bien sûr. Passionnant, extrêmement bien mené, encore une occasion de réfléchir sur la foi, le réalisateur pose des questions mais il n'y répond pas. Le besoin de foi est en chacun de nous, pour des raisons diverses... À voir bien sûr.




Stéphanie Gillard (France)

Documentaire, premier long métrage. Chaque hiver depuis 1986, quinze jours durant, ils parcourent 450 kilomètres à travers le Dakota du Sud, pour commémorer le massacre de leurs ancêtres à Wounded Knee par le 7e régiment de cavalerie – plus de trois cents morts, en décembre 1890.

En essayant de comprendre pourquoi la réalisatrice avant réalisé ce long métrage sur les Sioux, j'ai découvert qu'elle avait une sœur qui vivait aux aux Êtats-Unis. Un jour, dit-elle : " Il y a dix-huit ans, lors d’un voyage, nous étions allées dans les réserves navajos de l’Utah. C’était ma première rencontre avec les Amérindiens. Nous avions fait une balade à cheval, qui m’avait beaucoup marquée." Voilà le début de l'histoire... En 2011, elle tourne la chevauchée : "Je voulais être au plus près de leur point de vue, de la manière dont ils vivent les choses. Épouser leur regard". Le film est très émouvant, la chevauchée est une école de vie, les plus jeunes apprennent des anciens, Stéphanie Gillard dans un entretien avec Télérama dit que cette chevauchée est  "une leçon d’humilité, de courage, de résilience, d’intelligence, de joie de vivre".  C'est exactement ce que j'ai ressenti pendant le film, la réalisatrice a tapé dans le mille, la découverte, l'émotion et le respect étaient au rendez-vous. Bravo !


WeiWei  (États-Unis Allemagne)

Télérama : Plus de 65 millions de personnes ont été contraintes de quitter leur pays pour fuir la famine, les bouleversements climatiques et la guerre : il s'agit du plus important flux migratoire depuis la Seconde Guerre mondiale. Réalisé par l’artiste de renommée internationale Ai Weiwei, HUMAN FLOW aborde l'ampleur catastrophique de la crise des migrants et ses terribles répercussions humanitaires.

WeiWei, un peu trop présent dans le film, coucou, voyez je suis là !... Énerve un peu, mais il nous montre, sans commentaire rajouté, comment des millions de gens de continents, de pays différents, "obligés" à l'immigration, ne reçoivent pas l'accueil, le respect, auquel ils ont droit ! Impressionnant, évidement trop d'information d'un coup, WeiWei filme depuis 2015 23 pays en Europe, mais aussi ailleurs, 2h20 de film, il nous montre l'impensable, à nous de voir... Et d'entendre les gens.



Antony Cordier (France-Belgique)

"La plus folle, libre et intelligents des comédies françaises depuis longtemps", je n'ai pas trouvé que ce qui était annoncé sur l'affiche se réalisait, je n'en ai presque plus de souvenir aujourd'hui. Mais les critiques sont bonnes, on peut s'y retrouver, si on aime les bonnes histoires de famille...


Charles de Meaux (France-Chine) 2017

Beau, beau, beau, mais pas passionnant. Pourtant, tout portait à espérer un grand moment de cinéma. Critiques élogieuses : Télérama l'aime beaucoup, mais pas moi ! Des longueur interminables, de celles qui ne me font aucun effet, la reconstitution historique est sublime, les costumes extraordinaires, j'ai passé mon temps à étudier les tissus, bijoux, accessoires, coiffures, meubles, un vrai musée des arts et traditions royales. J'ai tourné les pages d'un très beau livre d'images merveilleuses, sans aucune émotion ! Ça ne me va pas !

Synopsis de Télérama : Situé dans la Chine du 18e siècle, il met en scène un jésuite (Melvil Poupaud), peintre officiel, qui se voit confier le portrait de l’impératrice Ulanara (Fan BingBing), une ancienne concubine ayant succédé à la première femme de l’empereur Qianlong. Il n’est resté d’elle que ce portrait à la sensualité énigmatique.


Jean P. Matuszynski (Pologne)

Premier film du réalisateur polonais qui fait revivre la vie de famille du peintre Zdzislaw Beksinski (1929-2005. Une vie mouvementée, survoltée, passionnée, morbide !

Le peintre vit avec sa femme et les deux grands-mères dans le même appartement, le fils bipolaire habite dans l'immeuble d'en face. La famille vit de façon permanente dans le stress, les cris et l'angoisse, le peintre enregistre pendant tout le film son image et celle des siens, sans doute pour nourrir son art, le fils est animateur célèbre d'une station de radio et bipolaire furieux, destructeur et suicidaire, qu'il finit par réussir. La mère, seule figure patiente et compréhensive, subit les vociférations des siens avec douceur. La folie, la névrose et la mort sont au cœur de cette famille, la mort les fait disparaitre les uns après les autres... Le dernier survivant, le peintre, meurt assassiné sous nos yeux, dans son appartement, par une bande de délinquants. Les acteurs sont formidables ! Le film se déroule à peu près sur 20 ans de vie familiale, dans l'appartement, il n'y a pas de plan extérieur, à part l'immeuble d'en face où habite leur fils, les objets, les progrès de la société se matérialisent dans l’appartement au grès du temps qui passe.

Je suis sortie de là avec l'angoisse et la pression au ventre, il faut voir ce film très intéressant dans un moment calme et serein de votre vie. Des sentiments de détresse et de mort, au secours !!!.


Colombe Savignac et Pascal Ralite (France Belgique)

Télérama : "Adrien, timide, n’a pas la vie facile. Bousculé depuis que ses parents sont séparés, il partage son temps entre son père et sa mère. Un jour, il prend conscience d’une douloureuse vérité qui va tout changer, non seulement pour lui, mais également pour toute sa famille. Le jeune garçon se met à jouer dans une pièce de théâtre pour se rapprocher d’une jeune fille dont il est tombé amoureux. Dans cette période difficile, il veut comprendre ce que signifie le fait d’être courageux".

Je cherche encore ce qui m'a vraiment émue dans ce film, décidément, ma liste me laisse insatisfaite (à part vraiment "Ni juge ni soumise"). Pourtant, dans le rire de ma mère, il y a tous les ingrédients pour un film émouvant, sensible, dur, poignant, qui pourrait faire pleurer, toucher : la mère très malade (qui meurt), le père divorcé, la belle-mère compréhensive, l'enfant qui traverse des moments de vie très difficiles... Et pourtant j'ai regardé vivre les personnages, sans être vraiment avec eux... Peut-être que le cœur n'y était pas ? Allez-y, voyez par vous même...

Bon, allez, j'arrête-là ma liste, si je succombe à l’enthousiasme d'un film magnifique, je vous préviens..

Mes amis fidèles et de passage, à très vite....